« Redécouvrir l’esprit de Maastricht », la petite phrase d’Ursula von der Leyen qui passe mal
Le 14 septembre dernier une heure durant, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a exposé devant les parlementaires européens réunis à Strasbourg son programme pour l’année à venir. Si de l’avis général, l’exercice a été qualifié d’offensif, la référence aux critères de Maastricht pour une « nouvelle gouvernance économique », a surpris, voire clairement déplu.

« Redécouvrir l’esprit de Maastricht », la petite phrase d’Ursula von der Leyen qui passe mal

Le 14 septembre dernier une heure durant, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a exposé devant les parlementaires européens réunis à Strasbourg son programme pour l’année à venir. Si de l’avis général, l’exercice a été qualifié d’offensif, la référence aux critères de Maastricht pour une « nouvelle gouvernance économique », a surpris, voire clairement déplu.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Plus de six mois après le déclenchement de la guerre aux portes de l’Europe, c’est la prise de parole de la présidente de la commission était attendue. Arrivée dans l’hémicycle vêtue de jaune et bleue aux côtés de la première dame ukrainienne Ursula von der Leyen a d’emblée affiché son soutien indéfectible à Kiev face à la Russie de Vladimir Poutine.

Ursula von der Leyen « libérée »

« J’ai trouvé la présidente Ursula von der Leyen très libérée, je l’ai trouvé très présente physiquement avec Olena Zelenska qui était présente depuis la veille à Strasbourg, avec laquelle visiblement elle avait passé pas mal de temps. Je l’ai trouvé pleinement consciente, chargée de cette mission de l’Europe de soutenir l’Ukraine », affirme la française Fabienne Keller, du groupe Renew Europe, parti allié de la Commission. Cette stature de cheffe de guerre a séduit au-delà des alliés politiques d’Ursula Von der Leyen. « Le soutien européen au peuple ukrainien, c’est très important. Et c’est une des dimensions fondamentales de son discours », reconnaît Marisa Matias élue portugaise du groupe la Gauche, pourtant clairement dans l’opposition.

Mais si la cheffe de l’exécutif européen a plutôt convaincu sur son soutien à Kiev, sur les questions énergétiques, et les enjeux démocratiques, une petite phrase a suscité de nombreuses interrogations. Ursula Von der Leyen a plaidé pour « une nouvelle gouvernance économique », appelant à « redécouvrir l’esprit de Maastricht ».

« Nous nous sommes déjà aperçus que cette règle ne fonctionnait pas »

Un traité dont on va bientôt célébrer les 30 ans qui avait pour ambition de coordonner les politiques budgétaires nationales des Etats membres, afin d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs. En fixant comme objectif de maintenir le déficit en dessous de 3 % du PIB et les dettes publiques à un niveau inférieur ou égal à 60 % de leur PIB, le traité avait concentré les critiques de ceux qui y voyaient surtout une limite à la dépense publique. Des verrous budgétaires qui ont sauté avec la pandémie, et le déploiement de mécanismes de soutien à l’économie, et aux salariés comme en France.
Y revenir serait une grave erreur pour Marisa Matias, qui ne décolère pas. « Ça veut dire reprendre encore le pacte de stabilité et de croissance. Ce n’est pas le bon moment. Nous nous sommes déjà aperçus que cette règle ne fonctionnait pas¸ et pour moi c’est vraiment une surprise de tenir cela comme propos, dans ce genre de discours, dans un moment où la présidente elle-même dit qu’il y a encore un risque de récession économique. »

« Maastricht, c’était il y a 30 ans ! »

Même parmi ses alliés, cette référence ne passe pas non plus. « Il faut une philosophie de gestion budgétaire saine, mais celle-ci ne peut pas s’appuyer sur des critères anciens. 30 ans ! Maastricht c’était il y a 30 ans ! » Un jeu d’équilibriste à venir pour la présidente de la Commission européenne. Cette dernière veut à la fois que les Etats membres aient « davantage de compte à rendre » concernant leur dette publique, tout en ayant « plus de flexibilité sur leur trajectoire de désendettement » et « plus de souplesse pour investir ». La Commission d’Ursula von der Leyen formulera ses premières propositions en la matière dès le mois d’octobre prochain.

Retrouver l’intégralité de l’émission en replay

Partager cet article

Dans la même thématique

« Redécouvrir l’esprit de Maastricht », la petite phrase d’Ursula von der Leyen qui passe mal
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

« Redécouvrir l’esprit de Maastricht », la petite phrase d’Ursula von der Leyen qui passe mal
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le