"Occasion de perdue" pour la CFDT, "profondément scandaleux" selon la CGT, "inacceptable" aux yeux de FO: qu'ils soient plutôt favorables ou hostiles à la réforme des retraites, les syndicats ont déploré samedi le recours à l'article 49-3 de la Constitution.
Le Premier ministre Edouard Philippe a engagé samedi la responsabilité du gouvernement pour faire adopter le texte sans vote, après avoir obtenu le feu vert du Conseil des ministres à la mi-journée.
"On déplore que le débat de fond soit encore escamoté, c'est une occasion de perdue", a regretté auprès de l'AFP le négociateur retraites de la CFDT, Frédéric Sève.
"Le Premier ministre s'est engagé à présenter un texte différent qui intègre des améliorations mais sans prendre en compte à ce stade notre demande prioritaire: la pénibilité qui touche les travailleurs soumis aux manutentions de charges lourdes, aux postures pénibles, aux vibrations mécaniques et aux risques chimiques ne donnera toujours pas droit à réparation et à un départ anticipé", a regretté la première centrale syndicale française plus tard dans un communiqué.
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, à Paris le 13 février 2020
AFP/Archives
Pour son secrétaire général Laurent Berger, "le gouvernement vient de faire le choix du 49-3, mais pas encore celui de la justice sociale".
"Inquiet sur le contenu du texte", il demande, dans une interview au Parisien, d'améliorer le projet de loi sur plusieurs points: outre la pénibilité, il cite la sécurisation des transitions d'un régime à l'autre, la pension minimale à 85% du Smic dès 2022, une majoration par enfant forfaitisée...
Pour son homologue de la CGT, Philippe Martinez, "l'attitude du gouvernement est profondément scandaleuse, et donc il y aura une réaction à la hauteur".
Le dirigeant cégétiste a indiqué à l'AFP que l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU et organisations de jeunesse) opposée au système universel de retraite à points se réunirait lundi matin pour discuter d'une nouvelle mobilisation "dès la semaine prochaine". C'est-à-dire "à l'occasion du débat sur le 49-3 et l'éventuelle motion de censure", a-t-il précisé.
- "Réagir à ce coup de force" -
Fatigués après deux mois et demi de conflit et dix journées interprofessionnelles entre le 5 décembre et le 20 février, l'intersyndicale avait prévu une 11e date de mobilisation éloignée, le 31 mars. Le recours au 49-3 a changé la donne. "C'est pas nous qui avons modifié le calendrier, c'est le gouvernement", a relevé samedi Philippe Martinez.
Le numéro un de FO, Yves Veyrier, à Paris le 13 février 2020
AFP/Archives
"Quand on n'arrive pas à convaincre, on peut contraindre, c'est typiquement ce que fait le gouvernement", a-t-il accusé.
Le responsable cégétiste a critiqué la méthode de l'exécutif, "qui a fait un Conseil des ministres extraordinaire ce (samedi) matin pour parler du problème sanitaire qui frappe notre pays et la planète (le coronavirus, NDLR), puis en est ressorti avec un 49-3. C'est pour le moins étrange".
"La situation de crise relative à l'épidémie de coronavirus" exigeait pour le numéro un de FO, Yves Veyrier, "la plus grande solidarité nationale et par voie de conséquence l'apaisement, a fortiori sur un sujet aussi controversé, où le gouvernement est de plus en plus isolé". L'attitude de l'exécutif "est incompréhensible et inacceptable", a-t-il tweeté.
"Voici venir le temps de la violence institutionnelle avec le 49-3", a cinglé le président de la CFE-CGC, François Hommeril, sur le même réseau social.
Rassemblement devant l'Assemblée nationale à Paris le 29 février 2020 pour protester contre le recours au 49-3
AFP
Sur Twitter également, la CFTC a regretté "d'en arriver au 49-3" après deux ans de concertation. Mais pour son président Cyril Chabanier, "le combat continue devant le Sénat et l'Assemblée nationale en 2e lecture" pour "une vraie reconnaissance de la pénibilité" et "des carrières longues".
Selon Solidaires, "la réponse du gouvernement est donc, après le mépris du dialogue social, celle d'un passage en force", d'"un véritable déni de démocratie". Dans un communiqué, l'union syndicale a indiqué avoir "pris contact avec les autres membres de l'intersyndicale pour réagir ensemble rapidement à ce coup de force".
"La réponse commence dès à présent: mobilisés dès ce soir à Concorde et partout en France", a tweeté la FSU, en relayant la photo d'un rassemblement de quelques centaines de personnes, près de l'Assemblée nationale, pour dire "non au 49-3".
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a interpellé ce 7 mai, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre François Bayrou sur les projets de référendum évoqués ces derniers jours par l'exécutif.
Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.