Rachat de twitter : « Ce qui nous inquiète est la main mise des grandes fortunes sur les réseaux sociaux »
Ce 28 octobre, Elon Musk a concrétisé le rachat de la plateforme à l’oiseau bleu pour 44 milliards de dollars. L’homme d’affaires a précisé sa volonté de créer « une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine ».

Rachat de twitter : « Ce qui nous inquiète est la main mise des grandes fortunes sur les réseaux sociaux »

Ce 28 octobre, Elon Musk a concrétisé le rachat de la plateforme à l’oiseau bleu pour 44 milliards de dollars. L’homme d’affaires a précisé sa volonté de créer « une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine ».
Public Sénat

Par Lucille Gadler

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Liberté d’expression : « L’oiseau volera selon nos règles européennes »

« The bird is freed », l’oiseau est libre, pouvions-nous lire ce 28 octobre dans toutes les dépêches du monde. « Il est important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence » a déclaré Elon Musk. Connu pour ses positions controversées, c’est une liberté d’expression presque sans entrave que promet le nouveau PDG de twitter.

« En Europe, l’oiseau volera selon nos règles européennes » a prévenu Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, en réponse à l’homme d’affaires. En date du 19 octobre 2022, le DSA (pour Digital Services Act), vise à lutter contre la prolifération de la haine en ligne et la désinformation, récurrentes sur les réseaux sociaux. Pour rappel, cette nouvelle réglementation européenne impose aux plateformes un devoir de coopération dans la lutte contre les contenus haineux et les fake news. Elon Musk a néanmoins précisé sur twitter qu’il adhérait « aux lois des pays ».

« Disposer d’une fortune ne devrait pas autoriser à influencer »

« Ce qui nous inquiète est la main mise des grandes fortunes sur les réseaux sociaux. Le rachat de Twitter par l’homme le plus riche du monde en est l’illustration parfaite » a confié Vincent Berthier, responsable du bureau technologies de Reporters sans frontières. « Pourquoi posséder ces plateformes ? Il est à craindre que ce ne soit pas par sens de l’intérêt général, pour favoriser l’accès à une information libre, fiable et pluraliste. Ces velléités de rachat soulèvent de nombreuses questionsDisposer d’une fortune ne devrait pas autoriser à influencer la distribution des contenus » précise-t-il sur le site d’RSF.

« Les institutions démocratiques doivent reprendre leur rôle »

Dans un rapport rendu en septembre dernier, le Forum sur l’information et la démocratie alerte sur cette situation. Pour l’entité internationale, sans nouvelles règles et institutions, le modèle économique et la gouvernance des médias sociaux continueront à favoriser l’autoritarisme et le populisme.

Également, le fait que les seules règles de suspension et de visibilité des comptes soient développées par les plateformes pose problème. Exemple en est chez twitter qui, ayant coupé le mégaphone virtuel de l’ancien président des États-Unis aux 88 millions d’abonnés, pourrait le réintégrer tout aussi simplement.

Twitter a démontré par son ambivalence, la faille à laquelle les réseaux sociaux sont confrontés : ces grands groupes ne peuvent se dire à la fois apolitiques et interagir avec la vie publique en coupant les micros de ses acteurs. « La modération des comptes ne saurait être laissée à la seule appréciation des plateformes numériques et réseaux sociaux » est-il précisé dans le rapport.

Pour Vincent Berthier « Les institutions démocratiques doivent reprendre leur rôle là-dedans. Cela passe par une réintégration de la transparence au sein des instances de gouvernances des plateformes, mais aussi par plus de transparence notamment au regard des processus de décision ».

Partager cet article

Dans la même thématique

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

Rachat de twitter : « Ce qui nous inquiète est la main mise des grandes fortunes sur les réseaux sociaux »
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le

Rachat de twitter : « Ce qui nous inquiète est la main mise des grandes fortunes sur les réseaux sociaux »
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le