Réforme constitutionnelle: les annonces d’Édouard Philippe
Le Premier ministre a dévoilé la réforme institutionnelle annoncée par Emmanuel Macron au Congrès de Versailles. Réduction du nombre de parlementaires, proportionnelle, non-cumul des mandats dans le temps : retrouvez les temps forts du discours d'Édouard Philippe

Réforme constitutionnelle: les annonces d’Édouard Philippe

Le Premier ministre a dévoilé la réforme institutionnelle annoncée par Emmanuel Macron au Congrès de Versailles. Réduction du nombre de parlementaires, proportionnelle, non-cumul des mandats dans le temps : retrouvez les temps forts du discours d'Édouard Philippe
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après plusieurs mois de négociations avec les deux assemblées et les groupes politiques, le gouvernement a livré ce mercredi ses arbitrages sur la révision institutionnelle.

Édouard Philippe a détaillé les grandes lignes des trois projets de loi (loi constitutionnelle, loi organique et loi ordinaire) qui composeront cette réforme des institutions. L’objectif du gouvernement est de « procéder à une première lecture » des textes « avant la pause estivale » et de « parachever » la réforme en 2019. Les trois textes seront présentés en Conseil des ministres le 9 mai, et le projet de loi constitutionnelle sera sur la table du Conseil d'État dès demain.

Edouard Philippe: les projets de lois constitutionnelle, organique et ordinaire seront présentés en conseil des ministres le 9 mai 2018
02:31

Le Premier ministre a précisé que « la philosophie d’ensemble » de la Constitution serait « bien entendu préservée, car il ne s’agit ni de revenir à la Quatrième République ni de passer à la Sixième, il s’agit bien au contraire de revenir aux sources de notre Cinquième République ». Il est également revenu sur la rencontre vendredi, entre le chef de l'État, les présidents des deux assemblées et lui-même :

« Nous avons pu, ensemble, construire les bases d’un accord possible. »

Le projet de loi organique : réduction du nombre de parlementaires, dose de proportionnelle et non-cumul dans le temps

Philippe annonce « une réduction de 30% » des parlementaires et une « dose de proportionnelle de 15% »
01:22

Le nombre de parlementaires sera réduit de 30%. Le chiffre est proche de l'engagement d'Emmanuel Macron, qui avait proposé une baisse d'un « tiers », mais n'a pas fait l'objet d'un accord avec le Sénat (relire notre article).

15% des députés seront élus à la proportionnelle aux prochaines législatives. Cette dose de proportionnelle se situe dans le premier tiers de la fourchette évoquée par Matignon (10 à 25%) au mois de mars, au moment des consultations des présidents de groupes parlementaires.

La réduction s’effectuera « dans des conditions qui garantissent la représentation de tous les départements et territoires », selon le Premier ministre. Comprendre : chaque département et territoire auront au moins un député et sénateur.

De nombreux membres des Républicains auraient souhaité une absence de proportionnelle et Gérard Larcher, le président du Sénat s'était positionné en faveur de 10%. Le chiffre de 15% devrait en revanche apparaître insuffisant aux yeux des centristes : l'UDI exigeait un minimum de 20% et le Modem espérait même 25%.

Enfin, le projet de loi organique comprendra une disposition sur le non-cumul dans le temps. Celle-ci se déclenchera au bout de « trois mandats identiques, complets et consécutifs ». Elle concernera les parlementaires et les présidents d’exécutifs locaux, à l’exception des maires des communes de moins de 9.000 habitants (contre 3.500 dans la première version).

Le contingentement des amendements retiré du projet de loi constitutionnelle

Le projet de loi constitutionnelle « renforce l’efficacité de la procédure législative et l’effectivité du contrôle parlementaire », selon le chef du gouvernement.

La piste d’un contingentement des amendements, en fonction de la taille des groupes parlementaires, est abandonnée. « Le gouvernement a « pris en compte l’opposition formulée par les présidents des groupes parlementaires », a annoncé Édouard Philippe.

Pour autant, il y aura bien une disposition pour encadrer le droit d’amendement. « Les présidents des assemblées ont convenu qu’il était nécessaire de limiter les amendements sans portée normative, sans lien direct avec le texte ou qui ne seraient pas du domaine de la loi »

Edouard Philippe: "le projet de loi constitutionnelle renforce l'efficacité de la procédure législative"
02:17

Nouvelles dispositions sur l’agenda et le travail parlementaire

Les principes de la réforme constitutionnelle de 2008 demeure pour l’ordre du jour du Parlement : une semaine de contrôle, une semaine réservée à l’initiative législative parlementaire et deux semaines dédiées aux textes du gouvernement.

  • Les textes « les plus importants » ou « les plus urgents » pourront bénéficier d’une « inscription prioritaire à l’ordre du jour », a annoncé Édouard Philippe.
  • La procédure sera « accélérée » en cas d’échec de la procédure mixte paritaire et la nouvelle lecture au Sénat sera maintenue.
  • Le Premier ministre a également déclaré que, sur le modèle du règlement du Sénat, « la discussion en séance pourra être focalisée sur les points principaux grâce à un meilleur travail en commission ».
  • Durant les semaines dites de contrôle, députés et sénateurs pourront retoucher les textes de loi qui font l'objet d'une évaluation.
  • « Le vote du budget sera plus rapide », a prévenu Édouard Philippe : 50 jours au lieu de 70 actuellement pour l'examen des projets de loi de finance (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS). En contrepartie, un temps « plus long » sera réservé chaque printemps à l’évaluation des politiques publiques.

Le gouvernement propose un « pacte girondin » aux territoires

Edouard Philippe : "La Corse trouvera sa place dans la Constitution"
00:43

Évoquant un « pacte girondin » avec les territoires, Édouard Philippe a également réaffirmé l’engagement du gouvernement d’offrir un droit à l’expérimentation aux collectivités territoriales :

« Le projet de loi constitutionnelle marquera également notre confiance dans la capacité des collectivités d’adapter elles-mêmes les règles qui régissent leurs domaines de compétence à la réalité de leur territoire ».

« La Corse trouvera sa place dans la Constitution, ce qui permettra d’adapter les lois de la République aux spécificités insulaires », a-t-il ajouté, sans préciser dans le cadre de quel article de la Constitution cet ajout se ferait.

Autres dispositions du projet de loi constitutionnelle : CSM, Cour de justice de la République, Cese

Révision constitutionnelle: " la Cour de Justice de la République sera supprimée" annonce Edouard Philippe:
01:25

La Constitution devra être révisée pour plusieurs des points qui vont suivre. Le projet de loi constitutionnelle comprend notamment des points qui étaient connus et consensuels :

  • Renforcement des pouvoirs du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dans la nomination et « l’exercice du pouvoir disciplinaire » sur les magistrats du parquet
  • Fin de la présence de droit des anciens présidents de la République au Conseil constitutionnel
  • Suppression de la Cour de justice de la République,  la procédure de mise en cause pénale des ministres (pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction) sera du ressort de la Cour d’appel de Paris
  • Le Conseil économique, social, et environnemental deviendra une « chambre de la société civile » chargée d’organiser les consultations publiques, et le nombre de ses membres sera réduit de moitié

Partager cet article

Dans la même thématique

Réforme constitutionnelle: les annonces d’Édouard Philippe
3min

Politique

« Ce sont des centaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui en train de mourir », alerte ce médecin généraliste installé en Haute-Vienne

En France, neuf millions de personnes vivent dans un désert médical. L’augmentation de ce chiffre ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé qui appellent le personnel politique à agir au plus vite, car derrière les statistiques se cache un véritable enjeu sanitaire. Raccourcir les parcours de formation des médecins ? Aller aux devants des patients avec des bus médicalisés ? Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Corinne Imbert et le médecin généraliste Martial Jardel pour en débattre dans l’émission Et la Santé ça va ?.

Le

Réforme constitutionnelle: les annonces d’Édouard Philippe
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le