Retraites : Julien Denormandie assure le service après-vente d’une réforme assouplie

Retraites : Julien Denormandie assure le service après-vente d’une réforme assouplie

Julien Denormandie, soutien du candidat Emmanuel Macron, a exposé la « vision » du président sortant sur la réforme des retraites, dans Audition Publique, ce 11 avril 2022. Consultation des Français, réforme « progressive » : le ministre a fait le service après-vente d’assouplissement d’une réforme qui crispe des millions de Français. Le ministre promet également des « avancées » sur le volet environnemental, cher aux électeurs de gauche, qu’il faut désormais convaincre.
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Emmanuel Macron va-t-il modifier son projet de réforme des retraites ? Au premier jour de la campagne pour le second tour, le candidat se dit prêt à « bouger » sur le « rapport au temps », « s’il y a trop de tensions ». En visite dans les Hauts-de-France ce 11 avril, le chef de l’Etat cherche à décrisper le débat sur cette proposition de campagne sensible. « On ne va pas le faire du jour au lendemain. Tout ça se discute. »

C’est également le message qu’a fait passer ce soir dans Audition Publique (Public Sénat / LCP-Assemblée nationale / Le Figaro Live), son ministre Julien Denormandie. « C’est quoi la vision ? C’est aujourd’hui, on le sait tous, il va nous falloir progressivement travailler plus longtemps. C’est soit ça, soit l’arrêt de notre système auquel on est tant attaché. » Le ministre de l’Agriculture, qui était pressenti un temps comme directeur de campagne, éclipse volontairement la référence à 65 ans mais affirme que « personne » ne souhaite une réduction des pensions, ni une augmentation des cotisations.

Du côté de la méthode, là aussi, Emmanuel Macron a évolué. Il n’exclut pas de consulter directement les Français. « Utiliser le référendum sur quelle que réforme que ce soit, tels furent ses termes, il n’exclut pas. Parce que c’est un outil à disposition de notre démocratie qui est important », insiste Julien Denormandie.

Quant à la concertation, elle ne sera pas seulement réservée aux partenaires sociaux. Elle sera aussi « politique ». « C’est une concertation à la fois avec les syndicats, et une concertation à la fois politique. Si on veut mener de telles réformes, il est évident qu’il faut le faire avec une méthode qui soit extrêmement ouverte, qui tienne compte des avis, y compris exprimés par les Français », détaille Julien Denormandie. Opération déminage à moins de deux semaines d’un second tour qui s’annonce plus serré qu’il y a cinq ans.

Signe de la nécessité de parler à la gauche, et notamment aux 21,9 % de Français qui se sont portés sur Jean-Luc Mélenchon, le ministre de l’Agriculture répond qu’il faut agir sur le climat. « Les avancées qu’on doit faire sur le changement climatique et sur l’écologie, c’est très important. Vous avez hier des millions de Français qui ont envoyé un signal très clair en disant que ça doit être une priorité du prochain quinquennat. »

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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