Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Pour Azouz Begag, « c’est à la fin des 30 Glorieuses que l’immigration est devenue un enjeu politique »
Par Adrien BAGET
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Dans les 30 glorieuses, les migrants sont un véritable enjeu économique pour les grands groupes industriels et le patronat français. Parmi eux Francis Bouygues livre en 1969 sa vision des travailleurs immigrés : « les étrangers ont beaucoup de qualités et ce sont des gens courageux ». Pour l’historienne de l’immigration Caroline Douki, « c’est un point de vue intéressant car cela montre un paternalisme patronal mais aussi une description des travailleurs immigrés comme un simple facteur de production qui doivent être là temporairement pour travailler (…) c’est une vision idéale de l’immigration économique qui oublie l’aspect social, cela ne se passait pas forcément comme le patron le souhaitait ».
Un durcissement politique envers les travailleurs immigrés
Alors que la crise économique se profile au tournant des années 1970, la création du Front national en 1972 marque une hostilité face aux travailleurs immigrés et transforme un discours à la base économique en un discours politique et électoraliste. Pour Caroline Douki, il y a « une opinion qui croît dans la société française du fait du discours du Front national qui présente l’enjeu de l’immigration non pas comme un enjeu économique mais de manière simplifiée ». Ce mouvement de plus en plus hostile aux travailleurs immigrés se conjugue avec la crise économique. Dès 1974 des mesures restrictives sont prises : suspension de l'immigration des travailleurs, fermetures des frontières... Les années 1970 marque donc un tournant dans la politique migratoire. Pour Azouz Begag, en 1974 « c'est le début des conflits dans les banlieues entre les jeunes immigrés et la police (…) les Français s’étaient habitués à cette immigration de transit et tout d’un coup il y a des centaines de milliers de jeunes qui commencent à être visibles (…) C’est à partir de la fin des Trentes Glorieuses que l’immigration est devenue un enjeu politique ». Une analyse que confirme Caroline Douki : « on n'est plus dans une analyse objective mais dans la volonté d’attiser le rejet dans l’opinion ».
La politique d’immigration choisie
Dès 2006, la politique d’immigration choisie et non subie devient le nouveau credo de la droite sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Azouz Begag alors ministre délégué à la Promotion de l'Égalité des chances se souvient de cette période « Cela m’énervait, j’étais complètement opposé à cette politique car je voyais très bien qu’on allait braconner sur le terrain du Front national, ils ont fait de cette immigration un commerce identitaire qui fonctionnait sur les peurs ». Une politique qui n 'est pas neuve pour Caroline Douki, « piloter des flux d’immigrés en fonction de leurs qualifications (…) c’est une politique assez arrogante et inutile car les immigrés sont aussi attirés par des politiques d’immigrations choisies et les prétendus quotas n’ont jamais été remplis car les immigrés préféraient aller ailleurs comme en Allemagne où aux États-Unis où à l’époque ils étaient mieux reçus ».