Radicalisation : Hakim El Karoui répond à Zineb El Rhazoui

Radicalisation : Hakim El Karoui répond à Zineb El Rhazoui

Mis en cause par la journaliste Zineb El Rhazoui devant la commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste, le président de l’Association musulmane pour un islam de France (AMIF), Hakim El Karoui, demande, lui aussi, à être auditionné par les sénateurs.
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« Il ne faut pas écouter les prêcheurs de haine, de quels horizons qu’ils viennent et y compris s’ils ont subi, eux-mêmes, la haine ». C’est en ces termes que l’essayiste, Hakim El Karoui, président de l’Association musulmane pour un islam de France (AMIF), commente l’audition de la journaliste Zineb El Rhazoui devant la commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste.

Jeudi devant les sénateurs, l’ancienne collaboratrice de Charlie Hebdo, connue pour ses positions très critiques à l’encontre de l’Islam, a fermement attaqué l’association de Hakim El Karoui, qui entend, entre autres, favoriser « une intégration sereine de l’islam en France ».

Pour Zineb El Rhazoui, les Frères musulmans sont « aux portes du pouvoir ».

Selon Zineb El Rhazoui, de nombreux membres de l’AMIF ont des liens avec les Frères musulmans, et souhaitent appliquer une charia (de Youssef al-Qaradâwî théologien des Frères musulmans NDLR) spécialement dédiée aux minorités musulmanes en Occident. « Que dit cette charia ? Infiltrons, formons des élites, ne braquons pas forcément sur le voile. Les choses se feront par étapes (…) Le plus important c’est de marquer de l’empreinte de l’islam, toutes les institutions (…) de former des élites qui placent l’idéologie de l’islamisme au-dessus des valeurs républicaines tout en intégrant ces valeurs républicaines ». « Je pense que ce serait une très grosse erreur historique de livrer les Français de confession musulmane à l’AMIF » a-t-elle fait valoir, assurant que les Frères musulmans étaient « aux portes du pouvoir ».

Zineb El Rhazoui: "l’AMIF comme instance représentative de ce qu’ils appellent l’islam de France va générer quelque chose d’ingérable"
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« La République ce n’est pas dire n’importe quoi sur n’importe qui »

« La construction du débat public demande de la rationalité. La question de la radicalisation islamiste, c’est quelque chose de compliquée et doit se passer de slogans de haine et de théorie du complot » lui répond ce vendredi Hakim El Karoui contacté par publicsenat.fr. « Je sais que Zineb El Rhazoui ne veut pas de structuration du culte musulman en France. C’est son droit. Après, il y a des limites à ne pas franchir comme l’amalgame et le mensonge. Elle a un problème avec Tarek Oubrou (imam de Bordeaux, dirigeant de l’AMIF et proche des Frères musulmans par le passé). Son passé est bien connu et je ne vois pas pourquoi quand on est musulman, on n’aurait pas le droit de changer d’avis. Ça me fait penser au Maccarthysme, on pointe du doigt quelqu’un parce qu’il connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un… Notre objectif est d’avoir un système de financement du culte qui rende service aux fidèles, de lutter contre la radicalisation et l’antisémitisme de certains musulmans. Je ne sais pas si c’est que proposent les Frères musulmans. »

Hakim El Karoui se dit également inquiet « de l’absence de réaction des sénateurs » pendant l’audition. « La République ce n’est pas dire n’importe quoi sur n’importe qui ». « Je vais demander à être auditionné ainsi que des membres de l’AMIF » conclut-il en faisant valoir également ses écrits sur la radicalisation.

Jacqueline Eustache-Brinio dénonce « une police de la pensée »

« Ce n’est pas lui qui décide » fait remarquer tout d’abord la rapporteure LR de la commission d’enquête, Jacqueline Eustache-Brinio, qui ajoute immédiatement. « Nous avons bien évidemment l’intention d’entendre des représentants de l’islam. Notre commission d’enquête se réunie jusqu’au mois de mai donc nous avons encore le temps » rappelle-t-elle. Au sujet du contenu de l’audition de Zineb El Rhazoui, la sénatrice a précisé, hier, partager « une relation d’amitié » et soutenir son combat. « La parole de Zineb El Rhazoui est libre. Désormais dans ce pays, dès lors qu’on a envie de s’exprimer sur un sujet, on dit que c’est diffamatoire » répond-elle à Hakim El Karoui avant de dénoncer « une police de la pensée ».

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