Réchauffement climatique : « L’inaction devient coupable », déplore l’écologiste Guillaume Gontard, après le rapport du Giec

Réchauffement climatique : « L’inaction devient coupable », déplore l’écologiste Guillaume Gontard, après le rapport du Giec

Le Giec a publié son nouveau rapport sur les conséquences du réchauffement climatique. Les scientifiques avertissent sur les conséquences de l’inaction. Même dans le scénario d’une hausse des températures limitée à 1,5 degré, des conséquences inquiétantes se dessinent déjà. Le président du groupe écologiste Guillaume Gontard, l’un des premiers à avoir réagi au Sénat, appelle à des orientations fortes au niveau national.
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Il n’a pas été mis en pause et son engrenage dramatique est malheureusement toujours à l’œuvre. Le réchauffement climatique a déjà des effets concrets sur l’humanité, comme l’ont montré ces derniers mois : sécheresses, inondations, canicules, incendies, insécurité alimentaire, pénuries d’eau, ou encore maladies. Dans une actualité dominée par la guerre en Ukraine, le Giec a publié ce lundi le deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique, qui se focalise sur les conséquences sur les sociétés humaines et les écosystèmes. Le groupe d’experts climatiques de l’ONU alerte, une nouvelle fois, sur le fait que retarder encore l’action climatique réduit les chances d’un « avenir vivable ».

Depuis l’ère préindustrielle, le climat s’est réchauffé de 1,1 degré Celsius. Or, même si le réchauffement était contenu à 1,5 degré d’ici 2100 (l’objectif optimiste prévu par l’accord de Paris de 2015, qui prévoit une limitation à deux degrés), il provoquerait tout de même de nouveaux dommages « irréversibles » dans les décennies à venir, insiste la publication scientifique. Vers 2050, environ un milliard de personnes devraient vivre dans des zones côtières à risque, qu’il s’agisse de grandes métropoles ou d’îles.

Entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes de personnes vulnérables au réchauffement climatique

La trajectoire s’est d’ailleurs accélérée : en août, le Giec a estimé que le monde atteindrait la hausse du 1,5 degré par rapport à l’époque préindustrielle vers 2030, dix ans plus tôt que ce qui était escompté auparavant. Or, d’après les engagements des Etats dans le monde, la trajectoire imaginée par l’accord de Paris n’est même assurée.

Entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes, c’est-à-dire près de la moitié des habitants de la planète, sont « très vulnérables » aux conséquences du réchauffement climatique. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a accueilli ce nouveau rapport avec gravité. « J’ai vu de nombreux rapports scientifiques dans ma vie, mais rien de comparable à celui-ci. » Il n’hésite pas à parler « d’abdication criminelle » des dirigeants mondiaux. La voix des Nations unies considère que le rapport décrit « un recueil de la souffrance humaine et une accusation accablante envers l’échec des dirigeants dans la lutte contre les changements climatiques ».

Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, s’alarme également de ces rapports qui se succèdent, année après année. « Maintenant la question ne se pose plus. On le voit sur nos territoires, on voit l’impact. Le plus perturbant dans ce rapport, c’est qu’on acte à la fois les conséquences du réchauffement et qu’on donne des pistes sur comment s’adapter. On est déjà passé à la phase d’après. »

L’Alliance des petits Etats insulaires a appelé une nouvelle fois les pays développés à respecter leur engagement d’augmenter leur aide climatique aux pays pauvres, notamment pour leur permettre de se préparer aux catastrophes qui s’annoncent. Le rapport du Giec admet quelques progrès mais relève surtout que les efforts d’adaptation sont pour la majorité « fragmentés, à petite échelle ». Et surtout, qu’à cette allure, l’écart entre les besoins, et ce qu’il faudrait, risque de s’accentuer.

« Disparition de 3 à 14 % des espèces terrestres », dans un scénario à +1,5 degré

Or, la capacité d’adaptation a des limites. Certains écosystèmes sont déjà « au-delà de leur capacité à s’adapter », soulignent les scientifiques des Nations unies. Les coraux font par exemple partie des êtres vivants à avoir franchi le point de non-retour. L’étendue des conséquences du changement climatique est plus importante qu’estimée dans les précédents rapports, avec des dégâts de plus en plus irréversibles pour les écosystèmes terrestres, d’eau douce, côtiers et marins. Le rapport anticipe ainsi la disparition de 3 à 14 % des espèces terrestres, y compris dans un scénario à +1,5 °C. « De plus en plus de systèmes humains ou naturels atteindront leurs limites d’adaptation », écrivent les 270 scientifiques issus de 67 Etats dans leur rapport.

En termes de santé sur l’homme, la publication internationale met en exergue une augmentation des maladies respiratoires avec l’augmentation des feux de forêt, ou encore une progression du choléra, poussée par l’augmentation des inondations.

« On voit que rien ne bouge, rien n’avance. L’inaction devient coupable », dénonce le sénateur de l’Isère. « Ce qui nous manque vraiment, c’est au niveau national des orientations financières et politiques très fortes. Actuellement, ce n’est pas coordonné, il n’y a pas de prise en compte des pouvoirs politiques ni de vision à long terme. On sait ce qu’il faut faire », demande le parlementaire en appelant à s’inspirer des actions de collectivités locales. En avril, le Giec doit d’ailleurs publier son troisième volet, consacré cette fois aux moyens de limiter le réchauffement climatique.

Le parlementaire écologiste estime au passage qu’une politique énergétique, dans le contexte de la guerre en Ukraine, a aussi un lien sur les actions géopolitiques. « Ces évènements dramatiques rappellent notre rapport au monde. Tout est lié », insiste-t-il.

Guillaume Gontard appelle à s’inspirer du train de sanctions historiques contre la Russie, décidé par les Européens en soutien l’Ukraine, des décisions qui auront probablement un contrecoup pour l’économie. « De la même manière, on doit avoir cette action forte face au réchauffement climatique. Si on sait que si c’est pour vivre mieux, oui, il faut passer par là. »

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