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Réforme des retraites : au Sénat, échange musclé entre Laurence Rossignol et Olivier Véran
Par Public Sénat
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Alors que le président de la République s’est exprimé ce midi sur la réforme des retraites, et après un début de semaine sous haute tension au Parlement et dans la rue après l’utilisation du 49.3 par le gouvernement Borne, le déroulé des questions au gouvernement de ce mercredi au Sénat a traduit eux aussi, une crispation particulière. La sénatrice PS Laurence Rossignol a notamment listé les « mensonges, insultes et indécences » dans les déclarations d’Emmanuel Macron, réaffirmant farouchement son opposition à la réforme des retraites. « Il nous a dit que la majorité du pays, celle qui s’oppose à sa réforme, serait dans le déni de la réalité, et que lui seul nous conduirait vers la lumière. C’est une insulte à l’intelligence des Français » a-t-elle débuté sur un ton ironique, avant d’enchaîner : « Il nous a dit que les manifestants seraient noyautés par des factieux, il est allé jusqu’à les comparer aux suprémacistes de Brasília ou du Capitole. Là, c’est une insulte ».
La sénatrice a également dénoncé le passage en force de la réforme des retraites, faisant allusion au 49.3 dégainé par le gouvernement Borne jeudi dernier, empêchant selon elle l’existence d’un travail parlementaire effectif. « Il nous a dit que nous n’aurions eu comme contre-proposition que l’augmentation des déficits. Alors qu’aucun de nos amendements n’a été retenu ni même examiné, y compris ceux tenant aux cotisations patronales, c’est donc encore un mensonge » a-t-elle déploré, encouragée par les sénateurs de son bord dans l’hémicycle. Sur un ton vigoureux, la sénatrice a accusé le gouvernement d’être responsable d’une crise démocratique profonde, auquel le gouvernement répond à ses yeux, avec stratégie. « Il a répondu par la perspective d’un nouveau débauchage, sans doute les députés qui n’ont pas voté la motion de censure, et ça, c’est une indécence » a-t-elle poursuivi.
« Rendez aux Français les deux ans de vie que vous leur volez »
Reprochant l’utilisation habituelle des arguments d’autorité affirmés par les ministres du gouvernement Borne sur les plateaux de télévision, Laurence Rossignol a verbalisé son regret quant à la seule auto critique que le gouvernement a concédé, « celle d’une défaillance pédagogique ». Amère, la sénatrice a terminé sa prise de parole en interrogeant le gouvernement : « Vous voulez apaiser le pays ? Je le crois sincèrement. Mais il n’y a qu’une seule solution. Rendez aux Français les deux ans de vie que vous leur volez »
Une interpellation musclée et encouragée, à laquelle Olivier Véran a répondu avec sarcasme, rappelant devant l’ensemble des sénateurs le soutien de la sénatrice à la réforme des retraites portée à l’époque par l’ancienne ministre Marisol Touraine, sous le mandat socialiste de François Hollande. « Madame la Ministre Laurence Rossignol… Pardon, je vous ai appelé Madame la Ministre car en 2014 vous étiez ministre déléguée auprès de Marisol Touraine » a commencé le porte-parole du gouvernement dans un sourire, interrompu par les applaudissements. « J’étais député socialiste et vous et moi, nous avons eu le courage de soutenir une réforme des retraites portée par le gouvernement socialiste auquel vous apparteniez qui a, pardonnez-moi du peu, allongé la durée de cotisations pour tous les Français qui travaillent, avec un objectif équilibrer un système de retraite qui ne l’était plus dans la durée » a-t-il enchaîné.
« C’est ça avoir de la mémoire et du courage et de la conviction dans la continuité »
En demi-teinte, Olivier Véran lui a alors reproché de retourner sa veste, rappelant par ailleurs l’utilisation du 49.3 pour faire passer en force la loi travail en 2016, qui à l’époque, ne l’avait pas fait réagir. « Vous avez sans doute la mémoire sélective, moi pas » a-t-il débité, plus sérieux. Le porte-parole du gouvernement a également souhaité clarifier les propos d’Emmanuel Macron de ce jour, assurant que « jamais le Président de la République n’a comparé les manifestants avec des factieux. Il a fait le distinguo entre les manifestations démocratiques et les groupes violents, issus de l’ultra gauche, qui cherchent à saccager nos villes ».
Avec le soutien des sénateurs de son bord, Olivier Véran a terminé son discours sur le même ton railleur, interpellant la sénatrice sur leur prétendue proximité politique. « Madame la Sénatrice, puisque nous venons du même bord, quand on vous dit qu’on va augmenter les petits salaires en dessous du SMIC, vous devez dire oui. […] Quand on dit qu’on va lever une contribution exceptionnelle pour les grands groupes quand ils rachètent des actions, vous devriez dire oui. C’est ça avoir de la mémoire et du courage et de la conviction dans la continuité ». Une interpellation à laquelle la sénatrice n’a pas souhaité réagir.