Primaire: Valls et Peillon abattent leurs cartes

Primaire: Valls et Peillon abattent leurs cartes

Manuel Valls et Vincent Peillon ont dévoilé mardi matin leurs programmes en vue de la primaire de la gauche, convergeant sur la nécessité de...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT, Marc PRÉEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Manuel Valls et Vincent Peillon ont dévoilé mardi matin leurs programmes en vue de la primaire de la gauche, convergeant sur la nécessité de raviver l'Europe et se démarquant sur quelques propositions comme la création d'un matelas budgétaire ou d'un bouclier fiscal pour les plus modestes.

+ VALLS, ENTRE EUROPE "REFONDÉE" ET DROIT D'INVENTER

Proposer pour ne pas être le candidat du bilan, avec un "droit d'inventer" plutôt qu'un délicat droit d'inventaire à la Lionel Jospin: le "projet" de Manuel Valls insiste sur les propositions européennes et se pose en garant d'"une République forte et d'une France juste", son nouveau slogan.

Se faisant l'adversaire du "déclinisme" à la française et du sentiment d'impuissance qui traverse selon lui la société, l'ex-Premier ministre veut que les Français "reprennent la main".

Manuel Valls lors de la présentation de son
Manuel Valls lors de la présentation de son "projet" présidentiel le 3 janvier 2017 à la maison de la Chimie à Paris
AFP

Cela passe par plusieurs chantiers au niveau européen: une "conférence de refondation" de l'Union européenne actant une "pause" dans l'élargissement et un non définitif à l'entrée de la Turquie. Mais aussi un salaire minimum dans chaque pays européen correspondant à au moins 60% du salaire médian, un niveau maximum mais surtout minimum d'impôt sur les sociétés au sein des 27 pour éviter le dumping fiscal, une taxe sur les produits importés qui ne respectent pas les obligations sociales ou environnementales, ou encore le fait de taxer les géants du numérique là où est réalisé leur chiffre d'affaires.

Autre message à Bruxelles: s'il l'emporte, Manuel Valls compte respecter la règle des 3% du PIB maximum pour le déficit public, mais il n'est pas question pour lui de viser l'équilibre budgétaire à la fin du quinquennat.

Manuel Valls
Manuel Valls
AFP

Le candidat le justifie par ses priorités fixées: la défense (objectif de 2% du PIB en 2025), la sécurité (création d'au moins 1.000 postes de forces de l'ordre par an, 2,5 milliards d'investissement en matériel), la justice (10.000 nouvelles places de prison), l’éducation (hausse du salaire des enseignants), la recherche (1 milliard pour les universités) et le financement d’un "revenu décent" porté à environ 800 euros par mois pour les plus modestes.

Manuel Valls revendique aussi des propositions novatrices: un matelas budgétaire de 15 milliards d'euros sur le quinquennat en cas de coup dur, un service civique obligatoire de six mois pouvant valoir dispense de diplôme pour certains concours, un prêt d'Etat à taux zéro à remboursement différé pour les entrepreneurs, ou encore la division par deux en cinq ans de l'écart salarial homme-femme.

+ PEILLON, CENTRAL ET RÉSOLUMENT EUROPÉEN

Vincent Peillon, le 3 janvier 2017 à Paris
Vincent Peillon, le 3 janvier 2017 à Paris
AFP

Pas de rupture consommée avec le quinquennat écoulé mais un fort accent européen pour se détacher: le programme de Vincent Peillon reflète la position centrale à gauche revendiquée par l'ancien ministre de l'Education.

Symbole contesté des années Hollande, la loi travail ne serait ainsi pas abrogée par M. Peillon, mais tout de même fortement amendée en revenant sur l'inversion de la hiérarchie des normes, essence de la mesure qui a enflammé le printemps 2016.

Vincent Peillon
Vincent Peillon
AFP

Le député européen, qui reconnaît les "progrès" enregistrés ces dernières années, développe quelques propositions sur la fiscalité (un plafonnement de la taxe d'habitation pour les plus modestes...), les entreprises (aides à l'export, à la formation, maintien conditionné du CICE...), les institutions (élection des députés à la proportionnelle intégrale...), la sécurité (budget de la Défense porté à 2% du PIB, de la Justice augmenté de 5% tous les ans...) ou encore les "solidarités" (service public à la petite enfance, service public des maisons de retraite...).

Il tend aussi la main aux écologistes en promettant une "interdiction" du diesel à l'horizon 2025 et en érigeant la "transition énergétique" comme axe prioritaire des investissements.

Mais le pivot de sa politique est la place accordée à une "stratégie européenne offensive et affirmée", plaidant pour "un new deal européen" impulsé par la relance du "moteur franco-allemand". Au volet économique, M. Peillon prévoit la création d’un "budget de la zone euro pour soutenir l’activité et l'emploi" ou encore un plan d’investissement européen de "1.000 milliards d’euros".

Et sur la crise migratoire, l'Europe ouvrira un "corridor humanitaire" et assumera "l'accueil des réfugiés". La création d'un "fonds européen de défense et de sécurité" permettrait aussi de mutualiser certains coûts tout en augmentant le poids diplomatique de l'UE.

Dans la même thématique

Nimes: CRS 8 deployed to combat drug trafficking in the Pissevin district
4min

Politique

Narcotrafic : comment fonctionne le statut de repenti en France ?

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti a annoncé ce week-end une évolution du statut de repenti afin de lutter contre le « haut du spectre » du narcotrafic. Ce statut existe en France depuis la loi Perben de 2004, mais n’a été que très peu utilisé. Explications.

Le

Primaire: Valls et Peillon abattent leurs cartes
3min

Politique

Convocation de Mathilde Panot pour apologie du terrorisme : « Il y a une volonté de faire taire, de la part du pouvoir en place », s’insurge Manuel Bompard

Invité de la matinale de Public Sénat, le coordinateur de la France Insoumise est largement revenu sur les accusations qui touchent son parti. La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot doit être auditionnée, demain, pour apologie du terrorisme tandis que Jean-Luc Mélenchon est visé par une plainte du gouvernement pour injures publiques. 

Le

Paris: Marie Toussaint Les Ecologistes elections europeennes 2024
7min

Politique

Parole d’eurodéputé : « Le travail parlementaire au niveau européen n’a rien à voir avec ce qu’on fait en France », explique David Cormand

[SERIE] Le Parlement européen raconté par ses eurodéputés. Pour mieux comprendre le travail à Bruxelles et Strasbourg, la parole à ceux qui font vivre l’institution : les eurodéputés. L’écologiste David Cormand se souvient du « moment d’émotion » du Brexit, puis la « fierté », lors du vote du Pacte vert, où l’eurodéputé a eu le sentiment de « peser sur le réel ». « Si les Verts n’avaient pas été là, l’obsolescence prématurée n’aurait pas été interdite », illustre David Cormand.

Le