Pouvoir d’achat : « Les gagnants du quinquennat sont les Français qui travaillent », soutient Bruno Le Maire
Auditionné au Sénat sur le budget pour 2022, le ministre de l’Economie s’est opposé au sénateur communiste, Fabien Gay, sur la hausse du pouvoir d’achat des Français. Une hausse qui a épargné les revenus les plus faibles. Bruno Le Maire a aussi été interpellé sur le versement de dividendes par des sociétés ayant bénéficié d’aides publiques.

Pouvoir d’achat : « Les gagnants du quinquennat sont les Français qui travaillent », soutient Bruno Le Maire

Auditionné au Sénat sur le budget pour 2022, le ministre de l’Economie s’est opposé au sénateur communiste, Fabien Gay, sur la hausse du pouvoir d’achat des Français. Une hausse qui a épargné les revenus les plus faibles. Bruno Le Maire a aussi été interpellé sur le versement de dividendes par des sociétés ayant bénéficié d’aides publiques.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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Avec une prévision de croissance à 6,25 % pour l’année 2021, le ministre de l’Economie et des Finances avait de quoi argumenter face aux sénateurs. Auditionné dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances, Bruno Le Maire a néanmoins été rudoyé pour de tout autre raison. La présidente de la commission des Affaires sociales, Sophie Primas (LR), l’a en effet remercié de consacrer du temps au Sénat, « cette chambre qui vous voit si peu » (voir notre article).

L’absentéisme du ministre n’a pas constitué le seul reproche. Dans son dernier livre, Un éternel soleil (Albin Michel), Bruno Le Maire évoque le nombre trop important de sénateurs et sa volonté de limiter leur pouvoir parlementaire. De quoi se faire des amis.

Le plan de relance jugé efficace

La présidente de la commission des Affaires sociales a toutefois salué « la vitesse du déploiement du plan de relance ». Un plan dont les effets à court terme sont positifs, mais qui appelle à la vigilance pour les effets à moyen et long terme. L’exemple de la rénovation thermique des bâtiments est probant : « Le plan de relance a essentiellement financé des rénovations monogestes (isoler, changer une fenêtre…) dont on sait qu’ils ne sont pas les plus efficients en gain d’énergie ».

Bruno Le Maire a également été interpellé sur le rapport de l’Institut des politiques publiques (IPP), un organisme de recherche indépendant. Publié mardi 16 novembre, cette étude livre une évaluation approfondie des conséquences, sur les ménages comme sur les entreprises, des mesures fiscales et sociales prises entre 2017 et 2022.

De ce rapport, le ministre de l’Economie retient que « les gagnants du quinquennat d’Emmanuel Macron sont les Françaises et les Français qui travaillent ». Un satisfecit qu’il tient à détailler : « Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, les Français ont perdu en moyenne 15 euros par an de revenu. Sous le quinquennat de François Hollande, ils ont gagné 75 euros par an de revenu. Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, ils ont gagné en moyenne 396 euros de plus par an de revenu ».

« Pour les 5 % des ménages les plus pauvres, moins 0,5 % de pouvoir d’achat ! »

« Je ne peux pas vous laisser dire que l’Institut des politiques publiques qui a rendu son rapport dit que tout va bien », a rétorqué le sénateur communiste, Fabien Gay, qui n’a visiblement pas lu ce rapport avec les mêmes lunettes. Le sénateur de Seine-Saint-Denis dénonce ainsi une lecture biaisée. Si les ménages ont, en moyenne, vu leur pouvoir d’achat augmenter de 1,6 %, la répartition de cette hausse n’est pas égalitaire.

« Lorsqu’on le lit précisément, le même rapport nous dit que pour les 5 % des ménages les plus pauvres – ceux qui gagnent moins de 972 euros par mois - c’est moins 0,5 % de pouvoir d’achat. Par contre les 1 % les plus privilégiés, c’est 100 000 euros en moyenne par mois, eux, c’est plus 2,8 %. Et si on regarde les 0,1 % les plus riches plus 4,1 % », détaille à son tour Fabien Gay.

Face à cette précision, le ministre de l’Economie et des finances conteste les conclusions du rapport sur le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres. Bruno Le Maire reproche aux auteurs du rapport de ne pas avoir comptabilisé l’indemnité inflation – une mesure que le Sénat compte modifier lors de l’examen du projet de finances rectificative (lire notre article). L’Institut n’a pas non plus pris en compte « la revalorisation des prestations sociales », une disposition prise en 2017, mais adoptée en 2018. Les auteurs auraient également eu bon goût de prendre compte du remboursement à 100 % des soins dentaires et optiques.

« Aucune entreprise ayant touché des aides de l’Etat n’a versé de dividendes »

« Aucune entreprise ayant touché des aides de l’Etat n’a versé de dividendes » assure Bruno Le Maire
05:29

Après les plus pauvres, les plus riches. Le sénateur de Seine-Saint-Denis a interpellé le ministre sur l’augmentation du versement des dividendes par les entreprises, malgré l’appel à la modération de Bruno Le Maire. « En 2020, c’est 28,6 milliards de dividendes versés et en 2021, c’est 51 milliards de dividendes versés », a pointé Fabien Gay. En face, Bruno Le Maire assure qu’ « aucune entreprise ayant touché des aides de l’Etat, n’a versé de dividendes ».

Malgré certains interdits, les consignes du gouvernement n’ont pas de valeurs contraignantes. D’où les revendications, à gauche essentiellement, visant à conditionner les aides publiques pendant la crise. En conséquence, les entreprises ayant placé leurs salariés en chômage partiel ont tout à fait pu verser des dividendes. C’est d’ailleurs le cas de plusieurs entreprises du CAC 40 comme le documente l’Observatoire des multinationales.

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