Réparer une "injustice" et quelques humiliations aussi: 28 anciens tirailleurs sénégalais ont été "réintégrés" samedi dans la nationalité...
Réparation d’une « injustice »: 28 tirailleurs sénégalais redeviennent Français
Réparer une "injustice" et quelques humiliations aussi: 28 anciens tirailleurs sénégalais ont été "réintégrés" samedi dans la nationalité...
Par Hervé ASQUIN
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Réparer une "injustice" et quelques humiliations aussi: 28 anciens tirailleurs sénégalais ont été "réintégrés" samedi dans la nationalité française par François Hollande sous les ors de l'Elysée, six décennies après en avoir été privés par l'indépendance des colonies africaines de la France.
Fragiles octogénaires appuyés pour la plupart sur une canne, la poitrine bardée de médailles, ils s'étaient illustrés autrefois sous la bannière tricolore en Indochine ou en Algérie et ont entonné, certains avec les larmes aux yeux, la Marseillaise.
François Hollande a célébré ces "retrouvailles" avant de remettre à chacun d'entre eux le décret qui en fait de nouveau un citoyen français. Il a "fallu mener un long combat pour que la France consente enfin à réparer cette injustice", a-t-il reconnu.
"Vous êtes l'histoire de France" et celle-ci a une "dette de sang" à votre égard, a-t-il lancé devant ces anciens combattants nés dans les années 30. Parmi eux figurent 23 Sénégalais mais aussi deux Congolais, deux Centrafricains et un Ivoirien.
François Hollande (D) préside à l'Elysée une cérémonie de réintégration dans la nationalité française de 28 anciens tirailleurs sénégalais, le 15 avril 2017
POOL/AFP
"C'est l'aboutissement d'un long combat", s'est réjouie dans les mêmes termes Aïssata Seck, adjointe à la maire de Bondy (Seine-Saint-Denis) et dont la pétition signée par 60.000 personnes, dont de nombreuses célébrités, était à l'origine de cette cérémonie.
"Ces Français par le cœur sont dans des situations terriblement précaires. Munis de simples cartes de séjour, ces retraités n’ont d'autre choix que de rester seuls sur le territoire français. Partir finir leur vie au Sénégal, près de leurs familles, signifierait perdre leurs faibles pensions", expliquait-elle dans sa pétition.
D'autres cérémonies similaires devraient suivre, dans le cadre moins solennel de préfectures. "Tous les anciens tirailleurs qui résident en France et qui en feront la demande bénéficieront de la même réponse" positive, a assuré François Hollande. Ils seraient encore quelques dizaines, selon l'Elysée.
- 'Couverts de gloire' -
"Aujourd’hui, je pose un nouveau principe: ceux qui se sont battus pour la France et qui font le choix d’y vivre doivent pouvoir devenir Français", a insisté le président de la République.
La cérémonie de l'Elysée était la réplique de celles qui se déroulent plus sobrement dans les préfectures avec leur petit film institutionnel expliquant aux Français nouvellement naturalisés que l'histoire de France devient leur histoire. Un petit film qui résonnait dans le cas présent curieusement alors que ces 28 Français ont fait l'histoire de France.
François Hollande (D) à l'Elysée lors d'une cérémonie de réintégration dans la nationalité française de 28 anciens tirailleurs sénégalais, le 15 avril 2017 à Paris
POOL/AFP
Jeune militaire, Abdoulaye Diop, 82 ans, avait roulé sa bosse en Algérie, en Nouvelle-Calédonie ou à Tahiti. Pour lui, cette cérémonie restera comme une "réparation" après l'"injustice flagrante" du refus d'une première demande de réintégration. Mais dans quelques jours, a-t-il dit, il sera "fier d'aller voter" pour la présidentielle.
Même sentiments mêlés pour Mohamed Touré, 83 ans, qui a subi comme une "humiliation" les tests de langue de rigueur mais a rendu hommage à François Hollande, qui "a fait ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait imaginé".
Lui aussi ira voter mais sans savoir encore "pour qui". La dernière fois, s'est-il souvenu, c'était "pour un référendum", quand il était encore "militaire français".
Les 28 tirailleurs honorés à l'Elysée (dont l'un s'était fait représenter) incarnent la "dernière génération" d'une longue lignée de combattants africains, engagés volontaires ou enrôlés d'autorité dans les rangs de l'armée française.
Si les premiers régiments ont été formés au Sénégal, ces "tirailleurs sénégalais" à la célèbre chéchia rouge étaient originaires de toutes les colonies françaises, de l'Afrique de l'ouest et du centre, jusqu'à Madagascar.
"On sait qu'ils étaient plus de 200.000 hommes lors de la Première Guerre mondiale, 150.000 pour la Seconde, 60.000 en Indochine…", explique l'historien Julien Fargettas, auteur d'un ouvrage consacré à ces "soldats noirs".
Ils se sont "couverts de gloire sur tous les fronts", a souligné pour sa part François Hollande, rappelant qu'il serait dimanche au Chemin des Dames pour commémorer le centenaire de cette offensive, où figuraient "en première ligne" ces tirailleurs venus de si loin.
Les propos tenus début octobre par Edouard Philippe contre Emmanuel Macron, ont trouvé un large écho dans l’opinion, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. L’ancien chef de gouvernement a évoqué la possibilité d’un départ anticipé du président pour sortir de la crise politique. Néanmoins, cette déclaration n’a pas suffi à enrayer sa baisse de popularité.
Sondage. Huit ans après son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron atteint son plus bas niveau de popularité depuis le début de son premier quinquennat. Selon le dernier baromètre Odoxa d’octobre 2025, le chef de l’État ne convainc plus, pour les sondés il cumule tous les défauts sans plus susciter la moindre adhésion.
Echaudés par l’attitude de l’exécutif, les présidents des groupes du socle commun du Sénat ont été reçus ce lundi par le premier ministre, qui s’était concentré sur les députés jusqu’ici. S’il devrait aller défendre en personne sa position sur la taxe Zucman à l’Assemblée, Sébastien Lecornu n’a pas encore trouvé d’accord avec le PS sur ce point. Il « négocie au jour le jour »…
En commission mixte paritaire, députés et sénateurs sont parvenus, sans surprise, à un accord sur la proposition de loi transpartisane visant à reporter la proposition de loi organique visant à reporter les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie en juin 2026 conformément au calendrier indicatif défini dans l’accord de Bougival.