Retraites: le conflit suspendu aux annonces du gouvernement, les opposants dans la rue
Le conflit des retraites était suspendu samedi aux annonces du gouvernement, promises par le Premier ministre, alors que les opposants étaient à...
Par Marie-Pierre FEREY
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Le conflit des retraites était suspendu samedi aux annonces du gouvernement, promises par le Premier ministre, alors que les opposants étaient à nouveau dans la rue partout en France pour cette 38e journée de grève.
Plusieurs milliers de manifestants ont commencé à défiler en début d'après-midi dans la capitale entre Nation et République. Devant le cortège syndical bon enfant, plusieurs centaines de manifestants, dont certains masqués ou cagoulés, ont brisé des vitrines et jeté des projectiles en direction des forces de l'ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.
Sacha Lantas, avocat au barreau de Paris, défile avec ses collègues en robe contre "la hausse des cotisations prévue par la réforme, qu'on devra répercuter dans les honoraires et qui va priver d'accès au droit les clients les plus démunis".
Céline, 43 ans, enseigne les lettres dans un lycée classé "politique de la ville" du 94 et est "doublement mobilisée, pour les retraites et contre la réforme du bac qui va pénaliser les lycées de banlieue."
Les féministes se taillent un franc succès dans le défilé parisien avec une chorégraphie en bleu de travail et une chanson clamant "la chute des pensions pour Fatou et Marion, à cause de Macron".
D'autres manifestations avaient lieu partout en France. A Toulouse dans la matinée, la police avait compté 3.000 manifestants (20.000 pour la CGT). Au moins 2.000 personnes défilaient à Rennes, avec des pancartes proclamant "Je ne ferai pas les poubelles pour manger à la retraite" ou "soignante, je veux des lendemains qui chantent".
Des manifestants dans des nuages de gaz lacrymogène lors de la manifestation parisienne contre la réforme des retraites, le 11 janvier 2020
AFP
Un millier de "gilets jaunes" et 2.000 à 3.000 manifestants ont commencé à manifester avec retard à Marseille après un vif épisode de tension entre les premiers et un membre du service d'ordre de la CGT. A Bordeaux, les manifestants étaient plusieurs milliers, et près de 2.000 à Lille, selon des journalistes de l'AFP.
A Nantes, des black blocks ont attaqué la préfecture avec des projectiles. Ils ont été repoussés par les forces de l'ordre qui ont fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau, a constaté un photographe de l'AFP.
Edouard Philippe s'est engagé vendredi, au terme d'une nouvelle journée marathon de bilatérales avec les partenaires sociaux, à leur adresser samedi "par écrit des propositions concrètes" qui pourraient former "la base d'un compromis".
La manifestation parisienne contre la réforme des retraites, le 11 janvier 2020
AFP
Philippe Martinez (CGT), en pointe dans la mobilisation contre la réforme, a redit que son organisation n'avait "pas changé d'avis" après 5 semaines de conflit et fustigé un projet de loi que "personne ne comprend" et dont beaucoup d'aspects "seront réglés par des décrets".
- Incidents -
Si "on nous annonce un recul en tout ou partie sur l'âge pivot, ce sera le produit de la mobilisation, cela ne peut que nous conforter", a noté Yves Veyrier (FO), qualifiant la réforme des retraites de "pire idée de ce quinquennat".
Manifestation contre la réforme des retraites, le 11 janvier 2020 à Paris
AFP
Le gouvernement est très attendu sur l'âge pivot qui doit progressivement inciter les Français à partir à 64 ans sous peine de se voir infliger un malus.
La CFDT, favorable au régime par points mais fermement opposée à l'âge pivot, organisait ses propres rassemblements samedi, dont un à Paris dans la matinée. "C'est une mesure aveugle qui n'a pas lieu d'être dans le projet de loi", a redit vendredi son dirigeant Laurent Berger.
Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, présent dans la manifestation parisienne, a estimé qu'il n'y avait "rien" à attendre de la lettre du Premier ministre, qui "va faire des saupoudrages, de la politicaille à l'ancienne: on fait des phrases ambiguës, on cède des choses sans les céder".
Le Premier ministre a redit vendredi "la détermination du gouvernement" à présenter ce projet de système universel de retraite le 24 janvier en Conseil des ministres et de le soumettre à l'examen en séance publique à l'Assemblée nationale à compter du 17 février pour qu'il puisse être adopté avant l'été.
Un éventuel compromis ne se traduira pas forcément par l'arrêt des perturbations dans les transports car la CGT, FO et Solidaires réclament pour leur part le retrait pur et simple du projet.
Agnès Buzyn, Edouard Philippe et Laurent Pietraszewski lors de rencontres bilatérales avec syndicats et patronat, le 10 janvier 2020 à Paris
POOL/AFP
Le trafic SNCF reste perturbé ce week-end avec 80% des TGV, un TER sur deux et 40% des Transilien, tandis que la RATP évoque une "nette amélioration" par rapports aux derniers week-ends.
Jeudi, 452.000 manifestants étaient déjà descendus dans la rue contre le projet de réforme, selon le ministère de l'Intérieur, dont 56.000 dans la capitale. Selon la CGT, ils étaient 1,7 million, dont 370.000 à Paris.
Les mouvements de grève les plus longs en France depuis 1985
AFP
L'intersyndicale a appelé à poursuivre le mouvement avec une "journée de grève et de convergence interprofessionnelle" mardi, et des "initiatives déclinées sous toutes les formes" mercredi et jeudi.
Flavien, agent RATP sur la ligne 2, en grève depuis 38 jours, qui manifestait à Paris s'interroge sur la suite de la grève: "ça va être compliqué, on ne sent pas un réel engagement national, on ne va pas tenir éternellement".
La CGT a appelé à maintenir le blocage des expéditions de carburants des raffineries jusqu'au 16 janvier inclus, et a déposé un préavis de grève "reconductible bloquante" à partir du 13 dans deux centres de la Banque de France qui traitent plus du quart des billets du pays.
Manifestation contre la réforme des retraites, le 11 janvier 2020 à Nantes (Loire-Atlantique)
AFP
La grève historique continuait samedi à l'Opéra de Paris, avec l'annulation de la représentation du Barbier de Séville, et à Radio France, qui en est à son 40e jour de grève.
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a interpellé ce 7 mai, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre François Bayrou sur les projets de référendum évoqués ces derniers jours par l'exécutif.
Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.