Présidence de LR : Retailleau et Jacob veulent éviter une nouvelle «guerre des chefs»

Présidence de LR : Retailleau et Jacob veulent éviter une nouvelle «guerre des chefs»

Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, n’exclut pas une candidature à la présidence de son parti, tout comme son homologue Christian Jacob. Les deux veulent « éviter une confrontation Assemblée/Sénat » et ne partiront pas en duel. Mais les conditions ne semblent pas réunies, pour l’heure, pour le sénateur de Vendée.
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Deux présidents candidats au poste de président. Ça fait un président de trop. L’élection du successeur de Laurent Wauquiez à la présidence des LR, dont le premier tour est prévu les 12-13 octobre, se joue en réalité dès maintenant. Depuis deux semaines, plusieurs responsables du parti de droite ont appelé Christian Jacob, président du groupe LR de l’Assemblée nationale, à y aller. Mais un autre président de groupe y pense, et pas seulement en se rasant, comme disait Nicolas Sarkozy. C’est Bruno Retailleau, à la tête des sénateurs LR.

« Présidence de la république ou présidence des LR ? »

L’ambition du sénateur de Vendée est de « transformer le parti du sol au plafond », explique son entourage à publicsenat.fr, réfléchir à la ligne et viser « le rassemblement » des tendances de la droite. « Ça se vit très bien au Sénat ». Mais Bruno Retailleau, qui consulte, n’ira pas coûte que coûte. « Il a dit que si les conditions sont réunies, il pourrait éventuellement être candidat. Mais les conditions, pour l’instant, ne le sont pas » lâche-t-on…

Interrogé à l’entrée de la réunion de groupe, ce mardi matin, sur ses intentions pour la présidence des LR, Bruno Retailleau a préféré répondre par une pirouette : « Présidence de la république ou présidence des LR ? » (voir le sujet de Jérôme Rabier) La petite phrase est lâchée, sourire en coin. Ses ambitions présidentielles sont un secret de polichinelle. Pour savoir s’il ira, il faudra certainement attendre demain et une interview accordée au Point.

« Si c’est pour créer un nouveau bordel… »

Une chose est sûre : il n’y aura pas de nouvelle « guerre des chefs pour cette élection, pas de duel Retailleau/Jacob », comme le dit le sénateur LR de l’Oise Jérôme Bascher. Les deux hommes se sont mis d’accord. « Si c’est pour créer un nouveau bordel, un nouveau duel Copé-Fillon, ce n’est vraiment pas la peine d’aller dans cette galère » confirme un soutien de Bruno Retailleau.

Une volonté partagée du côté du Palais Bourbon. « L’idée, c’est de ne pas opposer le président du groupe au Sénat au président du groupe à l’Assemblée pour éviter cette confrontation Assemblée/Sénat. Ils se sont mis d’accord là-dessus » confirme aussi l’entourage de Christian Jacob. Le député de Seine-et-Marne n’aurait pas non plus pris sa décision. « S’il peut apporter une solution pour que notre famille traverse la crise, il prendra ses responsabilités. Mais il annoncera sa décision prochainement. Il ne confond pas vitesse et précipitation » assure-t-on. Lui aussi consulte « beaucoup ». Les députés bien sûr, mais aussi Nicolas Sarkozy, qui n’en finit plus de jouer les parrains de la droite, François Baroin, qui n’a pas envie de se lancer, et Gérard Larcher, qui a engagé de son côté la reconstruction de la droite et du centre. Il est aussi en contact avec Bruno Retailleau.

« OPA sarkozyste »

Celui qui a été ministre délégué à la Famille – ça tombe bien – bénéficie de l’appui de Laurent Wauquiez mais aussi des sarkoystes. Brice Hortefeux a affiché publiquement son soutien. « Une espèce d’OPA sarkozyste » pointe un retailliste. Le même : « On voit très bien qu’il y a une petite équipe qui veut faire de l’élection de Jacob une élection par défaut avec l’objectif de garder le parti au chaud ». Christian Jacob serait, en attendant des jours meilleurs, le plus petit dénominateur commun. « Christian, il est sympa, mais il ne renouvelle pas » souligne un sénateur LR. On a connu plus grand enthousiasme.

Pour François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône, son président de groupe aurait le profil pour le poste. « Oui, Bruno Retailleau serait un très bon président de parti, il est déjà un très bon président de groupe ». Mais « s’il y a un accord entre lui et Christian Jacob, c’est parfait. On n’a pas besoin de difficulté, on a eu notre lot », ajoute-t-il, « la famille est diverse et doit être rassemblée. Sinon elle va mourir ».

« Travail sacrificiel »

Reste que certains sénateurs du groupe ne conseillent pas à leur président de tenter l’aventure. « Je pense que c’est bien qu’il reste sur sa base au Sénat » dit l’un. D’autant que « Bruno est très marqué par son passé très engagé auprès de François Fillon. Je ne suis pas certain qu’il faille une personne avec ce profil. Il faut plutôt quelqu’un de neutre ». Ses ambitions présidentielles pourraient compliquer les choses aussi. « Évidemment, il ferait un très bon président des LR. Mais ça dépend de ce qu’il veut faire. C’est un travail sacrificiel qu’il faut faire. Et non un travail qui porterait les uns ou les autres à un destin de président de la République » estime Jérôme Bascher. Il ajoute : « L’unité du groupe est extrêmement importante. C’est important aujourd’hui que cette opposition démocratique à LREM fonctionne le mieux possible. Et évidemment, sans lui, ce serait beaucoup plus difficile ». Regardez :

Pour la présidence de LR, « c’est un travail sacrificiel qu’il faut faire » selon le sénateur Jérôme Bascher
00:30

Stratégiquement, le choix ne va pas de soi. « Je ne suis pas sûr que Bruno Retailleau ait intérêt à y aller tout de suite » analyse un sénateur, « mais les trains ne passent qu’une fois… »

Les élus LR restent surtout encore sonnés après la claque des européennes. « On est un peu perdu en ce moment » avoue une sénatrice LR. « On est un peu planté » ne peut que constater un autre. « Il y a une perte de repères, on est déboussolé. Le chamboule-tout continue » confirme un troisième, qui appelle à revoir en profondeur « le corps de doctrine ». Le même fait le constat du sérieux problème de leadership à droite : « Je ne vois pas de leader émerger aujourd’hui. On n’a pas le bon candidat susceptible de créer une nouvelle dynamique dans le parti, d’entraîner. On a la gueule de bois, mais surtout, on fait comme si on voulait ne pas voir. A force de se mentir, on a un réveil brutal ».

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