Programmation budgétaire 2023-2027 : le Sénat durcit le texte
Le Sénat a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi le projet de loi de programmation budgétaire 2023-2027, en y apportant plusieurs modifications, notamment une plus large réduction des déficits et des dépenses publics. 

Programmation budgétaire 2023-2027 : le Sénat durcit le texte

Le Sénat a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi le projet de loi de programmation budgétaire 2023-2027, en y apportant plusieurs modifications, notamment une plus large réduction des déficits et des dépenses publics. 
Public Sénat

Par Emo Touré

Temps de lecture :

4 min

Publié le

La majorité de droite et du centre du Sénat a adopté dans la nuit du 2 novembre le projet de loi de programmation budgétaire 2023-2027, après l’avoir modifié par plusieurs amendements.

Le texte a été rejeté il y a moins d’une semaine à l’Assemblée nationale, face à une coalition des oppositions. Un revers peu surprenant, qui avait poussé le ministre des Comptes publics Gabriel Attal à assurer devant les députés que « le texte va continuer à cheminer au Sénat ». Un chemin plus tranquille mais pas dénué d’obstacles.

À l’inverse de l’Assemblée nationale, la majorité de droite du Sénat a renforcé le texte par des amendements plus stricts concernant les dépenses publiques. Face aux désaccords des deux chambres, une commission mixte paritaire se réunira prochainement pour trouver un compromis sur ce texte qui divise les parlementaires.

Un déficit sous les 3 % du PIB dès 2025 ? « Pas crédible et soutenable », selon Gabriel Attal

Parmi les points modifiés dans la nuit, la question du déficit public est passée au crible des sénateurs, qui ont dénoncé « un manque d’ambition » du gouvernement macroniste. Dans la version validée, la date pour atteindre un déficit public inférieur à 3 % du PIB s’est ainsi trouvée avancée de deux ans, passant de 2025 à 2027.  « Tous les autres pays européens ont prévu d’y parvenir en 2025 au plus tard », ont indiqué les sénateurs LR dans un communiqué. Un projet « pas crédible » ni « soutenable » pour Gabriel Attal, qui reste cependant « très ouvert » pour des négociations avec le Sénat.

Pour obtenir ce résultat, les sénateurs ont plaidé pour une baisse des dépenses « ordinaires » des administrations centrales de près de 0,5 % en volume chaque année à partir de 2023, contre 0,4 % dans le texte original pour s’aligner sur les dépenses des collectivités. « C’est une proposition qui est juste », a approuvé le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno le Maire.

C’est justement dans le cadre d’une limitation de la dépense locale que les sénateurs ont voté pour la suppression de l’article 23, au grand regret du gouvernement. Ce dernier souhaitait mettre en place « un pacte de confiance » avec les collectivités locales, perçu par les sénateurs de droite comme un « inacceptable système de surveillance et de sanctions » des dépenses des collectivités.

Lire notre article : Le Sénat accélère le retour à un déficit public sous les 3 % du PIB, contre l’avis du gouvernement

Une réduction de 5 % des emplois publics

Toujours avec la volonté de réduire les dépenses publiques, le Sénat a amendé le projet de loi pour y introduire un nouvel objectif : réduire de 120 000 postes les fonctionnaires d’État d’ici la fin du quinquennat, pour atteindre une réduction de 5 % des emplois publics. Un chiffre correspondant « à l’engagement du président Macron en 2017 », selon le sénateur Emmanuel Capus (Horizon). Un amendement désapprouvé par le ministre des Comptes publics, affirmant « qu’un effort a déjà été fait ».

Lire notre article : Le Sénat vote pour une réduction de 5 % du nombre de fonctionnaires d’État

Le Sénat a aussi amendé la loi pour y inclure un amendement écologiste, approuvé par la chambre. Il permettrait d’intégrer « les moyens financiers nécessaires à l’atteinte des objectifs » fixés dans le cadre de la politique énergétique nationale.

Si pour les sénateurs LR, le nouveau texte élaboré est « crédible », la gauche de la chambre haute a dénoncé « une obsession pour la baisse d’impôts » et « la surenchère de la majorité sénatoriale ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Budget des armées : le sénateur Cédric Perrin appelle à être suffisamment dissuasifs « dans ce monde de carnassiers »
5min

Économie

Budget : le 49-3, seul outil restant pour sauver l’augmentation des crédits de la Défense prévue pour 2026

Alors que les députés et les sénateurs ne se sont pas mis d’accord en commission mixte paritaire (CMP), l’hypothèse d’un budget adopté avant la fin de l’année s’éloigne. En cas de loi spéciale, l’augmentation substantielle du budget de la Défense prévue dans le budget initial ne pourrait pas être mise en place. Le 49-3 serait ainsi le seul recours possible pour traduire budgétairement la trajectoire d’augmentation des dépenses de défense votée en 2024.

Le

Ministere des finances – Bercy
5min

Économie

Après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget, le retour de la « loi spéciale »

Députés et sénateurs n’ont pas réussi à trouver un compromis sur le projet de loi de finances pour 2026, ce qui, à ce stade, rend impossible l’adoption d’un budget avant la date butoir du 31 décembre. Comme en 2024, l’exécutif devrait avoir recours à « une loi de finances spéciale » pour permettre aux services de l’Etat de continuer à fonctionner malgré la paralysie budgétaire.

Le

PARIS: Bercy, le Ministere de l Economie et des Finance
3min

Économie

Dette publique : la France franchit un nouveau seuil d’endettement avec 117,4 % du PIB

La dette publique française poursuit sa hausse et atteint un niveau inédit hors période de crise majeure. Selon les chiffres publiés par l’Insee ce vendredi 19 décembre, l’endettement s’élève à 3 482 milliards d’euros, soit 117,4 % du PIB. Le déficit devrait encore empirer après l’échec de la commission mixte paritaire sur le budget 2026.

Le

Programmation budgétaire 2023-2027 : le Sénat durcit le texte
6min

Économie

L’après JO : retour dans le village des athlètes en Seine-Saint Denis, un quartier qui accueillera 6000 habitants

Entre juillet et août 2024, la France a accueilli 14 000 athlètes pour les Jeux olympiques et paralympiques. Après la fête, le village olympique a entamé sa reconversion. Pendant un an les travaux ont transformé les 52 hectares du site en nouveau quartier. Végétalisation, transformation des appartements, rénovation d’écoles, le village olympique est désormais prêt à accueillir les nouveaux habitants, des commerces et des bureaux. Le sénateur socialiste Adel Ziane qui a suivi la construction du village en tant qu’élu de Saint-Ouen, revient sur le site avec ceux qui y ont vécu pendant les Jeux.

Le