Précarité des jeunes : les sénateurs PS veulent un RSA pour les 18-25 ans

Précarité des jeunes : les sénateurs PS veulent un RSA pour les 18-25 ans

Alors que la crise sanitaire accentue jour après jour la détresse et la précarité de la jeunesse, une proposition de loi du groupe PS en faveur d’un RSA pour les 18-25 ans sera débattue mercredi au Sénat. L’objectif ? Convaincre le gouvernement d’aider en urgence tous les jeunes de France.
Public Sénat

Par Antoine Comte

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« Ce n’est pas une démarche idéologique, c’est quasiment humanitaire ». Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner n’en démord pas : « il est urgent d’aider les jeunes qui sont en train de crever ! »

Sylvie Robert, Monique Lubin ou encore Rémi Féraud, ils sont plusieurs sénateurs de son groupe à vouloir se battre jusqu’au bout mercredi pour que la proposition de loi relative aux « droits nouveaux dès 18 ans » de leur collègue Rémi Cardon, ouvre un vaste débat au-delà du Sénat sur la situation de précarité extrême de la jeunesse.

« Traverser les trottoirs ne suffit plus »

« Nous avons une raquette sociale en France qui a des trous et avec les ravages actuels de la crise sanitaire, il est urgent de mettre en place de nouvelles aides pour que ceux qui sont en dehors des radars soient aidés sans plus attendre. Traverser les trottoirs ne suffit plus et les premiers de cordée ne ruissellent pas sur les jeunes », tacle l’ancien ministre de Sports, « bouleversé » par « certains jeunes obligés de se rendre aujourd’hui à la soupe populaire ».

La nouvelle aide en question ? Une extension du RSA d’un peu plus de 500 euros aux 18-25 ans qui pourrait très rapidement être mise en place dans tous les départements selon les sénateurs socialistes afin de lutter dans l’immédiat contre la crise sanitaire et économique qui frappe de plein fouet les jeunes. 

« Nous avons construit cette PPL en lien avec les organisations de jeunesse qui ont signé une tribune dans la presse pour réclamer un revenu de solidarité pour les 18-25 ans », confie Rémi Cardon.

Le plus jeune sénateur de l’histoire, comme un symbole, imagine un dispositif éligible pour quelque 800 000 jeunes sur le 1,5 million de jeunes qui seraient en 2021 en situation de grande précarité en France.

« La garantie jeunes du gouvernement ne pourra pas être mise en place avant 2023 au mieux, et elle ne concernerait que 200 000 jeunes. Nous, nous voulons quelque chose de rapide à mettre en place pour assurer tout de suite un filet de sécurité à des jeunes qui se demandent aujourd’hui chaque jour comment ils vont manger et comment ils vont pouvoir se déplacer d’un point à l’autre », explique Rémi Cardon.

« Ma PPL n’est ni de droite ni de gauche »

Mieux que d’interpeller simplement le gouvernement mercredi, qui, selon lui, « n’aurait jamais dû supprimer les emplois d’avenir », le jeune élu de la Somme a bon espoir que sa proposition de loi soit votée bien que la gauche soit très largement minoritaire au Sénat.

« J’espère que les sénateurs vont se rendre compte de la gravité de la situation. Ma PPL n’est ni de droite ni de gauche, elle est juste vitale. Mes collègues sénateurs ont des enfants eux aussi, et ils peuvent tout à fait comprendre que des jeunes qui ne sont pas boursiers ou qui ne reçoivent aucune aide de leurs parents soient en très grande difficulté aujourd’hui », lance Rémi Cardon.

Un positionnement que partage évidemment sa collègue Sylvie Robert. La vice-présidente de la commission de la Culture et de l’Education fustige les arguments avancés par une partie de la droite sur l’assistanat. « Il est hors de question pour moi d’alimenter ce débat comme quoi les jeunes qui recevraient ces aides d’accompagnement pour trouver ensuite une formation ou un emploi, seraient des assistés. Peut-être faudrait-il parler de minimum jeunesse et pas de RSA pour éviter ce type de caricatures de la droite ? », râle la sénatrice d’Ille-et-Vilaine.

Abstention des centristes ?

Après un débat sur la jeunesse organisé en juillet dernier déjà à l’initiative des sénateurs socialistes, et avec la proposition de loi du député PS Boris Vallaud à l’Assemblée nationale en février sur l’aide individuelle à l’émancipation solidaire (Ailes), Rémi Cardon espère donc encore convaincre au-delà des bancs de sa famille politique.

Selon nos informations, face à la gravité de la situation de la jeunesse française, plusieurs sénateurs centristes pourraient en effet s’abstenir mercredi, et une trentaine d’élus LR discuteraient même depuis quelques jours avec les socialistes pour ne pas se positionner contre cette proposition de loi, si chère à un certain Benoît Hamon lors de la dernière présidentielle.

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