Reconstruction de la droite : « Tous les espoirs » des sénateurs reposent sur Gérard Larcher

Reconstruction de la droite : « Tous les espoirs » des sénateurs reposent sur Gérard Larcher

Après avoir boudé le bureau politique de lundi, Gérard Larcher lance un appel au rassemblement de la droite et du centre. À un an des municipales, le président du Sénat souhaite s’appuyer sur les territoires pour reconquérir les électeurs. Une démarche fortement soutenue par les sénateurs LR. 
Public Sénat

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Mis à jour le

Depuis quelques années, Gérard Larcher a théorisé le « sentiment d'abandon » de certains territoires. Ce qu’il nomme « La France d’à côté ». Depuis la déroute historique de son parti aux Européennes, le président du Sénat serait-il en train de se mettre au chevet d’une « droite d’à côté » de la rue de Vaugirard ?

Absent au bureau politique extraordinaire, lundi soir, Gérard Larcher a préféré s’exprimer sur France info, ce matin, appelant les « présidents de groupes parlementaires, les présidents des trois grandes associations d'élus » (François Baroin, Dominique Bussereau et Hervé Morin) à se retrouver « la semaine prochaine » pour « reconstruire un projet qui rassemble la droite et le centre ». Comme à son habitude, le président du Sénat prône « une démarche de bas en haut », en « partant des territoires ». « Je ne peux pas me résoudre à ce que Les Républicains n'incarnent qu'un segment qui aujourd'hui pèse 8% », « un segment conservateur » a prévenu le locataire du palais du Luxembourg qui n’avait pas caché ses réserves sur le choix de voir François-Xavier Bellamy conduire la liste pour les Européennes.

« Nous avons raté cette élection (…) François-Xavier Bellamy a fait une bonne campagne mais il était hors sujet. Il répondait à une question que les électeurs ne se posaient pas. Les électeurs voulaient juger Macron ou accepter Le Pen. Nous étions en dehors du système » a analysé le sénateur de la Meuse, Gérard Longuet avant de reconnaître qu’ « à cet instant » il « n’y a pas d’espace » entre le chef de l’État et la présidente du RN. 

« La seule chose qui nous reste, c’est notre réseau d’élus »

À son arrivée à la réunion hebdomadaire du groupe LR, ce matin, une sénatrice lui souffle : « Tous nos espoirs reposent sur vous ». Le patron de la droite LR, Bruno Retailleau se met au diapason. « Je suis derrière Gérard Larcher (…) on doit repartir du socle local. Le seul espace de confiance qu’il reste, ce n’est pas l’espace territorial. Et c’est aussi l’échec d’Emmanuel Macron ». Pragmatique, Bruno Retailleau rappelle « que les échéances démocratiques qui sont devant nous, sont précisément des échéances territoriales : les municipales et ensuite les sénatoriales ».

« Nous n’avons plus de doctrine qui nous rassemble, plus de marqueurs forts. La seule chose qui nous reste, c’est notre réseau d’élus. Il faut les fédérer sinon ils vont s’évaporer » reconnaît à son tour, l’ancien ministre, Alain Joyandet. Les sénateurs sont élus par les grands électeurs, une défaite aux municipales de l’année prochaine ne serait évidemment pas sans conséquence pour future la composition de la Haute assemblée où la droite alliée aux centristes est actuellement majoritaire. Pendant une heure et demie de réunion, les applaudissements nourris ont retenti. « Les sénateurs du groupe Les Républicains ont approuvé la démarche de rassemblement lancée et présentée devant le groupe par Gérard Larcher ». Ils ont insisté sur : l’importance à mettre en œuvre un large rassemblement de la droite et du centre en mesure de formuler des propositions nouvelles, la nécessité qu’il y a à refonder la famille en s’appuyant sur les territoires, et l’urgence du travail de reconstruction qui doit être engagé dans les tout prochains jours. Il n’y a pas une minute à perdre » indique le communiqué.

« On est en état de mort clinique »

Derrière le volontarisme affiché, en coulisses, certains ne cachent pas leur désarroi dans lequel les plonge l’état du parti, et le maintien de Laurent Wauquiez à sa tête. « J’ai failli claquer la porte de LR, lundi. J’en avais vraiment marre » confie une sénatrice encartée depuis trente ans. « Je ne sais pas si je vais rester, je vais voir » lâche un autre. « Il faut arrêter de montrer que tout va bien. Il faut changer tous les logiciels. On est en état de mort clinique. Notre corpus idéologique n’est pas adapté avec les thèmes de notre société, les défis de la mondialisation, l’écologie, le problème de l’isolement et la solitude des personnes âgées… » avance de son côté Jean-François Husson, sénateur de Meurthe-et-Moselle.

« Le mort » Wauquiez « continue de parler »

Bureau politique des LR: « On était dans une espèce de réunion de famille comme pour veiller un mort. Sauf que le mort continuait de parler » tacle Pierre Charon
00:09

Et ce n’est pas les états généraux de LR annoncés à la rentrée de septembre par Laurent Wauquiez au bureau politique qui vont remonter le moral des élus de la Haute assemblée. « Moi, j’étais au bureau politique hier. J’ai assisté à quelque chose de curieux. On s’est comporté comme si on avait légèrement perdu. On ne s’est pas rendu compte que c’était extrêmement grave ce qui s’était passé. On était dans une espèce de réunion de famille comme pour veiller un mort. Sauf que le mort continuait de parler » rapporte le sénateur de Paris, Pierre Charon en référence au président de LR. « Mort » politiquement ou non, Laurent Wauquiez ne semble pas vouloir rajouter de la division à la division et se rendra bien au rendez-vous organisé par Gérard Larcher la semaine prochaine.

Le président des Républicains était également présent à l’Assemblée nationale, ce mardi, aux côtés des députés LR, et quelques échos des échanges sont parvenus aux oreilles des sénateurs. Comme ces propos de Christian Jacob, rapportées par la journaliste, Marion Mourgue. « Si on veut reconstruire on va au peuple. Ces systèmes de grands électeurs, je ne (les) bouderai pas, j'y participerai, mais il faut aller bien au-delà » a estimé le patron des députés LR. Le député, Aurélien Pradié a lui considéré, toujours selon des propos rapportés, que c'était à Laurent Wauquiez de rassembler, et pas au président du Sénat, dont la démarche « ne satisfait pas à l'exigence de renouvellement ». « Ils sont 100 députés LR. On est 144 et on a le deuxième personnage de l’État avec nous » répond Pierre Charon. « Il y a toujours eu cette guéguerre entre députés et sénateurs » tempère le sénateur de Haute-Saône, Michel Raison.

L’opération rassemblement de la droite et du centre lancé par Gérard Larcher a déjà reçu l’assentiment de François Baroin (président de l'Association des maires de France) de Dominique Bussereau (président de l’Assemblée des départements de France) et d’Hervé Morin (président des régions de France). En revanche, le président de l’UDI et patron du groupe UDI, Agir et Indépendant de l’Assemblée, « Jean-Christophe Lagarde, n’ira pas » (voir notre article). En fin de journée, le parti Agir a d’ailleurs appelé « solennellement les élus locaux de la droite et du centre droit » à quitter Les Républicains et à les rejoindre en vue des municipales.

Dans la même thématique

France Israel Palestinians Campus Protests
6min

Politique

Sciences Po bloqué : la droite sénatoriale dénonce « la pensée totalitaire d’une minorité d’extrême gauche »

La mobilisation de plusieurs dizaines d’étudiants en soutien aux Palestiniens se poursuit à Sciences Po. Après avoir été délogés par les forces de l’ordre dans la nuit de mercredi à jeudi, les étudiants occupaient toujours les lieux ce vendredi. Une action en miroir de celles qui ont lieu sur les campus américains. La droite sénatoriale dénonce l’importation « du wokisme » d’outre Atlantique.

Le

Reconstruction de la droite : « Tous les espoirs » des sénateurs reposent sur Gérard Larcher
5min

Politique

Européennes 2024 : après le discours d’Emmanuel Macron, Olivier Faure veut saisir l’Arcom au nom de « l’équité » entre les candidats

Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».

Le