Parmi les élus, beaucoup le redoutent depuis de long mois : un nouveau report des élections départementales et régionales. Déjà décalées en juin 2021, les élections pourraient à nouveau être déplacées cet automne face à la persistance de l’épidémie de covid-19.
Mercredi soir, lors de la concertation avec les parlementaires, et conformément à ce qui était prévu, le Premier ministre a indiqué attendre la remise de l’avis du Conseil scientifique le 1er avril pour maintenir ou non les élections régionales en juin. Concrètement, l’option de les reporter n’est pas « écartée », confiait à Public Sénat Patrick Kanner, le patron des sénateurs socialistes. « En gros, il y a une hypothèque mais pas besoin d’être grand clerc pour savoir que si la circulation est haute, une décision sera prise », abondait le président des centristes Hervé Marseille. « Si l’avis du Conseil est négatif, il faudra un nouveau texte », anticipait déjà, lui, le président du groupe écologiste Guillaume Gontard.
Report fin septembre, début octobre
Ce jeudi, le Figaro dévoile que l’exécutif prévoit bien de convoquer les chefs de partis début avril pour convenir d’une décision consensuelle. « L’obsession du Président est de protéger les gens. Il ne prendra pas de décision, y compris le maintien d’une campagne, qui irait à cet encontre. On sent bien, sans trahir de secret, que la situation va plus mal aujourd’hui qu’hier et il serait étonnant que le virus régresse dans quinze jours ou trois semaines », explique au quotidien l’entourage du chef de l’Etat.
C’est bien l’organisation de la campagne électorale qui préoccupe le château. « Si on n’a pas un délai de deux mois pendant lequel les gens peuvent se rencontrer, il est compliqué de faire campagne », poursuit l’Elysée. Un véhicule juridique serait d’ailleurs déjà « quasi-prêt ». Comme le prévoyait Guillaume Gontard, le gouvernement présenterait alors un nouveau texte au Parlement en avril pour reporter les élections cet automne, en septembre ou octobre.
« Je suis persuadé que les régionales n’auront pas lieu en juin »
Une lourde décision qui ne serait pas sans conséquences politiques et techniques. D’abord, il faudra tirer au clair le potentiel chevauchement des comptes de campagne des élections régionales et départementales avec ceux de la campagne présidentielle. Ensuite, parce que certains partis ont fait de cette élection une quasi primaire pour déterminer leur candidat à la présidentielle. Notamment à droite où Xavier Bertrand a fait de sa réélection dans les Hauts-de-France la condition sine qua non de sa présence à la course à l’Elysée.
Décaler les élections bouleverserait l’agenda des Républicains qui doivent se retrouver début septembre pour départager les nombreux candidats putatifs. « Je ne conçois pas qu’on puisse reporter une échéance démocratique », s’est inquiété sur Sud Radio mardi le secrétaire général de LR Aurélien Pradié, lui-même candidat aux régionales en Occitanie. Pourtant, l’état-major des Républicains se prépare à la perspective d’un report depuis quelque temps. « Je suis persuadé que les régionales n’auront pas lieu en juin. On y réfléchit », nous confiait il y a quelques semaines un ténor de la rue de Vaugirard. Rendez-vous en avril.