Pour des éleveurs, Marine Le Pen, c’est un « changement » salutaire ou « la catastrophe »
Dans les travées du Salon de l'agriculture, visité mardi par Marine Le Pen, les éleveurs se montraient partagés à l'égard de la patronne du FN,...
Par Guillaume DAUDIN, Olivier LEVRAULT
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Dans les travées du Salon de l'agriculture, visité mardi par Marine Le Pen, les éleveurs se montraient partagés à l'égard de la patronne du FN, pourtant largement en tête des intentions de vote des agriculteurs, selon une étude.
Devant ses charolaises, Didier Chassot, éleveur dans l'Allier, se dit séduit par "le changement" proposé par Mme Le Pen: "Qu'est ce qu'on risque?"
"Elle pose les bonnes questions. J'entends personne d'autre le faire", abonde Christian Perrin, maire de Sainte-Barbe (Moselle), qui élève des Rouges des Prés.
Laurent est jeune salarié dans une exploitation de 150 vaches laitières en Charente, une filière en crise aiguë qui est très représentée sur le salon. Il ne demande "pas des salaires fous, juste de quoi vivre correctement".
"Je ne sais pas encore pour qui voter mais Marine le Pen est un choix possible. Peut-être qu'il faut qu'elle passe pour que les choses changent vraiment. Mais peut-être aussi qu'elle ne fera rien de plus que les autres", hésite-t-il.
Marine Le Pen, la candidate Front national à la présidentielle en visite au Salon de l'agriculture, le 28 février 2017 à Paris
AFP
Le même jour, Le Monde publie les résultats détaillés d'une enquête Ifop - Cevipof: 35% des "agriculteurs exploitants" voteraient pour Mme Le Pen, contre 19,5% en 2012.
Pendant que la candidate déambule au Parc des Expositions de la porte de Versailles, Étienne Adam, éleveur de Prim'holstein à Besançon, n'envisage pas de la choisir.
Marine Le Pen, "elle est très populiste, c'est très alléchant pour le monde agricole dans la panade, mais c'est très réducteur", s'inquiète-t-il.
Il s'inquiète du programme anti-UE de Mme Le Pen. L'euro, dont souhaite sortir la candidate Front national? Il veut le garder.
"On sait pas quoi voter, mais on ira voter", résume-t-il, pas forcément pour François Fillon, son premier choix, pour qui "c'est mort" après les soupçons d'emploi fictif visant la famille du candidat Les Républicains.
Marine Le Pen, la candidate Front national à la présidentielle en visite au Salon de l'agriculture, le 28 février 2017 à Paris
AFP
Jean-Pierre Josselin, éleveur ovin à Compiègne dans l'Oise (et président de l'Organisation de sélection ovine nord), avait toujours voté à droite. Il est désormais "très indécis".
"Moi je suis pro-européen alors j'ai du mal avec les idées anti-Europe (de Marine Le Pen) évidemment. En France, on est exportateurs. Être anti-Europe, ce n'est pas bon pour nous [les agriculteurs]."
"Les gens ont peur de Marine Le Pen, mais en même temps on n'a jamais essayé le FN. Peut-être qu'elle fera mieux que les autres" s'interroge-t-il à voix haute.
Alors que traditionnellement la droite classique est majoritaire dans le monde agricole, François Fillon n'est crédité que de 20% des intentions de vote, loin des 44% des voix remportés par Nicolas Sarkozy en 2012.
- "Des promesses, comme les autres" -
En visite au Sima, le salon de la machine agricole à Villepinte, M. Fillon mise sur la "pédagogie": "Le programme du FN conduirait le pays à la ruine. Une sortie de l'UE mènerait l'agriculture française à la faillite", menace-t-il.
Marine Le Pen, la candidate Front national à la présidentielle en visite au Salon de l'agriculture, le 28 février 2017 à Paris
AFP
Emmanuel Macron, crédité comme lui de 20% d'intentions de vote chez les agriculteurs, a tenu un discours similaire lors d'une visite en Mayenne - tout en rejetant sur l'ancien Premier ministre la fin des quotas laitiers en 2008.
Aux agriculteurs chez qui il voit "de la colère, du désespoir, parfois de l'animosité (...) je leur dis: +Regardez bien les choses en face: est-ce que le programme du parti FN vous permet d'aller mieux?+" interroge M. Macron. Et de mettre en garde contre la sortie de l'UE, qui pourrait selon lui entraîner "40% de ventes en moins", correspondant aux exportations européennes, et la sortie de l'euro, qui, avec une dévaluation attendue, ferait fondre les comptes épargne.
Marine Le Pen, la candidate Front national à la présidentielle arrive au Salon de l'agriculture, le 28 février 2017 à Paris
AFP
Mais au Salon, quelques mètres derrière sa tante, Marion Maréchal-Le Pen défend la "rupture totale" prônée par le FN: "On veut une politique radicalement différente de celle de l'Union européenne."
Pour l'heure, l'étude publiée par Le Monde fait également ressortir le fort "abstentionnisme potentiel" des agriculteurs: 52% des personnes interrogées pourraient rester chez elles au premier tour de la présidentielle.
Tous les éleveurs interrogés par l'AFP ont indiqué vouloir voter, mais leur choix tarde à se fixer.
Jérôme, éleveur dans la Vienne, veut à peine entendre parler des politiques qui défilent: "Des promesses, comme les autres".
A la présidente du FN venue lui parler, il a dit que "c'était la misère".
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