PMA pour toutes : la position des politiques

PMA pour toutes : la position des politiques

Selon un sondage Ifop publié dans le quotidien La Croix, 64 % des Français seraient favorables à l’ouverture de la PMA pour les couples lesbiens et les femmes seules. Les positions des parlementaires qui devront voter le projet de loi bioéthique à l’automne prochain sont plus mitigées.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Selon un récent sondage Ifop publié dans le quotidien La Croix, six Français sur dix sont favorables à l’ouverture de la procréation médicale assistée pour les couples de femmes homosexuels et les femmes célibataires. Le directeur du département Opinion de l’Ifop déclare qu’aucun « clivage majeur, ni entre les générations, ni selon les préférences politiques » n’apparaît dans cette enquête. Signe « qu’il s’agit d’une vague de fond », ajoute Jérôme Fourquet.

Cette absence de clivage ne se retrouve pas chez les parlementaires qui voteront le projet de loi bioéthique à l’automne prochain. L’arrivée massive de députés de la république en marche a modifié l’équilibre politique mais les clivages dessinés autour de la loi ouvrant le mariage aux couples de mêmes sexes sont toujours vivaces.    

Les états généraux de la bioéthique qui débutent aujourd’hui aborderont cette question. À noter que le président de la République s’est engagé à ouvrir la PMA à toutes les femmes pendant la campagne présidentielle.

[EDIT] L'ouverture à la PMA concerne les couples de femmes homosexuelles et les femmes célibataires. Actuellement, seuls les couples hétérosexuels dont l'infertilité est médicalement constatée ont accès à la PMA. Dans un avis rendu en juin 2017, le Comité consultatif national d'éthique se prononce en faveur de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules qui souhaitent procréer sans partenaire masculin grâce à un don de sperme.

Une droite majoritairement opposée à la PMA pour les couples lesbiens

La position officielle du parti a été clarifiée par la voix de son président, Laurent Wauquiez. Ce dernier est clair : c’est « non à la généralisation de la PMA. » Sur l’antenne de France Info, le chef des Républicains s’explique : « l’invocation du droit à l’enfant ne doit pas aboutir à la marchandisation du corps de la femme. » Et d’ajouter que le « chemin dans lequel on s’oriente » est pour lui « une ligne rouge. »

Lors des débats autour du mariage pour tous, quelques voix dissonantes se faisaient entendre au sein de la droite. Celle du député Franck Riester notamment qui a aujourd’hui rejoint le parti « macron-compatible » Agir. Aujourd’hui ces voix se font plus rares. Signataire d’une tribune dans Le Monde promouvant la tenue d’un débat « serein, argumenté et informé » sur la GPA, le sénateur LR du Vaucluse, Alain Milon, tient une position singulière. Alain Milon a rédigé un rapport favorable à la gestation pour autrui en 2008.

Sans surprise, le Front national s’oppose

Selon la présidente du Front national, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes est « un mensonge d’État. » Sur LCI en octobre dernier, elle déclarait qu’une telle mesure conduirait « à mentir à l’enfant. » « On va lui dire "tu es le fruit de deux femmes". Ça n’existe pas », concluait-elle. Une ligne unanime au sein du parti. Ce jeudi, la députée rattachée au Front national, Emmanuelle Ménard, donne le ton dans un message publié sur Twitter (voir le Tweet ci-dessous).

 

PMA : Le PS l’avait promis et la votera

« Une femme doit pouvoir y recourir, soit parce qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, soit parce qu’elle ne souhaite pas avoir une relation avec un homme », disait François Hollande à propos de la PMA avant d’être élu président. Une promesse repoussée pendant tout le quinquennat et qui a finalement été abandonné. Alors ministre des Familles, de l’enfance et des droits des femmes, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol déclarait que cette loi serait portée par « le candidat de gauche qui sera candidat en 2017 et élu en 2017 », sur LCP, le 20 avril 2016. Une projection fauchée par l’élection d’Emmanuel Macron.  

Communistes et écologistes favorables à l’ouverture de la PMA

C’était inscrit dans leur programme, la France insoumise est favorable à la PMA pour toutes les femmes. En revanche, Jean-Luc Mélenchon est fermement opposé à la gestation pour autrui qui serait selon lui « la porte ouverte à un nouveau commerce du corps des femmes. » Une position partagée par l’eurodéputé écologiste, Yannick Jadot. Chez les verts, l’extension de la PMA à toutes les femmes ne fait pas débat, tous y sont favorables, comme l’illustre ce tweet de la sénatrice Esther Benbassa.    


 

Dans la même thématique

Hémicycle
5min

Société

Programme d’éducation à la sexualité : une tribune signée par 100 sénateurs LR pour dénoncer un programme « en l’état, inacceptable »

Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.

Le

Martinique France’s Interior Minister Gerald Darmanin official visit
4min

Société

Narcotrafic : la Cour des comptes pointe les mauvais résultats de l’ancien plan de lutte anti-stupéfiants

Dans un rapport sur la lutte contre le narcotrafic, la Cour des comptes tacle la non-application de certaines mesures du plan 2019-2023. Les sages considèrent notamment que trop peu de forces de sécurité y sont quotidiennement consacrées. Alors qu’un nouveau plan est dans les tuyaux, « il faudra un pilotage plus resserré », prévient la rue Cambon.

Le

PMA pour toutes : la position des politiques
8min

Société

Définition pénale du viol : « Le droit français n’est plus adapté »

La délégation aux droits des femmes du Sénat organisait une matinée de débat autour de l’opportunité d’introduire la notion de consentement dans la définition pénale du viol. Pour la majorité des intervenants, cette notion est partout dans l’enquête et dans la procédure, sauf dans la loi.

Le

PARIS: Murs en miroirs pour dissimuler les travaux de la Fondation Cartier
3min

Société

[Info Public Sénat] Le rapporteur public du Conseil d’Etat demande l’« annulation » des groupes de niveau au collège

Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.

Le