Primaire à gauche : « Anne Hidalgo ne pouvait plus supporter le supplice chinois des sondages », explique Patrick Kanner
Au lendemain de la surprenante proposition d’Anne Hidalgo d’organiser une primaire afin de désigner une candidature commune à gauche, le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner croit encore à ses chances d’aboutir. « Sans candidature commune, le destin de la gauche, c’est non seulement la défaite, c’est l’humiliation ». Interview.

Primaire à gauche : « Anne Hidalgo ne pouvait plus supporter le supplice chinois des sondages », explique Patrick Kanner

Au lendemain de la surprenante proposition d’Anne Hidalgo d’organiser une primaire afin de désigner une candidature commune à gauche, le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner croit encore à ses chances d’aboutir. « Sans candidature commune, le destin de la gauche, c’est non seulement la défaite, c’est l’humiliation ». Interview.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Cette proposition d’organiser une primaire à gauche aussi tardivement a surpris tout le monde. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Vous aviez été dans la confidence ?

Je l’ai su en fin d’après-midi, mercredi. C’est son instinct, son intuition qui a amené Anne Hidalgo à changer de braquet. Elle ne pouvait plus supporter le supplice chinois de sondages qui semaine après semaine, nous montre que la gauche divisée ne peut pas l’emporter à la présidentielle. Et Malgré les cris d’orfraie, de La France Insoumise, des Verts, et des communistes, c’est le choix de la raison, certes spectaculaire, qu’a fait Anne Hidalgo.

Pour des raisons diverses, on n’imagine pas Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot accepter de participer à une primaire, d’ailleurs ils ont déjà opposé une fin de non-recevoir.

Bien sûr que ce n’est pas évident. J’ai entendu les éléments de langage, hier soir. On nous dit que la primaire à gauche, c’est la machine à perdre. Mais on a déjà perdu. On nous dit qu’une primaire n’a de sens que si la gauche a un programme commun. Mais les projets des différents candidats ne sont pas audibles. Qui connaissait le programme des Républicains avant la primaire ? Nos concurrents ont-ils peur des électeurs de gauche ? Moi, je n’ai pas peur des électeurs de gauche. J’ai peur de la défaite. Sans candidature commune, le destin de la gauche, c’est non seulement la défaite, c’est l’humiliation ».

Mais qu’est ce qui pourrait convaincre Jean-Luc Mélenchon d’y participer ? En 2017, la dynamique de sa campagne est apparue dans les derniers de mois de la campagne. Il aurait tout à y perdre.

Les sondages, ce n’est pas ma tasse de thé mais il y a y a des tendances. Jean-Luc Mélenchon fait un score moitié moins que Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Et entre 2017 et 2022, il y a eu 5 ans de mélenchonisme avec tous ces excès. Je pense qu’il n’a aucune chance de faire 18 ou 19 % cette fois-ci. Car la droite s’est dotée d’une candidate qui n’aura pas les affaires de François Fillon, Emmanuel Macron est sortant et l’extrême droite s’est renforcée.

Pour filer la métaphore footballistique, soit la gauche choisit de rester au milieu de la ligue 2, soit elle monte en ligue 1 et vise le podium.

La Primaire Populaire est prévue du 27 au 30 janvier avec des financements et une plateforme, c’est par ce biais que vous comptez départager les candidats ?

Des contacts ont été pris. J’apprécie le soutien qu’ils ont apporté à Anne Hidalgo qui a fait preuve de beaucoup de courage et a pris un grand risque. Sa démarche nous sort d’une impasse. Ne rien tenter, c’était acculer la gauche à foncer dans le mur en klaxonnant.

Christiane Taubira fait partie des présélectionnés par cette Primaire Populaire. Ce serait un bon recours selon vous ?

Je l’ai côtoyée comme ministre et je sais que c’est une voix forte, c’est une femme de gouvernement. Mais elle a disparu de la scène politique et s’est mise en retrait. Elle ne s’est pas engagée aux dernières régionales. Je préférais qu’elle s’engage en faveur de la démarche d’une primaire plutôt qu’elle soit candidate.

Vous vous laissez combien de temps avant d’acter l’échec de cette main tendue par Anne Hidalgo qui arrive quand même très tardivement.

Ce n’est pas tôt, je le concède. J’aurais bien sûr aimé que ma candidate soit à 15 % mais ce n’est pas le cas. Il faut laisser passer quelques jours. Mais je ne sais plus qui disait là où il y a une volonté, il y a un chemin (Albert Einstein NDLR)

Est-ce que la maire de Paris a revu récemment la série « Baron noir ». Sa démarche fait penser au scénario de la saison 3.

(Rires) « Baron noir « est une très bonne série. Je conseille à tout le monde de la voir ou la revoir.

» Lire notre article : Primaire : Anne Hidalgo rassemble la gauche… contre sa proposition

 

 

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

National Rally meeting with French Prime Minister Bayrou, Hotel Matignon, Paris, France – 30 Apr 2025
6min

Politique

Trump-Poutine : Pourquoi Marine Le Pen et Jordan Bardella ne se sont pas exprimés ?

Depuis la rencontre entre le président russe et le président américain en Alaska vendredi dernier et les discussions autour d’une paix en Ukraine, la cheffe des députés RN s’est contentée d’un tweet pour dénoncer « un affaiblissement de toutes les nations européennes au sein d’une bureaucratie européenne et atlantiste vassalisée par Washington ».

Le

capture arbre
3min

Politique

Les « films de l’été » 6/8 : 50 ans après le remembrement, histoire d’une catastrophe écologique

Dans le sud de l'Ille-et-Vilaine, sur le territoire de la Roche aux fées, Léa Legentilhomme exerce un métier peu commun. Pour lutter contre la pollution de l'eau, elle replante des arbres et des haies qui ont été massivement arrachés il y a 50 ans, lors du remembrement, où 360 kilomètres de haies avaient été supprimés rien que sur la commune. Dans « Le village qui voulait replanter des arbres » diffusé cet été sur Public Sénat - et lauréat d'un label d'or du Film d'utilité publique - Brigitte Chevet raconte la nécessité actuelle de replanter, et les difficultés auxquelles Léa se confronte.

Le