Après son offre de compromis aux syndicats modérés, le gouvernement a poursuivi lundi ses tentatives pour désamorcer le conflit sur les...
Retraites: après l’esquisse de compromis du weekend, une sortie de crise incertaine
Après son offre de compromis aux syndicats modérés, le gouvernement a poursuivi lundi ses tentatives pour désamorcer le conflit sur les...
Par Benoît FAUCHET, avec les bureaux régionaux de l'AFP
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Après son offre de compromis aux syndicats modérés, le gouvernement a poursuivi lundi ses tentatives pour désamorcer le conflit sur les retraites, en rencontrant avocats et enseignants avant de nouvelles mobilisations dans la semaine contre son projet de régime par points.
"On est loin d'être à la fin de l'histoire (...) et il va falloir continuer à peser", a prévenu le numéro un de la CFDT, reconnaissant qu'il n'avait "pas la solution de la sortie de crise", au 40e jour de grève dans les transports.
Laurent Berger avait salué comme une "victoire" dimanche le retrait, par le Premier ministre Édouard Philippe, de la mesure prévoyant, à partir de 2022, un malus pour ceux qui partiraient avant un "âge pivot".
Mais le gouvernement l'a assorti de l'obligation, à travers une conférence de financement, de trouver avant fin avril des solutions alternatives pour que le régime soit à l'équilibre en 2027, et a confirmé que le futur système universel comporterait un âge d'équilibre, autrement dit un âge pivot, modulable selon les carrières.
La marge de manœuvre laissée aux partenaires sociaux est étroite, le gouvernement ayant exclu toute baisse de pension ou "augmentation du coût du travail". Le spectre de la négociation avortée de l'assurance chômage est également dans tous les esprits: faute d'accord entre partenaires sociaux, le gouvernement avait changé les règles au grand dam des syndicats.
Le leader de la CGT Philippe Martinez au dépôt de bus RATP de Vitry-sur-Seine, près de Paris, le 13 janvier 2020
AFP
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, s'est d'ailleurs interrogé dès dimanche sur l'utilité de participer à la conférence de financement: "Qu'est-ce qu'on va aller faire dans une conférence où on ne va pas discuter de tout?"
- Augmentations de salaires pour les profs -
Le gouvernement s'est engagé lundi soir à consacrer 500 millions d'euros à des augmentations de salaires pour les enseignants dès 2021, a annoncé l'entourage du ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer après une rencontre avec les organisations syndicales.
Les mouvements de grève les plus longs en France depuis 1985
AFP
Au total, le gouvernement s'est engagé à réserver 10 milliards d'ici 2037 pour améliorer les salaires des enseignants, qui seront très défavorisés par le nouveau système de retraite par points. Mais la répartition de ces hausses reste inconnue: les augmentations ne seront pas les mêmes pour des profs en début ou en milieu de carrière, ou pour ceux nés après 1975, donc concernés par la réforme des retraites, et les autres.
Massivement mobilisés encore lundi partout en France, les avocats ont également été reçus par la ministre de la Justice Nicole Belloubet mais sont sortis déçus. La présidente du Conseil national des barreaux (qui représente 70.000 avocats), Christiane Féral-Schuhl, a déclaré n'avoir reçu "aucune nouvelle proposition" mais avoir néanmoins "senti que nos interlocuteurs étaient très préoccupés par la situation de crise".
Manifestation des avocats du barreau de Lyon, le 13 janvier 2020
AFP
Le mouvement des avocats a eu pour conséquence notable la suspension jusqu'à mardi du procès à Lyon de l'ex-prêtre Bernard Preynat, poursuivi pour agressions pédophiles.
Le projet de réforme prévoit notamment de doubler les cotisations retraite (de 14 à 28%) pour les avocats gagnant moins de 40.000 euros par an. Les avocats perdraient en outre le bénéfice d'une pension minimum à 1.400 euros net, selon le CNB.
Les assemblées générales de ce début de semaine ont commencé à donner une indication sur la poursuite du mouvement à la SNCF et à la RATP, certaines l'actant déjà jusqu'à vendredi. Des fédérations de l'Unsa et de la CFDT, grévistes en dépit de l'appui de leurs centrales à la réforme à points, ont déjà décidé de s'inscrire également dans la poursuite du mouvement.
Dans le cortège de la manifestation du 11 janvier 2020 à Paris contre la réforme des retraites
AFP
"Tous ceux qui incitent (les grévistes) à poursuivre la grève les envoient peut-être dans une impasse (...), je pense qu'ils devraient prendre leurs responsabilités", a exhorté dimanche Édouard Philippe. Lundi, le taux de grévistes à la SNCF était au plus bas depuis le 5 décembre, à 4,3%.
Côté trafic, la situation continue de s'améliorer pour mardi, avec 8 TGV sur 10 en circulation, 3 TER sur 4 et 7 Transilien sur 10. La RATP a annoncé que toutes les lignes de métro seraient ouvertes mais fonctionneraient souvent partiellement, avec de moindres fréquences ou à certains horaires seulement.
La CGT a appelé à "poursuivre le combat" par une nouvelle opération "ports morts" mardi. Elle a aussi appelé à bloquer les deux plus gros centres fiduciaires du pays mais il n'y a "aucun risque de pénurie" de billets à craindre, a assuré la Banque de France.
Mardi, Muriel Pénicaud recevra les partenaires sociaux pour discuter pénibilité et emploi des seniors. Deux thèmes sur lesquels la ministre du Travail souhaite dégager de "grandes orientations" avant la présentation du projet en Conseil des ministres le 24 janvier.
L'impopularité du Premier ministre est bien moindre que celle du chef de l’Etat : Sébastien Lecornu bénéficie de 35% d’opinions favorables contre 21% pour Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre Odoxa de décembre 2025. Cet écart s'est même creusé, puisque le locataire de Matignon a progressé de 5 points depuis octobre tandis que le président stagne.
59% des Français sont disposés à se reporter sur un candidat qui ne bénéficie pas de leurs faveurs politiques afin d'empêcher LFI de l’emporter aux prochaines municipales. Ce chiffre dépasse de loin les 44% qui se disent prêts à faire de même contre le RN, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. C’est au sein de la droite et du centre que le sentiment anti-LFI s’exprime avec le plus de force.
Comme lors des précédentes élections municipales, le thème de la « sécurité et de la lutte contre la délinquance » se dégage largement comme prioritaire pour 50% des Français interrogés, en particulier chez les sympathisants de droite et d’extrême droite, dans un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. La santé et le niveau des impôts locaux suivent, avec 35% de citations chacun.
Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.