Proportionnelle : les sénateurs LR partagés sur la mesure

Proportionnelle : les sénateurs LR partagés sur la mesure

Le président Gérard Larcher maintient sa volonté de négocier avec le président de la République la future réforme constitutionnelle. Mais il doit faire face à la grogne des députés LR et aux réticences de certains sénateurs de son groupe.
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« Au Sénat, on ne dit jamais oui par discipline et jamais non a priori ». Ce mercredi sur France Info, le président de la Haute Assemblée, Gérard Larcher, a résumé la délicate position dans laquelle se trouve la majorité LR sur la réforme constitutionnelle. La veille, il se rendait à la réunion des députés de sa famille politique, tous vent debout contre le projet d’Emmanuel Macron, et plus particulièrement contre l’ajout d’une dose de proportionnelle dans les élections législatives. Une rencontre tendue qui n’a pourtant pas fait bouger les lignes, du côté du président du Sénat. « Je n’aime pas plus qu’eux la proportionnelle pour les députés. Mais je préfère qu’il y ait 15% plutôt que 30% » souligne-t-il à la radio, vantant son « pragmatisme » dans le dossier. Pour Gérard Larcher, cette réforme a tout du piège, destiné à « ringardiser » les Républicains, déjà fragilisés depuis l’échec de la dernière présidentielle.

Un groupe partagé

Problème : même au Sénat, les positions des Républicains sur la question divergent. Mardi, le président de la commission des lois du Sénat, Philippe Bas, ne cachait pas son opposition à  la proportionnelle, alors qu’il avait lui-même accompagné Gérard Larcher à la réunion des députés. « Le groupe est partagé » reconnait le sénateur de la Moselle François Grosdidier. « Il y a une opposition de principe chez certains, en raison de l’héritage gaulliste. » De son côté, l’élu n’est « pas hostile à une petite dose de proportionnelle » tant qu’elle ne créé pas de blocages institutionnels. Même son de cloche pour son collègue, André Reichardt, sénateur du Bas-Rhin. « J’y suis opposé à titre personnel, en tant que gaulliste, » explique-t-il. « Mais s’agissant d’une révision constitutionnelle, il faut peut-être voir ce à quoi on tient le plus. Ma religion n’est pas faite » assure-t-il. En creux, il espère surtout une meilleure contrepartie en matière de nombre d’élus. « Un sénateur par département, le compte n’y est pas » prévient-il.

Le Sénat mis de côté

Pour éviter des dissensions au sein du groupe sénatorial, Gérard Larcher devra donc négocier finement et convaincre les réfractaires. Car le Sénat joue surtout sa crédibilité. « Le risque, c’est que la réforme se fasse sans nous » prévient François Grosdidier. En refusant catégoriquement la proportionnelle, la majorité sénatoriale serait de facto mise de côté. Le président de la République n’a, en effet, pas besoin du Sénat pour appliquer la proportionnelle, ni la réduction du nombre d’élus qui sont concernées par une loi organique. En revanche, les députés LR, minoritaires à l’Assemblée, refusent la moindre concession dans un débat perdu d’avance. De son côté, le président du Sénat souhaiterait donc éviter l’option du référendum. « Je suis sur la ligne de crête, je reconnais que ce n’est pas facile » a-t-il expliqué.

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