Retour d’un groupe écologiste au Sénat, «prolongation de la vague verte» des municipales

Retour d’un groupe écologiste au Sénat, «prolongation de la vague verte» des municipales

Après leurs bons scores aux municipales, les écologistes transforment l’essai. Six sénateurs EELV arrivent à la Haute assemblée au soir des sénatoriales. Avec les sénateurs déjà présents, ils vont pouvoir former de justesse un groupe écologiste.
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C’est fait. Il y aura de nouveau un groupe écologiste au Sénat. Entre les sénateurs sortants et les nouveaux élus, le compte est bon. Il pourrait y avoir un total de 12 sénateurs à la fibre écolo prêts à former un groupe cette semaine. Au Sénat, il faut être au moins 10 pour se constituer en groupe. Ce serait donc juste, mais ça passe.

Les écolos font ainsi leur retour à la Haute assemblée. De 2012 à 2017, il avait déjà un groupe, présidé par Jean-Vincent Placé. C’était alors le premier groupe écologiste de la Ve République.

De la tension au soulagement

Après la vague verte des municipales, où les écologistes ont remporté avec la gauche Lyon, Bordeaux, Marseille ou Strasbourg, les écolos avaient déjà fait une bonne partie du chemin dans une élection où les conseillers municipaux représentent 96% les grands électeurs. Mais ce n’était pas toujours suffisant.

En fin d’après-midi, Salle des conférences, au Sénat, les élus écolos n’étaient pas encore à l’heure du soulagement. Sur l’épaisse moquette rouge, Guillaume Gontard et Sophie Taillé-Polian attendent, l’air presque inquiets. Esther Benbassa arrive : « On attend, on attend ». Elle vient d’apprendre que la candidate EELV en Haute-Savoie a perdu. Mais quelques minutes plus tard, les bonnes nouvelles arrivent.

EELV se renforce avec six nouveaux élus

Pour former un groupe, les écologistes pourront donc s’appuyer sur les sénateurs déjà présents. A commencer par Esther Benbassa, la seule encore membre d’EELV avant le scrutin. Elle siège au groupe CRCE (communiste), tout comme Guillaume Gontard. Au groupe RDSE, Ronan Dantec et Joël Labbé, deux anciens d’EELV, rejoindront aussi le groupe. Sophie Taillé-Polian, sénatrice Génération.s, qui siège actuellement au groupe PS, sera aussi de la partie.

Du côté des nouveaux élus, EELV envoie six nouveaux sénateurs à la Haute assemblée : deux dans le Rhône, avec Thomas Dossus et Raymonde Poncet, un dans le Bas-Rhin, avec Jacques Fernique (voir notre reportage sur le département), une en Gironde, avec Monique de Marco, et un autre dans les Bouches-du-Rhône avec Guy Benarroche. Moins attendu, les écologistes arrivent aussi à faire élire un sénateur en Ille-et-Vilaine, avec Daniel Salmon.

Pour arriver à un total de 12 sénateurs, il faut aller chercher du côté de l’Ile de Beauté. Le nationaliste Corse Paul Toussaint Parigi, élu sénateur de la Haute-Corse, pourrait aussi rejoindre le groupe, alors qu’EELV a toujours défendu les langues régionales et le régionalisme.

Esther Benbassa candidate pour présider le groupe

« Je l’ai contacté au début de la semaine » explique Esther Benbassa, qui « espère avoir un groupe divers, avec un vote libre, des opinions variées, mais autour du projet écologiste ».

La sénatrice de Paris ne cache pas son ambition pour la tête du futur groupe : « Je me présenterai à la présidence du groupe » rappelle-t-elle sur Public Sénat, « très contente qu’on puisse ajouter une pierre à l’édifice à cette société écologique que nous voulons créer ».

« Ça va être un souffle démocratique au Sénat »

« Qu’il n’y ait pas d’expression des écologistes au Sénat, c’était une aberration » souligne pour sa part Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique. « C’est la prolongation de cette vague verte » s’est réjoui Thomas Dossus dans le Rhône, « ça va être un souffle démocratique au Sénat ». Il entend « porter la question de l’urgence climatique » à la Haute assemblée.

« Ils ont fait plus d’élus que nous ne l’imaginions » n’a pu que constater dimanche soir le sortant LR du Rhône, François-Noël Buffet, qui ne fait que deux sièges. Il ajoute : « Il appartient à la majorité sénatoriale de prendre en main ce sujet ». Même un ancien d’EELV, parti rejoindre LREM, André Gattolin, salue ce retour des écolos : « Je suis très content qu’un groupe écologiste se crée, il est important qu’ils aient leur part dans le débat ».

L’union de la gauche est un combat

Si EELV remporte des sièges, il n’a pu le faire seul. Sans le PS, les résultats auraient été différents. Patrick Kanner, président du groupe PS, a bien noté que cette « dynamique d’union est favorable à la gauche, quand elle était rassemblée ». Les deux formations n’ont pas réussi à faire d’accord national, mais uniquement dans quelques départements.

Laurence Rossignol, sénatrice PS de l’Oise, veut y voir « une leçon pour l’union », « quand le rassemblement de la gauche fonctionne, ça fait des élus pour tout le monde ». L’ancienne ministre pointe en revanche la division qui a aussi pu faire perdre quelques sièges. Elle le fait sans pincette, Esther Benbassa à ses côtés : « Nous avons perdu des sièges à cause des candidats écolos, je pense en particulier dans les Deux-Sèvres, où une candidate remarquable a perdu de peu de voix, car un écologiste s’est maintenu au deuxième tour avec aucune chance d’être élu » souligne Laurence Rossignol (voir vidéo ci-dessous). « On a passé des accords » répond Esther Benbassa, mais « on ne va pas commencer à dire qu’on a perdu à cause des écologistes. Nous, dans de nombreuses régions, les socialistes ne nous ont pas laissés de place ». L’union de la gauche est définitivement un combat.R

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