Dans la crainte de laisser les acteurs du web se tailler la part du lion, les petits commerces demandaient de pouvoir rouvrir le 27 novembre, date prévue pour la grande braderie du « Black Friday ». Finalement, sous la pression de l’exécutif, un report global de l’opération promotionnelle a été acté. Les sénateurs saluent ce report, mais regrettent un manque de vision à moyen terme.
Report du Black Friday : une fausse solution pour un vrai problème, selon les sénateurs
Dans la crainte de laisser les acteurs du web se tailler la part du lion, les petits commerces demandaient de pouvoir rouvrir le 27 novembre, date prévue pour la grande braderie du « Black Friday ». Finalement, sous la pression de l’exécutif, un report global de l’opération promotionnelle a été acté. Les sénateurs saluent ce report, mais regrettent un manque de vision à moyen terme.
Par Steve Jourdin
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« Cette année, le ‘Black Friday’ aura lieu le 4 décembre », a annoncé ce jeudi le directeur général d’Amazon France lors de son passage au journal de 20 h de TF1. Acteur incontournable de l’opération, le géant d’internet a répondu favorablement aux demandes du gouvernement. Au Sénat, mercredi, Bruno Le Maire avait appelé les acteurs économiques à décaler la date du Black Friday. Alors que les commerces non essentiels sont fermés, certains patrons redoutaient une distorsion de concurrence. L’année dernière, l’événement avait généré 6 milliards d’euros de chiffre d’affairesselon Bercy.
En donnant son accord à un report d’une semaine, la grande distribution accepte « de jouer le jeu » à en croire Sylvie Vermeillet, sénatrice centriste du Jura. « Je suis très heureuse de cette décision des acteurs d’Internet. C’est un signe de respect envers les commerçants », note celle qui dénonçait mercredi une « mise à mort » des petits commerces.
Mais le plus dur reste encore à faire: « Il faut maintenant que le gouvernement autorise la réouverture des petits commerces pour le week-end du 28 novembre. En leur permettant de rouvrir une semaine avant le Black Friday, on leur donnerait la possibilité de se remettre en selle, et de rattraper un peu le chiffre d’affaires perdu. »
Une fausse solution pour un vrai problème
Pour l’heure, si la date du 28 novembre est ouvertement évoquée du côté de la majorité présidentielle, la réouverture des commerces non alimentaires n’a pas été validée par le gouvernement. « Le report du Black Friday n’est qu’une manière de faire passer la pilule », soupire Sophie Primas (LR), qui redoute que derrière le décalage de l’événement se cache la volonté du gouvernement de ne pas rouvrir les commerces avant décembre. « On braque les projecteurs sur Amazon, mais cela ne résout pas le problème des commerçants. On les empêche d’exercer leur profession à un moment stratégique de l’année. Plus on recule la date de leur réouverture, plus les gens vont, le moment venu, se bousculer dans les magasins à l’approche de Noël ». Cet atermoiement aura des effets économiques pervers selon la sénatrice des Yvelines, car les consommateurs se rabattront in fine sur internet pour éviter les foules. « Il aurait fallu permettre aux commerçants d’ouvrir dès le 27 novembre, en concertation avec les élus locaux » regrette la présidente de la commission des Affaires économiques.
Une manque de concertation également souligné sur les bancs socialistes.« C’est une politique du coup de menton ! » lance Patrick Kanner (PS), qui déplore la méthode choisie par l’exécutif. « Le gouvernement veut faire les gros bras. Mais la vraie question est la réouverture des petits commerces. Il est quand même curieux qu’un gouvernement qui se prétend libéral gère cette crise de manière aussi centralisée. Cela ressemble fortement à une économie administrée », juge le président du groupe socialiste. Plusieurs sénateurs pointent aussi les incohérences du gouvernement : « On se trouve toujours dans un roman de Kafka », ironise la sénatrice Christine Lagarde (LR). « Personne ne peut comprendre qu’on puisse acheter certains produits non essentiels sur internet et pas dans les magasins, dans lesquels le protocole sanitaire est souvent bien respecté. La décision de reporter le Black Friday est une manière de corriger ce qui paraissait ubuesque », selon l’élue des Hauts-de-Seine.
L’avenir du petit commerce
Ce qui se joue actuellement semble dépasser la simple décision de report du Black Friday. « J’ai reçu ce matin trois mails venant de grandes enseignes. Elles ont déjà lancé leur opération commerciale. Officiellement, il n’y aura donc pas de Black Friday le 27 novembre. Dans les faits, il a déjà commencé ! », note d’un ton railleur Patrick Kanner (PS), avant de proposer de repabtiser l’événement : « Pourquoi pas White Saturday ? ». Venu des États-Unis, le Black Friday est en effet une opérationd'initiative privée, et le gouvernement n’est pas, contrairement aux dates des soldes, décisionnaire en matière de calendrier.
Alors que l’association UFC-Que Choisir met en garde contre les pratiques commerciales trompeuses organisées à l’occasion du Black Friday le sénateur communiste Éric Bocquet évoque, lui , une « victoire à la Pyrrhus » pour le gouvernement. « « Avec le report du Black Friday, on est dans le registre de la pure communication. Nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux (…). « Reporter le Black Friday n’est pas un exploit. C’est plutôt bien orchestré, Amazon et le gouvernement y trouvent chacun leur compte. Mais le vrai débat est de freiner les progrès du numérique. Il faut fiscalement imposer les sociétés comme Amazon, qui sont dans une situation de concurrence déloyale », d’après le vice-président de la commission des finances.
Dans le cadre du budget 2021, dont l’examen a débuté jeudi à la Haute assemblée, des sénateurs de droite comme de gauche militent pour une taxe sur la vente en ligne afin d’aider les petits commerces . En juillet, le gouvernement s’était dit prêt à « avancer sur ces sujets ».
Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».
Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.
A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.
Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.
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