Refus des jauges dans les meetings : « Ce n’est pas être responsable », juge Rachid Temal (PS)
Les jauges ont été rétablies pour les rassemblements. Mais, elles ne peuvent concerner les meetings politiques conformément à la jurisprudence du Conseil constitutionnel. D’eux-mêmes, certains partis comme LREM, le PS ou LR ont décidé d’instaurer des jauges et/ou la présentation du passe sanitaire. D’autres partis s’y refusent.

Refus des jauges dans les meetings : « Ce n’est pas être responsable », juge Rachid Temal (PS)

Les jauges ont été rétablies pour les rassemblements. Mais, elles ne peuvent concerner les meetings politiques conformément à la jurisprudence du Conseil constitutionnel. D’eux-mêmes, certains partis comme LREM, le PS ou LR ont décidé d’instaurer des jauges et/ou la présentation du passe sanitaire. D’autres partis s’y refusent.
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Par Héléna Berkaoui

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La France a dépassé, mercredi, le seuil des 200 000 cas de contamination par jour. Une flambée épidémique fulgurante qui a poussé le gouvernement à prendre de nouvelles mesures sanitaires. Parmi elles : le rétablissement des jauges pour les rassemblements.

Ces jauges ne peuvent, cependant, pas concerner les meetings politiques alors que la campagne présidentielle repartira de plus belle à la rentrée. Le Conseil constitutionnel s’est prononcé contre une telle disposition à deux reprises. Il juge que les activités politiques (mais aussi syndicales et cultuelles) sont exclues du champ du passe sanitaire dans la mesure où elles relèvent « du droit d’expression collective des idées et des opinions ».

L’exception faite pour les meetings politiques a soulevé l’indignation de certains artistes dont les concerts sont reportés. Certains partis politiques ont toutefois décidé, d’eux-mêmes, d’établir des règles sanitaires. Il en va ainsi du parti de la majorité présidentielle, du Parti socialiste, des Républicains et d’Europe-Ecologie-Les-Verts qui instaureront des jauges pour leurs réunions publiques.

Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon se positionnent contre les jauges dans leurs meetings

La France insoumise, le Rassemblement national se refusent, eux, à limiter le nombre de participants. Une position identique pour Éric Zemmour. Le directeur national des événements du candidat d’extrême droite argue, auprès de l’AFP, que « le Conseil constitutionnel a été très clair là-dessus : masque obligatoire et passe sanitaire recommandés ». « Plus il y a de monde, mieux ce sera » sur le plan électoral, ajoute aussi Olivier Ubéda.

« Ce n’est pas être responsable », juge le sénateur socialiste, Rachid Temal. « La campagne électorale doit être menée, même en cette période de crise sanitaire. La démocratie ne peut pas être mise en suspens », insiste le sénateur du Val-d’Oise. Seulement, « il faut être exemplaire ».

« Éric Zemmour et Marine Le Pen flirtent avec le complotisme et Jean-Luc Mélenchon a quitté le domaine de la raison »

Pour Rachid Temal, la décision d’instituer des règles sanitaires dans les réunions publiques est « normale et saine » puisqu’elle vise à assurer la sécurité sanitaire des sympathisants ». A contrario, les réticences des autres partis « démontrent le niveau de ces candidats ». « Éric Zemmour et Marine Le Pen flirtent avec le complotisme et Jean-Luc Mélenchon a quitté le domaine de la raison », tacle l’élu du Val-d’Oise.

Lors de l’examen du projet de loi relatif au passe vaccinal, un amendement en ce sens du député LR, Guillaume Larrivé, a été adopté hier. Il vise à permettre aux organisateurs de soumettre l’entrée de leurs meetings politiques au passe sanitaire (et non vaccinal). Le député LR a, par contre, échoué sur la mise en place des jauges pour ces réunions publiques.

Jauges dans les meetings : « Cette mesure me semble une réponse proportionnée »

René-Paul Savary, sénateur LR de la Marne, espère que cet amendement survivra au Conseil constitutionnel. « Vu les circonstances, cette mesure me semble une réponse proportionnée. Elle permettra également de mettre les candidats sur un pied d’égalité », estime le sénateur LR.

Tout comme son collègue socialiste, René-Paul Savary juge qu’il est indispensable de pouvoir « concilier le débat électoral et la sécurité sanitaire ». Les mesures anticipées de certains partis relèvent pour lui d’une « attitude responsable et républicaine ».

Au Sénat, le débat risque d’être tendu pendant l’examen du texte les 5 et 6 janvier, notamment avec les quelques parlementaires qui s’opposent à l’existence même du passe sanitaire. Le sénateur centriste, Loïc Hervé, est sur cette ligne et le justifie, entre autres, parce que le passe n’empêche pas complètement la transmission du virus.

Le rôle des médias dans la campagne présidentielle

Les médias auront un rôle à jouer affirme Rachid Temal : « Là, où il y a un vrai sujet, c’est sur la présence d’émissions politiques renforcées sur le service public et même sur les chaînes privées ». Et d’évoquer la récente mise en demeure adressée par le CSA à Cnews. Le gendarme de l’audiovisuel reprochait à la chaîne du groupe Bolloré d'avoir relégué aux horaires de nuit la parole du gouvernement et celle de la France insoumise.

« Plus que jamais, il faut que chacun soit responsable », prévient le sénateur socialiste. Lui reste tout de même optimiste et convoque l’exemple de la campagne américaine qui a abouti à la victoire de Joe Biden, « Il a fait des grandes réunions publiques en distanciel et il a gagné ». Un exemple qui fait forcément rêver.

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