Présidentielle: le vertige des écrivains face à la poussée de l’extrême droite
Les écrivains de langue française qui, comme Tahar Ben Jelloun ou Yasmina Khadra, ont choisi de vivre en France, suivent avec inquiétude la...
Par Sophie PONS
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Les écrivains de langue française qui, comme Tahar Ben Jelloun ou Yasmina Khadra, ont choisi de vivre en France, suivent avec inquiétude la campagne présidentielle de leur pays d'adoption, marquée par la poussée de l'extrême droite, dans l'attente du dénouement, le 7 mai.
"C'est la campagne la plus mouvementée, la plus inattendue que j'ai jamais connue. J'ai une angoisse, que la France puisse dériver vers l'extrême droite: la société est en crise, les gens cherchent des réponses simples à des questions difficiles", estime Tahar Ben Jelloun, un des écrivains francophones les plus traduits.
Celui qui se définit comme "témoin de son époque" a essayé, dans un de ses derniers textes, d'"imaginer une France présidée par Marine Le Pen", la candidate de l'extrême droite qui caracole en tête des intentions de vote au premier tour, au coude à coude avec le jeune centriste Emmanuel Macron.
"Il y a une régression des idées, une peur de l'autre, de tout ce qui vient de l'extérieur", "les hommes politiques, en France en particulier, jouent énormément sur cette peur pour avoir des voix", déclare l'auteur de 72 ans qui n'aime pas l'étiquette "réductrice" de "franco-marocain".
"Le discours des politiques n'est pas dans la réflexion, il est dans la séduction", regrette en écho Yasmina Khadra, 62 ans, lui aussi depuis longtemps en France et traduit dans de nombreux pays.
L'écrivain Yasmina Khadra, à Paris le 29 juin 2015
AFP/Archives
"Nous sommes dans une période d'incubation, avec des idéologies néfastes", mais "les épreuves consolident les convictions" et l'écrivain algérien reste "optimiste".
Pour l'Haïtien Nehemy Pierre Dahomey, qui, à 28 ans, vient de réaliser son rêve en publiant son premier roman ("Rapatriés"), "le complotisme est un baromètre de l'angoisse collective".
"Tout le monde essaie de mettre des mots sur ce qui se passe, on peut lire dans le débat actuel sur l'histoire nationale les questions d'un pays qui se cherche à fois dans son ethnicité et sa multiplicité", dit celui qui est arrivé à Paris il y a quatre ans pour faire des études de philosophie.
- 'Identité imaginaire' -
"Identité", "Frontières", "Vivre ensemble", "Islam des Lumières", "Démocratie", "Donald, Vladimir et les autres", "peut-on soigner la politique?"... Les thématiques des conférences du récent salon du livre de Paris illustrent les questionnements de cette année électorale.
De nombreux candidats à la présidentielle - à l'exception du conservateur François Fillon et de Marine Le Pen - ont sillonné, dans une cohue de caméras, les allées de ce salon présenté comme un des grands événement littéraires d'Europe - 3.000 auteurs en tous genre, 155.000 visiteurs.
Certains viennent aussi dédicacer leur dernier livre, dans la lignée d'une tradition littéraire très française qui pousse les politiques à publier.
"Il y a deux France, la France médiatico-politique et la France populaire, deux territoires qui ne se croisent jamais. L'une n'a aucun scrupule pour se donner une visibilité", commente, acide, Yasmina Khadra.
"Mieux vaut des hommes politiques qui visitent le salon du livre que des régimes qui brûlent les livres et les écrivains", tempère Kamel Daoud, dont le premier roman, "Meursault, contre-enquête", a connu un succès foudroyant en France.
L'auteur algérien vit à Oran et, comme tous les écrivains étrangers rencontrés au salon, suit la campagne "avec attention" et ressent, à chaque visite, les effets du repli sur soi -"nécrose", "emprise mortifère", "crispation", "parole décomplexée", chacun en parle à sa façon.
L'écrivain Kamel Daoud le 20 février 2017 à Paris
AFP
Selon Kamel Daoud, "c'est la même mécanique qui a conduit les islamistes à prendre le pouvoir dans notre univers à nous et qui amène les radicaux à prendre le pouvoir dans votre univers à vous: les élites de gauche, les élites laïques, les élites démocrates n'ont pas pu, pas su, répondre aux grandes questions" d'un monde en pleine transformation.
"Ce n'est pas en niant le réel et les crises du monde qu'on va les résoudre, mais ce n'est pas non plus en faisant le choix d'un passé imaginaire ou d'une identité imaginaire", analyse le chroniqueur. Le "roman national" suscite un des rares débats d'une campagne par ailleurs marquée par un certain silence des intellectuels et des artistes.
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