La liste du président sortant Edouard Fritch a largement remporté (49,18%) le second tour des élections Territoriales en Polynésie française, face à ses rivaux autonomistes (27,72%) et indépendantistes (23,11%) a annoncé dimanche (lundi à Paris) le Haut-commissariat de la République.
Grâce à la forte prime majoritaire attribuée au vainqueur, Edouard Fritch disposera de 38 sièges à l’Assemblée, contre 11 au parti de Gaston Flosse et 8 à celui d’Oscar Temaru.
L’Assemblée doit élire son président le 17 mai et le président de la Polynésie française le lendemain. Sauf surprise, il devrait s’agir d'Edouard Fritch, qui est candidat. Il aura alors cinq jours pour former son gouvernement.
Depuis l'interdiction des signes partisans devant les salles hébergeant les bureaux de vote, l'ambiance est plus républicaine mais moins festive. A l’extérieur en revanche, les militants ont continué à s’apostropher, souvent en chansons, tout en agitant leurs drapeaux. Deux cents cyclistes et scootéristes vêtus de orange, la couleur du parti de l'ancien président Gaston Flosse, ont sillonné les lieux de vote toute la journée.
Edouard Fritch a bénéficié d’une légère embellie économique après plus d’une décennie de crise. Plus discret que son ancien mentor et principal adversaire Gaston Flosse, il a mené une campagne moins spectaculaire. Mais, dans une Polynésie éclatée en 118 îles sur cinq archipels, il a pu s'appuyer sur les nombreux maires qui ont rejoint son jeune parti, le Tapura Huiraatira, fondé en 2016.
L'ancien président de Polynésie, Gaston Flosse, pris en photo à Papeete le 25 février 2016, avait appelé à voter pour Marine Le Pen
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Gaston Flosse, 86 ans et premier président de ce territoire du Pacifique sud devenu autonome en 1984, n’a pas pu se présenter lui-même à ces élections.
Déclaré inéligible dans une affaire de détournement de fonds publics il a cependant mené toute la campagne, mais a placé l’un de ses lieutenants, Geffry Salmon, à la tête de sa liste.
Le soir même de sa défaite, il a annoncé qu’il continuerait la politique. S'il reste inéligible jusqu'en juillet 2019, le Vieux Lion, comme on l’appelle en Polynésie, pourrait alors repartir en campagne pour les municipales de 2020.
L’indépendantiste Oscar Temaru, le 3 juin 2017 à Faa'a, sur l'île de Tahiti en Polynésie française
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L'indépendantiste Oscar Temaru a de son côté misé sur la probité de ses candidats lors de sa campagne, insistant sur les condamnations de ses adversaires autonomistes. Un argument qui ne semble pas avoir pesé sur le scrutin, puisque l’électorat indépendantiste s’effrite par rapport aux Territoriales de 2013.
La participation (66,8%) est en baisse constante et confirme la désaffection de plus en plus marquée des Polynésiens pour leur classe politique.
D’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont à présent les deux personnalités politiques qui recueillent le plus de soutien ou de sympathie de la part des Français. Les deux figures du Rassemblement national se hissent à la première place du palmarès de l’adhésion au détriment d’Edouard Philippe, en nette baisse et désormais rejoint par Bruno Retailleau.
Après une embellie en mai, la popularité d’Emmanuel Macron rechute à 28% d’opinions favorables (-1 point) au mois de juin, selon le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. La situation n’est pas franchement meilleure pour François Bayrou, qui reste le Premier ministre le plus impopulaire depuis 10 ans, malgré un léger rebond de sa cote.
Place Publique a planché depuis neuf mois sur une ébauche de programme, présentée par Raphaël Glucksmann. « Si on aspire à prendre les rênes du pays, c’est fondamental d’avoir une offre politique à gauche, prête à gouverner », lance l’eurodéputé. Mais avant une éventuelle candidature, l’enjeu sera de créer la « dynamique », en revendiquant une ligne « claire ».
A l’Assemblée nationale, les débats autour de la proposition de loi sénatoriale de programmation énergétique ont vu le « socle commun » se fissurer une nouvelle fois sur les questions environnementales. Un amendement LR adopté grâce aux voix du RN fixe un moratoire sur toute nouvelle installation éolienne et photovoltaïque. Un amendement qui devrait conduire à un rejet du texte mardi, lors du vote solennel, et gêner un peu plus le Premier ministre plus que jamais sous la menace d’une censure.