Quand le gouvernement laisse les sénateurs seuls sur le budget en pleine nuit
Les sénateurs ont dû attendre près d’une demi-heure, dans la nuit de mercredi à jeudi, qu’un membre du gouvernement vienne de l’Assemblée pour pouvoir continuer l’examen du budget et se pencher sur la dette. Les sénateurs ont jugé « inadmissible » d’être « abandonnés » par le gouvernement.

Quand le gouvernement laisse les sénateurs seuls sur le budget en pleine nuit

Les sénateurs ont dû attendre près d’une demi-heure, dans la nuit de mercredi à jeudi, qu’un membre du gouvernement vienne de l’Assemblée pour pouvoir continuer l’examen du budget et se pencher sur la dette. Les sénateurs ont jugé « inadmissible » d’être « abandonnés » par le gouvernement.
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Les sénateurs vont commencer à se croire mis au ban… des ministres. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les sénateurs se sont sentis bien seuls dans l’immense Palais du Luxembourg. En plein marathon budgétaire sur le projet de loi de finances 2018, qui touche bientôt à sa fin au Sénat, le nouveau secrétaire d’Etat Olivier Dussopt demande une suspension de séance de 15 minutes. Il est 23h35 et ce genre de suspension n’est pas habituel à cette heure tardive.

L’ex-député PS s’explique au micro. Il s’agit d’attendre que l’autre nouvelle du gouvernement, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, Delphine Gény-Stephann, prennent le relais sur une mission budgétaire qui la concerne un tout petit peu : la dette de la France. Problème, elle est au même moment à l’Assemblée nationale, en séance avec les députés. Olivier Dussopt, lui-même secrétaire d'Etat auprès du ministre des Comptes publics, doit courir la remplacer pour que l’ancienne responsable de Saint-Gobain puisse rejoindre les sénateurs (voir le début de la vidéo).

« Le Sénat passe après l’Assemblée, si j’ai bien compris »

Ça grogne dans la salle. « C’est vrai que ce n’est pas très apprécié, surtout à cette heure tardive » euphémise le sénateur UDI Vincent Delahaye, qui préside la séance. Il ajoute : « Le Sénat passe après l’Assemblée, si j’ai bien compris, puisque c’est vous qui vous déplacez pour la remplacer, il n’y aura pas de suspension à l’Assemblée… Si ? Je ne suis pas sûr… »

Suspension. Puis La séance reprend, mais à minuit. Soit 25 minutes après, pendant lesquelles les sénateurs sont restés en plan dans l’hémicycle. La sénatrice LR Sophie Primas épingle alors la ministre, qui arrive « essoufflée » :

« Ce n’est pas personnel, mais il existe quatre ministres qui s’occupent de cette mission, il y a un ministre en charge des Relations avec le Parlement. Ce qui vient de se passer est juste inadmissible. Ça fait une demi-heure que nous attendons dans hémicycle pour parler de la dette de la France, qui n’est pas le plus petit sujet de ce PLF. Nous sommes très remontés, il s’agit véritablement d’un incident de séance ».

La sénatrice UDI d’Ille-et-Vilaine, Françoise Gatel, en remet une couche : « Je pense que le Sénat mérite du respect, de la considération, la dette de la France encore un peu plus. Nous ne pouvons que regretter le fait que les sénateurs aient été abandonnés, comme la dette de la France, pendant une demi-heure, c’est fort regrettable ».

Schiappa et Pénicaud avaient déjà fait l’impasse sur le Sénat

Les sénateurs sont d’autant plus courroucés que ce n’est pas la première fois, depuis le début de l’examen du budget 2018, que le Sénat semble passer en second ou ne pas être une priorité, pour ne pas dire être une corvée, aux yeux de certains ministres.

A deux reprises, un membre du gouvernement a fait l’impasse sur la Haute assemblée. D’abord la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, qui n’est pas venue défendre son propre budget. Elle a été remplacée par Sophie Cluzel, sa collègue chargée des Personnes handicapées… Puis nouvelle absence, avec Muriel Pénicaud, qui, comme publicsenat.fr l’avait relevé, n’était pas sur les bancs des ministres lors de l’examen de la mission travail, soit celle de son ministère. Le genre d’événement de la vie parlementaire qui ne va pas mettre de l’huile entre l’exécutif et le président du Sénat, Gérard Larcher, alors que la future réforme constitutionnelle est toujours en discussion.

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