Quand Emmanuel Macron s’appuie sur sa jambe droite
En hausse dans les sondages, Emmanuel Macron bénéficie d'un regain parmi les sympathisants de la droite, un électorat auquel le...

Quand Emmanuel Macron s’appuie sur sa jambe droite

En hausse dans les sondages, Emmanuel Macron bénéficie d'un regain parmi les sympathisants de la droite, un électorat auquel le...
Public Sénat

Par Baptiste PACE

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En hausse dans les sondages, Emmanuel Macron bénéficie d'un regain parmi les sympathisants de la droite, un électorat auquel le chef de l’État a adressé de nombreux signes depuis le début de la crise des "gilets jaunes", au risque d'indisposer une partie de sa majorité.

"La période est à nouveau compliquée pour nous. Macron gagne dans notre électorat. A court terme, il peut rattraper la situation", estime un cadre des Républicains (LR) face aux baromètres de janvier. En hausse générale, le chef de l’État se refait particulièrement une santé à droite: +7 points pour l'Ifop, +6 pour Ipsos, et même +14 dans une étude Yougov.

Alors que le patron de LR Laurent Wauquiez "et les autres leaders de droite sont aphones sur cette crise", le rebond présidentiel "s'appuie sur l'électorat LREM, l'électorat de droite et les retraités, chez qui Laurent Wauquiez est très faible", explique le directeur du département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop, Jérôme Fourquet.

Premier ingrédient du phénomène: le désir d'ordre, après dix semaines de manifestations des "gilets jaunes". "Le président est le rempart institutionnel contre la violence", résume un député LR. "Il ne peut que reprendre chez nous, vu la séquence. Mais ce n'est pas Macron (qui remonte), c'est l’État", tempère un proche de Laurent Wauquiez.

Second ressort: les multiples signes donnés par M. Macron à l'électorat de droite ces dernières semaines. Dans son allocution du 10 décembre, le président a notamment annoncé la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy, après avoir reçu ce dernier à l’Élysée.

Autres signaux: sa "lettre aux Français" comporte une référence quasi-explicite aux "quotas" d'immigration prônés par François Fillon, toujours défendus par Les Républicains et repoussés par la majorité lors de l'examen de la loi Asile et immigration. Et, plus récemment, la reprise de la proposition de loi "anticasseurs" du chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.

L'exécutif reprend les "fondamentaux" de LR, constate Patrick Kanner, chef de file des sénateurs socialistes.

Stratégie délibérée ? "Que ça plaise à droite, qu'on soit inflexible sur l'ordre public et que le travail paie, ce n'est pas étonnant", tempère-t-on à Matignon alors qu’Édouard Philippe, "homme de droite" revendiqué lors de sa prise de fonction en 2017, bénéficie également du regain sondagier.

- "Pas de danger à sa gauche" -

"Aujourd'hui, c'est nous que Macron veut cogner, clairement. Il nous cible nous. Parce que pour l'instant, il n'y a pas de danger à sa gauche", analyse un dirigeant LR.

"On a l’impression que cette crise très grave, paradoxalement, permet à Emmanuel Macron de réenclencher la stratégie de ralliement à la majorité de la droite modérée", estime par ailleurs Jérôme Fourquet alors que Jean-Pierre Raffarin, un des théoriciens de la droite "constructive" qui a pris ses distances avec LR, a suggéré une "coalition" au président pour les européennes.

En difficulté dans les sondages, Les Républicains tentent de composer avec cette nouvelle donne, alors que le soutien à M. Macron d'une partie de l'électorat de droite, manifeste lors des réformes du code du travail ou de la SNCF, s'était largement estompé depuis l'affaire Benalla.

"Avec Emmanuel Macron, les actes suivent rarement les paroles", cingle la porte-parole de LR Lydia Guirous. Pour preuve, la proposition de loi Retailleau "totalement dénaturée" par la majorité, selon son auteur.

En commission, des députés de la majorité se sont montrés en pointe contre plusieurs points du texte. "En interne, ça pose problème" que ça vienne de LR, selon une source parlementaire de la majorité, qui affirme cependant que le choix de ce véhicule est "plus technique" que politique.

"L'aile gauche de la majorité législative est très bruyante, active, mais elle oublie parfois qu'il y a venant de la droite une part importante du soutien du président de la République", souligne un ami du Premier ministre.

De son côté, un député LREM pointe le prochain examen de propositions de lois déposées par le PS, pour lesquelles un "écho favorable" de la majorité "permettra de garder un certain équilibre".

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