Refus de la démission de Barbarin : « Le pape fait ce qu’il veut »

Refus de la démission de Barbarin : « Le pape fait ce qu’il veut »

Invitée de l’émission « On va plus loin », Caroline Pigozzi, grand reporter à Paris Match et spécialiste du Vatican, analyse le refus de la démission du cardinal Barbarin, par le pape François.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le cardinal Barbarin a annoncé mardi, dans une interview à la chaîne KTO qu’il voulait « tourner la page » en se mettant en retrait temporaire de son diocèse. Lundi, le Pape François avait refusé la démission du cardinal, après que celui-ci a été condamné à six mois de prison avec sursis, pour non dénonciation d’abus sexuels. Le pontife souhaitant attendre le jugement en appel.

Caroline Pigozzi, grand reporter à Paris Match et spécialiste du Vatican avait pressenti que le pape ferait ce choix. Sur le plateau d’« On va plus loin », elle en explique les raisons.  Pour la journaliste, le fait que les deux hommes se connaissent bien a dû jouer : « Il y avait entre eux, une relation personnelle ».

Le caractère du pape y est aussi pour quelque chose : « Ce pape est autoritaire, il déteste subir la pression ». Donc pas question de se faire dicter son choix par l’opinion publique : « Il ne faut pas oublier que dans le mot souverain pontife, il y a la souveraineté. Le pape n’a pas à rendre compte devant les tribunaux. Il a à rendre compte en son âme et conscience à Dieu. Donc il fait ce qu’il veut. Je pense qu’il ne veut pas qu’il y ait d’amalgame entre des cardinaux qui ont pratiqué la pédophilie et un cardinal qui n’a pas révélé - qui a supporté - ce que ses prédécesseurs n’avaient pas révélé. »

Pour Caroline Pigozzi, le fait que Philippe Barbarin se mette en retrait « va le reposer » : « Parce que ce n’est pas non plus un homme en bonne santé » assure-t-elle. « Et après ça, le pape lui donnera sûrement une fonction à Rome (…) En dehors du fait qu’il a confiance en lui et qu’il l’aime bien, il y a beaucoup de travail à Rome, il n’y a pratiquement plus de cardinaux français en action. »

La grand reporter voit également dans le choix du pape de refuser la démission de Philippe Barbarin, une « double lecture » : « Le fait que le cardinal Barbarin était donné comme partant, ça a suscité nombre de convoitises (…) Plein de cardinaux se voyaient déjà en place (…) Chacun s’était déjà positionné, et s’était pratiquement distribué les places. C’est tout ce que le pape François déteste (…) Au passage, il a voulu donner une petite leçon à un certain nombre de hauts prélats qui s’y voyaient déjà. »

 

Vous pouvez voir et revoir cet entretien, en intégralité :

OVPL. Affaire Barbarin; entretien avec Caroline Pigozzi, journaliste, grand reporter à Paris Match, spécialiste du Vatican (en intégralité)
07:38

Dans la même thématique

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le