Politique de la ville : malaise des élus de tout bord
Après la démission fracassante du maire de Sevran, d’autres élus montent au créneau pour dénoncer les insuffisances de la politique de la ville dans les quartiers prioritaires. C'était le débat de Sénat 360.

Politique de la ville : malaise des élus de tout bord

Après la démission fracassante du maire de Sevran, d’autres élus montent au créneau pour dénoncer les insuffisances de la politique de la ville dans les quartiers prioritaires. C'était le débat de Sénat 360.
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Par Héléna Berkaoui

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Toutes couleurs politiques confondues, les élus des quartiers prioritaires se font l’écho du ras-le-bol de Stéphane Gatignon. Le maire de Sevran (Seine-Saint-Denis), qui avait pourtant soutenu Emmanuel Macron en 2017, jette l’éponge après 17 ans de service. Une démission fracassante pour dénoncer l’incurie des services publics dans les quartiers de la politique de la ville (lire notre article). « Je suis Républicains, j’ai à côté de moi un maire communiste et on peut se comprendre pour une raison simple c’est que là c’est transpartisan », en témoigne le maire LR d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, sur le plateau de Sénat 360. Comme la maire PCF d’Aubervilliers, Mériem Derkaoui, le maire d’Aulnay-sous-Bois peste notamment contre le nouveau report du projet de métro du Grand Paris.

« Il y a un mépris vis-à-vis des banlieues populaires »

« Si on avait été à Paris, je pense que l’État aurait été plus regardant, cela prouve qu’il y a un mépris vis-à-vis des banlieues populaires. Ils considèrent que nous sommes dans des villes où l’abstention est forte et puisque les gens ne votent pas et bien on ne s’occupe pas d’eux », tempête Mériem Derkaoui (voir le sujet d’Audrey Vuétaz plus bas). Après la suppression des emplois aidés ou la restriction des budgets de fonctionnement, les élus locaux alertent sur la rénovation urbaine et le logement social. Mercredi, des élus de Seine-Saint-Denis ont publié une lettre ouverte à Emmanuel Macron sur le sujet. À deux semaines de la remise du rapport Borloo sur la rénovation urbaine, les maires craignent d’être encore une fois les grands oubliés de ce chantier.

Les élus redoutent que « l’instauration d’une Réduction de Loyer de Solidarité » consécutive à la baisse des APL « siphonne » les caisses des bailleurs sociaux dont certains ont déjà pris des mesures d’économie sur l’entretien des immeubles et « revoient à la baisse » leur programme de travaux. En outre, la loi PACTE (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) qui sera présentée le 2 mai en Conseil des ministres pourrait revenir sur le « 1 % au logement » des entreprises de 20 à 50 salariés et entraîner une perte de 300 millions d’euros dans les caisses de l’ANRU.

« Il faut aller vite maintenant parce qu’on est au bord de la rupture »

« On attend avec impatience le rapport de Jean-Louis Borloo avec qui on a beaucoup travaillé. Il faut aller vite maintenant parce qu’on est au bord de la rupture et c’est vrai que le symbole Gatignon est très fort aujourd’hui, les maires sont exaspérés », prévient Jean-Philippe Acensi, le président de l’association Bleu blanc zèbre.        

« Il y a un mépris vis-à-vis des banlieues populaires », tance la maire d'Aubervilliers
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