Après 30 ans de journalisme, la correspondante d'iTELE aux Etats-Unis Laurence Haïm va rejoindre l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, un...
Par Séverine ROUBY
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Après 30 ans de journalisme, la correspondante d'iTELE aux Etats-Unis Laurence Haïm va rejoindre l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, un passage vers le monde politique qui est loin d'être une exception, surtout en temps de crise des médias.
La journaliste, qui a couvert les cinq dernières élections présidentielles américaines pour Canal+, a expliqué à l'AFP qu'elle considérait Emmanuel Macron comme le "French Obama".
C'est elle qui a souhaité mettre fin à sa collaboration avec iTELE pour rejoindre l'équipe du candidat à la présidentielle en tant que porte-parole pour les questions de politique étrangère.
"Il va falloir que j'apprenne la rigueur, et que j'apprenne à contrôler mes impulsions !", admet celle qui avait fondu en larmes en direct à l'annonce de la réélection de George Bush.
L'ancien journaliste de France 2, Claude Sérillon, conseiller de François Hollande, le 15 avril 2014 à l'Elysée, à Paris
AFP/Archives
L'arrivée de journalistes dans le monde politique n'est pas une nouveauté : Claude Sérillon (ex-France 2) a conseillé François Hollande, comme Nathalie Ianetta (ex-Canal+) pour le sport entre 2014 et 2016.
Sous la précédente mandature, Catherine Pégard (ex-Le Point) avait rejoint Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Myriam Levy (ex-Le Figaro) François Fillon à Matignon et Jean-Marc Plantade (ex-Le Parisien) Christine Lagarde à Bercy.
"C'est une pratique ancienne et durable qui n'est pas propre à un parti politique et n'est pas propre non plus à la France", relève Alexis Lévrier, historien des médias, auteur d'un récent ouvrage sur "le journalisme politique au risque de la connivence".
Catherine Pégard arrive à l'Elysée pour un dîner officiel à l'Elysée, le 23 juin 2014 à Paris
AFP/Archives
Il rappelle qu'au XIXe siècle, le journaliste Emile de Girardin a été député sous trois régimes politiques successifs.
- 'Plusieurs vies' -
"Ces deux métiers se ressemblent sans être pareils. On a le même intérêt pour l'actu, de pouvoir expliquer. L'avantage quand on est un ancien journaliste est qu'on connaît mieux les besoins matériels des médias", raconte Hélène Fontanaud, journaliste politique pendant 29 ans (ex-Reuters, Europe 1) aujourd'hui conseillère auprès de Michel Sapin.
"Aux Etats-Unis, passer d'un poste de présentateur télé à une équipe de campagne, ou vice-versa, est très fréquent. En France, c'est encore une révolution culturelle", estime-t-elle.
"Dans la société américaine, j'aime bien qu'on puisse avoir plusieurs vies en une. On verra où ça me mène", fait valoir Laurence Haïm.
Ces bascules d'un monde à l'autre peuvent toutefois soulever des critiques, notamment de collusions entre politiques et médias : "Il est bien évident que le jour où le journaliste passe du côté du pouvoir politique, il devient suspect", souligne Alexis Lévrier.
"Dans la période actuelle de montée du populisme et de méfiance généralisée à l'égard des journalistes (...), ce genre de pratiques deviennent problématiques. Cela vient conforter un discours anti-élite et anti-médias, +tous pourris+", regrette-t-il.
"Laurence Haïm devient porte-parole de Macron. Les rapports incestueux presse-politique au grand jour!" a tweeté Robert Ménard, ancien journaliste devenu maire de Béziers et proche du FN.
Pour les intéressés, ce changement tient plutôt de l'envie de découvrir un autre domaine : "Je ne trahis personne, je vais juste faire autre chose", se justifiait Nathalie Ianetta auprès du Parisien en 2014.
"On passe de l'autre côté du miroir. Mais j'avais déjà fait le tour de beaucoup de médias et j'avais envie d'essayer autre chose", explique de son côté Hélène Fontanaud, passée en politique alors qu'elle était au chômage.
La crise que traversent les médias explique également ces changements de carrière.
La situation d'iTELE, où près de 100 personnes sur 120 ont quitté la chaîne après une longue grève, a ainsi joué dans la décision de Laurence Haïm, qui est en négociations "difficiles" avec la chaîne sur les conditions de son départ.
"Ça a été affreux, et j'ai besoin de faire une pause", confie la journaliste, qui n'exclut pas un éventuel retour au journalisme après la campagne.
Pour Alexis Lévrier, de tels va-et-vient ne sont toutefois pas souhaitables : "A partir du moment où l'on prend le parti d'un homme politique, on perd toute légitimité en tant que journaliste. Cela devrait être un aller sans retour", juge-t-il.
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