Quelle forme va prendre le service national universel ?

Quelle forme va prendre le service national universel ?

Quelle tranche d’âge ? Où ? Quand ? Avec quel budget ? Pourquoi faire ? Le rapport sur le service national universel remis à l’Élysée suscite de nombreuses interrogations. À la Haute assemblée, les sénateurs mettent en garde contre « les pièges » que peut contenir un tel dispositif.
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« Avant de porter un jugement définitif, je vais attendre les arbitrages de l’Élysée ». Le groupe de travail mené par le général Ménaouine  vient de remettre son rapport  sur le service national universel (SNU), mais le sénateur centriste, Jean-Marie Bockel, n’en sait pas beaucoup plus. « Juste ce qui est sorti dans la presse » confie-t-il. Le 18 mars dernier (voir notre article), Jean-Marie Bockel et son collègue de la commission des affaires étrangères et de la défense, le sénateur socialiste Jean-Marc Todeschini avaient déjà fait part de leurs mises en garde sur cette promesse forte du candidat Emmanuel Macron. « Contrairement à l’engagement qui avait été pris (…) aucun parlementaire, ni sénateur, ni député n’y figure. Alors qu’on est les premiers intéressés par les votes du budget et de la loi de programmation militaire » avait ainsi regretté Jean-Marc Todeschini. « Notre état d’esprit est plutôt positif vis-à-vis du SNU mais il y a des pièges à éviter » complète aujourd’hui Jean-Marie Bockel.

En effet, si l’Élysée se réserve « quelques semaines » avant de rendre ses arbitrages, plusieurs points révélés notamment par le journal Les Échos suscitent déjà le débat.

Obligatoire dès 15 ans

Le SNU pourrait se dérouler en plusieurs temps. Pour respecter son caractère universel, il devrait concerner 800 à 900 000 jeunes appelés, étalés sur une année scolaire entière (...) par fraction de l'ordre de 80.000 jeunes » note le rapport que  s’est procuré les Échos. Entre 15 et 18 ans, cette première phase serait « un temps de cohésion » : 15 jours obligatoires en hébergement collectif pendant les vacances scolaires ou la première quinzaine de juillet et une autre quinzaine obligatoire « sans hébergement ».  « Un dispositif obligatoire d’internat entre 15 et 18 ans, ce n’est pas évident à mettre en place. Il va falloir trouver les arguments pour convaincre les familles » note Jean-Marie Bockel.  Sachant qu’une troisième étape, volontaire celle-ci, pourra être effectuée avant 25 ans, sur la base du service civique.

Réviser la Constitution

D’autres questions se posent dans cette première phase dite « de cohésion ».Quels locaux pour les héberger ? « La difficulté la plus importante à surmonter » relève le rapport. Un tel dispositif nécessiterait également une révision constitutionnelle car « le droit constitutionnel semble interdire à l'État de se voir reconnaître par la loi le droit d'imposer une obligation de séjour durant un mois (...) à l'ensemble d'une classe d'âge »  indique le rapport du général Ménaouine. « Le SNU n’a pas pour unique nature  la défense nationale, il faudrait donc réviser l’article 34 » confirme Jean-Marie Bockel.

À quoi ça sert ?

En ce qui concerne le contenu, justement, il porterait à la fois sur des enjeux de défense nationale (connaissances des menaces, moyens et organisations pour y remédier...), d'apprentissage des premiers soins, mais aussi des formations comme le Code de la route, Bafa…

Le coût d’un tel dispositif ?

« Le coût budgétaire total ne devrait pas dépasser quelques milliards d'euros » rapporte prudemment le groupe de travail.

« La commission des affaires étrangères et de la défense (du Sénat) a une priorité : le financement du SNU ne devra pas obérer le budget des armées, celles-ci ne peuvent pas absorber la charge financière que représenteraient la remise en état d’infrastructures ayant cessé d'être utilisées et l’affectation de milliers de militaires à des postes d’encadrement. » ont déjà prévenu les sénateurs le 18 mars dernier.

Se pose effectivement la question de l’encadrement des jeunes en SNU. Les militaires sont déjà extrêmement sollicités et le rapport ne donne pas de précisions si ce n’est des profils comme «  des licenciés de STAPS », des jeunes en service civique ou « des personnalités remarquées pour leur engagement et leur caractère ou leurs talents »….. 

Pour toutes ces interrogations, Jean-Marie Bockel voit d’un très bon œil l’une des pistes que pourrait privilégier l’exécutif dans un premier temps. À savoir une première année expérimentale du SNU dès 2019 et qui ne concernerait que quelques milliers de jeunes.

 

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