Révision de la Constitution : Gérard Larcher s’appuie sur les députés LR dans sa négociation

Révision de la Constitution : Gérard Larcher s’appuie sur les députés LR dans sa négociation

Gérard Larcher s’est rendu devant les députés LR ce mardi. Ils partagent les lignes rouges du président LR du Sénat sur la révision de la Constitution. Ils vont même plus loin en refusant la proportionnelle. De quoi faire capoter la réforme d’Emmanuel Macron.
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Dans la négociation ouverte entre Gérard Larcher et Emmanuel Macron sur la réforme constitutionnelle, le président LR du Sénat est allé chercher l’appui des députés LR. Le sénateur des Yvelines s’est rendu à la réunion de groupe des députés de droite, ce mardi, aux côtés de Laurent Wauquiez, nouveau patron du parti.

« On est globalement sur la même longueur d’onde »

Gérard Larcher a rappelé ses lignes rouges : non-cumul dans le temps limité à trois mandats successifs et la représentation des territoires, notamment ruraux, à l’échelle des départements. Sur ces points, le président du Sénat pourra compter sur les députés, dont une quinzaine a pris la parole au cours de la réunion. « Il est à la fois le patron du Sénat et celui qui a le plus de poids pour négocier au nom de la droite. Il est venu entendre le son de cloche des députés. Et c’est vrai qu’il n’y a pas grande différence » explique à publicsenat.fr un député LR. « On est globalement sur la même longueur d’onde » confirme le député LR de la Manche, Philippe Gosselin.

« C’est important que les deux chambres puissent se parler au moment ou la révision va prendre toute son importance. Le président du Sénat a rappelé qu’il fallait une réforme globale. (…) Ça veut dire qu’il faut garder un lien fort entre les parlementaires et les territoires. Ça pose aussi la question du mode de scrutin. Et la question du cumul des mandats dans le temps » souligne Philippe Gosselin. Le député ajoute : « Il a rappelé à juste titre qu’aujourd’hui, les 3/5 n’existait pas pour réviser la Constitution » (voir la vidéo, images de LCP-AN). La majorité des 3/5 des suffrages exprimés au Parlement, soit l’ensemble des députés et sénateurs, est indispensable pour modifier la loi fondamentale. S’il manque déjà les voix des sénateurs LR, il manquera donc aussi celle des députés LR, en cas de réunion du Congrès, rendant impossible, pour le moment, le succès de la réforme.

Réforme de la Constitution : « On est globalement sur la même longueur d’onde avec Larcher » affirme Philippe Gosselin
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Les députés LR opposés à la proportionnelle

Gérard Larcher le répète depuis des semaines : il est attaché à conserver le département comme circonscription d’élection des sénateurs. Or la réduction du nombre de parlementaire pourrait entrainer un changement. Certains sénateurs craignent des circonscriptions régionales. Les députés LR s’avèrent tout aussi sensibles sur cette question territoriale. « Le redécoupage pose problème. Dans une circonscription plus grande, avec 400 ou 500 communes, vous n’existez pas. Ou alors le travail parlementaire n’est plus fait » met en garde le député LR Fabien Di Filippo. « Je n’ai plus qu’à acheter un camping-car ! » plaisante le député de Moselle. Il met en garde sur les conséquences dans certains départements où « les électeurs ont un sentiment d’abandon ». Fabien Di Filippo y voit même « une porte ouverte au FN. C’est une réforme dangereuse pour les territoires et l’équilibre des institutions ».

Les députés vont même plus loin que Gérard Larcher sur la question de la proportionnelle. Emmanuel Macron veut en effet en introduire une dose pour l’élection des députés. Le président du Sénat, où une majorité de sénateurs sont déjà élus à la proportionnelle, n’y est pas hostile, « même s’il n’a pas d’atome crochu » avec le principe, souligne un député. Pour les députés LR en revanche, c’est niet. « Pour Laurent Wauquiez, la proportionnelle, c’est hors de question » rapporte un député du groupe.

« On bloque la réforme, car elle sacrifie nos territoires »

Alors que Gérard Larcher affichait en octobre sa bonne entente avec Emmanuel Macron au moment de débuter les discussions sur la réforme, les positions semblent se crisper depuis quelques semaines. Chacun reste campé sur ses positions. La droite pourrait aussi ne pas vouloir faire ce cadeau politique à Emmanuel Macron, en assurant la réussite de sa réforme. « On la bloque, car elle sacrifie nos territoires » lâche un député LR.

Mais Gérard Larcher n’a pas fermé la porte aux discussions, devant les députés. « Il nous a dit que grosso modo il négociait au mieux avec Macron. Lui est plutôt dans une approche de négociation, sans forcément aller au clash » explique un membre du groupe LR.

Christophe Castaner « tend la main » à Gérard Larcher

L’exécutif affiche toujours pour sa part sa volonté de trouver un accord. « Moi, je tends la main (à Gérard Larcher) et je l’invite à poursuivre les discussions. Les Français ont besoin de ce signe fort, il est important que nous puissions le donner ensemble » affirme Christophe Castaner, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, interrogé par Public Sénat, en marge des questions d’actualité au Sénat, ce mardi. Regardez :

Réforme de la Constitution : Christophe Castaner « tend la main » à Gérard Larcher
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Mais s’il « souhaite » trouver un accord avec Gérard Larcher, c’est « sur la base des attentes des Français : la baisse du nombre de parlementaire et aussi la limitation dans le temps du renouvellement des mandats ». Autrement dit, la position du gouvernement…

« Match »

En cas d’échec des discussions entre sénateurs, députés et exécutif, Emmanuel Macron a prévenu dès son discours de Versailles, devant le Congrès en juillet dernier : il sera prêt à recourir au référendum pour faire adopter sa révision institutionnelle et constitutionnelle. « On ne l’exclut toujours pas » affirme aujourd’hui un ministre, qui compte cependant sur les « vertus parlementaires » pour ne pas en arriver là. Mais en cas de blocage, « les LR devraient s’interroger sur les conséquences d’une décision permettant à des sénateurs élus aujourd’hui de l’être encore dans 18 ans… »

Reste à savoir si une vraie négociation est possible ou si chacun restera campé sur ses positions. « Avant le match, chacun marque ses lignes rouges » souligne un connaisseur du dossier. D’un côté, Gérard Larcher, à l’image de fin négociateur. De l’autre, Emmanuel Macron, qui veut respecter ses promesses de campagne. Le même assure qu’« il y a plein de rendez-vous » organisés entre les parties. Le prochain, officiel, est justement prévu jeudi à Matignon entre Edouard Philippe et Gérard Larcher, avant que le président du Sénat présente, le 24 janvier, les propositions issues du groupe de travail du Sénat.

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