Philippe Martinez : « A quoi sert vraiment l’argent du quoiqu’il en coûte d’Emmanuel Macron ? »

Philippe Martinez : « A quoi sert vraiment l’argent du quoiqu’il en coûte d’Emmanuel Macron ? »

Invité de la matinale de Public Sénat, le secrétaire général de la CGT est revenu sur la crise économique liée à la pandémie et a fustigé la stratégie du quoiqu’il en coûte gouvernemental. Pour Philippe Martinez, « les licenciements et les restructurations continuent », malgré les aides de l’Etat. Le syndicaliste espère également obtenir le retrait de la réforme de l’assurance chômage « injuste mais dans la logique de ce quinquennat », et a assuré que la CGT serait bien dans la rue le 1er mai prochain.
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« A quoi sert tout cet argent qu’injecte le gouvernement dans son plan de relance ? Sert-il à maintenir l’emploi et à le développer ou bien à l’inverse à accélérer des restructurations et des licenciements ? »

Philippe Martinez est très critique envers la stratégie du quoiqu’il en coûte portée par Emmanuel Macron depuis le début de la crise sanitaire et donc économique.

« J’étais à Saint-Claude hier dans le Jura et je peux vous dire que les licenciements continuent. Comme dans l’automobile d’ailleurs où il y a eu beaucoup d’aides, et cela n’empêche pas ses grandes entreprises de restructurer en interne et de délocaliser. Au-delà du quoiqu’il en coûte, à quoi sert vraiment cet argent ? ».

 

Contre la baisse des indemnités du chômage partiel

 

Le secrétaire général de la CGT qui souhaite le maintien autant qu’il en sera nécessaire « des aides aux cafés, commerces, restaurants, hôtels, et donc à l’ensemble du secteur du tourisme car la réouverture sera beaucoup plus progressive », s’oppose également à la baisse annoncée par le gouvernement des indemnisations du chômage partiel pour les salariés de 84 à 72 % du salaire net. « Nous sommes favorables à le payer à 100 %. Les entreprises sont indemnisées à 100 % et les salariés à 84 %, il n’y a pas d’équilibre et quand on est déjà mal payé avec 100 % de son salaire, vous imaginez quand vous êtes payés à 84 % ? ».

 

« Personne ne parle de la dette des entreprises »

 

Concernant la dette publique qui est encore plus importante en raison de la crise depuis un an, Philippe Martinez considère que le problème est avant doute « la dette privée, c’est-à-dire celle des entreprises qui est bien plus importante que celle de l’Etat ». « Personne n’en parle, ça n’effraie personne. Quand une entreprise s’endette pour investir, on ne dit rien, alors que quand l’Etat s’endette pour par exemple moderniser un hôpital, donc pour le bien commun, c’est juste indispensable », a-t-il lancé en citant en exemple, même s’il n’en est « pas un adepte », la politique de Joe Biden. « Le nouveau président américain dit qu’il faut s’endetter et donc investir car les Américains ont besoin de recréer de la solidarité pour que les citoyens aient les mêmes droits. C’est le monde à l’envers ».

Le patron de la CGT a également dit tout le mal de ce qu’il pensait de la réforme de l’assurance chômage que le gouvernement souhaite voir entrer en application dès le 1er juillet prochain et qui prévoit notamment un nouveau calcul des indemnités, une dégressivité pour les hauts salaires et un bonus-malus pour les contrats courts.

 

« On pénalise ceux qui souffrent déjà car ils sont au chômage »

 

« On fait tout pour obtenir le retrait de cette réforme car c’est une réforme injuste. 1,7 million de personnes sont concernées par la deuxième partie de cette réforme. On pénalise ceux qui souffrent déjà parce qu’ils sont chômeurs, c’est scandaleux. Est-ce que vous connaissez un jeune qui vous a déjà dit que son futur métier, ce sera chômeur. On subit le chômage, on ne le choisit pas. Mais c’est dans la logique de ce quinquennat. La première réforme d’Emmanuel Macron a été de supprimer l’ISF et donc de faire un cadeau aux riches. Maintenant, on arrive à la fin de son quinquennat et la mesure qu’il prend c’est de pénaliser encore plus les chômeurs et les futurs chômeurs », a taclé Philippe Martinez.

 

La CGT dans la rue le 1er mai

 

Sur la réforme de retraites pour le moment mise de côté par le gouvernement, le syndicaliste, qui a d’ailleurs confirmé que la CGT sera bien dans la rue le 1er mai « avec les précautions sanitaires nécessaires », il a sommé le gouvernement « de ne pas jeter à nouveau de l’huile sur le feu au vu de la mobilisation de l’année dernière ». « Il y a autre chose à faire que de rallonger le temps de travail. Il faudrait plutôt le réduire pour créer des emplois », a-t-il lancé.

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