Privatisation : le Sénat accepte que l’Etat réduise sa part détenue dans Engie

Privatisation : le Sénat accepte que l’Etat réduise sa part détenue dans Engie

Après s’être opposée à la privatisation d’ADP, la majorité sénatoriale a cette fois apporté son soutien au gouvernement qui souhaite permettre à l’Etat de détenir moins de 33% du capital d’Engie. La gauche dénonce les conséquences sur les prix du gaz et le démantèlement d’un « fleuron national ».
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Non à la privatisation d’Aéroports de Paris, non à celle de la Française des jeux, mais oui à celle d’Engie. Après s’être opposés, dans le cadre de la loi Pacte, à la cession des parts que l’Etat détient dans ADP et FDJ, les sénateurs ont cette fois accepté que l’Etat puisse descendre en dessous du seuil de 33% des parts dans le capital du fournisseur de gaz (ex-GDF-Suez). De quoi permettre un désengagement total ou partiel de l’Etat, qui est déjà minoritaire.

« Je pense que l’ouverture à la concurrence du domaine de l’énergie est bénéfique au consommateur » a estimé le rapporteur LR du texte, Jean-François Husson. En commission, les sénateurs ont rendu obligatoire la détention par l'État d'une « action spécifique », afin de lui permettre de s'opposer à toute cession par Engie ou ses filiales d'actifs stratégiques comme les canalisations de gaz naturel.

Pour le sénateur LR Roger Karoutchi, « si on veut avoir une entreprise réellement ouverte à la compétition, nous avons réellement besoin d’une grande entreprise très libre ».

« Bradage de nos entreprises publiques »

Le sénateur communiste Fabien Gay dénonce au contraire « le bradage de nos entreprises publiques ». Le sénateur PCF de Seine-Saint-Denis a rappelé au passage les propos de Nicolas Sarkozy, en 2005, qui avait assuré qu’il n’y aurait pas de privatisation de GDF… (voir notre article sur le sujet).

Pour Fabien Gay, le bilan de la libéralisation de l’énergie est à faire. « Entre 2007 et 2015, la facture de courant s’est envolée de 49% et celle du gaz de 36%. On parle ici de presque 1000 euros par an et par ménage » pointe le sénateur PCF.

« Nous arrivons à la dernière étape de démantèlement complet de feu Gaz de France. Quelle stratégie se cache derrière les évolutions d’énergie ? » a demandé le socialiste Franck Montaugé, qui a « l’impression que cette entreprise a fait des choix stratégiques fondamentaux qui pourraient conduire par exemple à ce que Total récupère la partie gaz naturel d’Engie (…) et que la partie service soit récupérée par le groupe Suez, en lien avec les collectivités locales ». Le sénateur socialiste n’a pas obtenu de réponse du ministre.

« Il faut protéger les fleurons nationaux. On fait tout le contraire » a ajouté le sénateur PS Martial Bourquin, qui défend « un néokeynésianisme où l’Etat doit prendre toute sa place » en prenant des participations dans les secteurs stratégiques.

Bruno Le Maire : « L’Etat peut s’opposer à toute cession par Engie d’un actif stratégique »

Bruno Le Maire lui a répondu en prenant l’exemple de l’aciérie d’Ascoval, où l’Etat a investi. « Ça ne me pose aucune difficulté d’investir de l’argent public dans un actif industriel stratégique » assure le ministre. Mais pour Engie, si l’entreprise « veut se développer, elle doit faire appel à de nouveaux capitaux, (…) c’est pour ça que nous vous demandons de baisser le seuil » de participation de l’Etat. Le ministre de l’Economie souligne qu’Engie veut se développer dans le biogaz « et dans l’énergie éolienne offshore ».

Quant à « l’action spécifique » accordé à l’Etat, il souligne qu’elle permet « de nous opposer à toute cession par Engie ou ses filiales d’un actif stratégique : les canalisations de transports de gaz naturel sur le territoire national », « la distribution » ou « le stockage sous-terrain ».

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