Référendum en Nouvelle-Calédonie : Le projet de loi en débat au Sénat
La Nouvelle-Calédonie, distante de 16 000 kilomètres de la métropole et française depuis 1853, dispose déjà d’un statut dérogatoire et unique. Pour autant, cette année au plus tard et au terme d’un processus vieux de plus de 30 ans, l’ile aura à se prononcer sur son indépendance. Le texte encadrant ce vote arrive au Sénat cette semaine.

Référendum en Nouvelle-Calédonie : Le projet de loi en débat au Sénat

La Nouvelle-Calédonie, distante de 16 000 kilomètres de la métropole et française depuis 1853, dispose déjà d’un statut dérogatoire et unique. Pour autant, cette année au plus tard et au terme d’un processus vieux de plus de 30 ans, l’ile aura à se prononcer sur son indépendance. Le texte encadrant ce vote arrive au Sénat cette semaine.
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Mardi 13 février, le sénat va examiner en séance le projet de loi organique relatif à l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. Ce texte vise en effet à définir et à encadrer les modalités de ce référendum d’indépendance. Initié par les accords de Nouméa de 1998, le vote doit, au plus tard, avoir lieu  avant novembre 2018. « Cette loi organique pourra ajouter une pierre à la construction du destin commun des Calédoniens. C'est à cette aune que nous évaluons son importance qui est réelle » a déclaré le sénateur Les Républicains, et président de la commission des lois, Philippe Bas.

Un processus de 30 ans

Dans les années 1980, en Nouvelle-Calédonie, des tensions éclatent entre les opposants et partisans de l’indépendance, avec en 1988 l’assaut de la grotte d’Ouvéa : 19 indépendantistes et deux militaires étaient tués. Des négociations entre les deux camps et leurs dirigeants et débouchent sur les Accords de Matignon-Oudinot.  

Ces accords, signés en 1988, prévoyaient déjà l’organisation d’un référendum en 1998. Finalement, la Nouvelle-Calédonie préfère repousser l’échéance du référendum, avec les accords de Nouméa signés en 1998. L’Île gagne alors plus d’autonomie sur de nombreuses questions mais également la garantie de l’organisation d’un référendum à l’horizon 2018.

En cas de vote négatif, une seconde, puis éventuellement une troisième consultation pourraient être organisées. A l’issue de deux votes négatifs, un nouvel accord sera cependant négocié.

Le projet de loi en débat au Sénat

Le texte visant à définir et préciser les modalités du référendum sera débattu mardi au Sénat. Ce projet de loi organique, déposé par la ministre des outre-mers Annick Girardin début décembre 2017, traduit l’accord qui a été conclu lors du XVIème comité des signataires de l’accord de Nouméa, le 2 novembre dernier.

Il traite notamment de la question centrale et sensible des limites du corps électoral qui sera amené à se prononcer sur la question de l’indépendance. Loin d'être un aspect exclusivement technique, l’enjeu est de taille pour le gouvernement qui souhaite pouvoir opposer, aux deux camps, un vote, et donc son résultat, le plus légitime possible.

Les conditions du vote

Le texte en débat propose notamment de mettre en place une procédure exceptionnelle d'inscription d'office sur les listes électorales « tous les électeurs qui, n'étant pas déjà inscrits sur une liste électorale, ont leur domicile réel dans une commune de la Nouvelle-Calédonie ou qui y habitent depuis six mois au moins ».  Cette mesure, un prérequis, permettra d’inscrire ces électeurs sur les listes électorales spécifiques à la consultation.

En outre, l’inscription d’office sur la liste électorale spéciale est également prévue pour « les électeurs nés en Nouvelle-Calédonie et présumés y détenir le centre de leurs intérêts matériels et moraux dès lors qu'ils y ont été domiciliés de manière continue durant trois ans.»

Ces deux articles sont jugés d’une grande importance par le camp indépendantiste puisqu’ils devraient permettre l’élargissement du corps électoral, évalué à ce jour autour de 158.000 électeurs, en favorisant l’inscription de 11 000 natifs de l’Île, sur les listes électorales relatives à la consultation. Reste à savoir si cela suffira à faire basculer une île qui semble plutôt favorable au statu quo.   

Partager cet article

Dans la même thématique

Référendum en Nouvelle-Calédonie : Le projet de loi en débat au Sénat
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Référendum en Nouvelle-Calédonie : Le projet de loi en débat au Sénat
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Référendum en Nouvelle-Calédonie : Le projet de loi en débat au Sénat
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le