Refondation de Schengen : « On a perdu beaucoup de temps », regrette Sophie Primas

Refondation de Schengen : « On a perdu beaucoup de temps », regrette Sophie Primas

Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à une refondation de l’espace Schengen en vue d’un plus grand contrôle des frontières. Une déclaration répondant partiellement aux exigences répétées de la droite sénatoriale qui regrette néanmoins de ne pas avoir été entendue plus tôt. La gauche, elle, tacle « un concours Lépine de la mesure ».
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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« J'appelle de mes vœux une refondation de Schengen et un plus grand contrôle », a déclaré le chef de l’État, ce jeudi, lors d’un déplacement à la frontière franco-espagnole au col du Perthus. Emmanuel Macron a également annoncé un renforcement des forces contrôlant les frontières, de 2 400 à 4 800, pour lutter contre la menace terroriste, les trafics et l’immigration illégale. 

Un renforcement décidé « en raison de l’intensification de la menace », a-t-il précisé. Une déclaration qui répond partiellement aux exigences répétées de la droite sénatoriale mais qui inquiète une gauche minoritaire sur les bancs de la Haute assemblée. 

« Dans les Alpes-Maritimes, nous sommes directement concernés. L’immigré tunisien (qui a perpétré l’attentat dans la basilique de Notre-Dame à Nice) était passé par la frontière italienne », soulève la sénatrice des Alpes-Maritimes, Dominique Estrosi Sassone. 

Le maire de Nice, Christian Estrosi, appelle, lui, à ce que le traité de Schengen soit tout bonnement suspendu. Une proposition saluée par le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. « Nous ne parviendrons pas à lutter contre le totalitarisme islamiste à droit constant », affirmait-il sur France info, ce jeudi. Bruno Retailleau assume de faire « le lien entre terrorisme et immigration », appelant le gouvernement à « arrêter le flux migratoire ». Cet espace de libre circulation des personnes concerne les 26 États européens signataires de l’accord de Schengen, il a longtemps été remis en cause par une droite désireuse de voir le flux migratoire se tarir.

« Emmanuel Macron voit enfin le lien entre immigration et terrorisme », salue Dominique Estrosi Sassone (LR). 

Lors des questions au gouvernement, hier, Dominique Estrosi Sassone appelait, elle aussi, le gouvernement à « stopper le désordre migratoire » précisant que si « l'immigration n'est pas la cause première du terrorisme»,  « les trois derniers attentats nous confirment qu'elle en est une des conditions ». Aujourd’hui, elle se dit satisfaite que le chef de l’État « voit enfin le lien entre immigration et terrorisme ». 

Pour la sénatrice LR des Yvelines, Sophie Primas, cette annonce arrive avec « 10 ans » de retard. « La réforme de l’espace Schengen était un des axes de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. À l’époque, on avait l’impression de toucher à quelque chose de sacré. Il s’agit pourtant d’être protecteur de nos valeurs, de notre civilisation et de faire attention à qui rentre », estime la sénatrice. « On a perdu beaucoup de temps », regrette Sophie Primas qui pense que la menace terroriste aurait pu être « freinée » et que cela aurait « envoyé un message important : l’Europe n’est pas une passoire ».  

Des doutes émergent aussi sur la mise en œuvre d’une telle annonce. « Il y a encore beaucoup de points d’interrogation », pointe Dominique Estrosi Sassone (LR) qui regrette un « message assez laconique » concernant la refondation de Schengen : « on ne sait pas comment cela va véritablement se traduire ». Emmanuel Macron a annoncé qu'il porterait « des premières propositions au Conseil » européen de décembre, sans en préciser la teneur.

« J’entends qu’il veuille réagir et marquer les esprits mais il faut faire attention à ne pas ajouter de la confusion voire de la haine », prévient Rachid Temal (PS).  

À gauche de l’hémicycle, la déclaration du chef de l’État ne convainc pas. « Dans ce moment de gravité que nous connaissons, il est important que le président de la République fasse preuve de clarté et de parole contrôlée, pas d’une sorte de concours Lépine de la mesure », lance le sénateur socialiste du Val-d’Oise, Rachid Temal. 

« Depuis des années, on ne cesse de voter des lois contre l’immigration et le terrorisme. Aujourd’hui on a besoin d’un débat de fond », pointe également le socialiste qui revendique par ailleurs « une politique extrêmement ferme en matière de terrorisme ». « J’entends qu’il veuille réagir et marquer les esprits mais il faut faire attention à ne pas ajouter de la confusion voire de la haine », prévient-il.

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