[Série] Revoir : Sartre et Beauvoir, un couple littéraire et politique
Dans le téléfilm Sartre, l’âge des passions, Denis Podalydès se glisse dans la peau d’un Jean-Paul Sartre au sommet de sa célébrité. Cette fiction explore l’intimité du couple engagé et mythique formé avec Simone de Beauvoir, mais aussi la vie intellectuelle et politique d’une époque charnière pour la France et le monde ; celle du début des années 1960.

[Série] Revoir : Sartre et Beauvoir, un couple littéraire et politique

Dans le téléfilm Sartre, l’âge des passions, Denis Podalydès se glisse dans la peau d’un Jean-Paul Sartre au sommet de sa célébrité. Cette fiction explore l’intimité du couple engagé et mythique formé avec Simone de Beauvoir, mais aussi la vie intellectuelle et politique d’une époque charnière pour la France et le monde ; celle du début des années 1960.
Public Sénat

Par Victor Missistrano

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Les doigts sont jaunis, la raie impeccablement coiffée, l’attitude chancelante et le débit énergique. Si Sartre, l’âge des passions, est une fiction, elle singe le réel. Dans les deux épisodes, Denis Podalydès, vieilli, fume cigarette sur cigarette et épouse la posture de Jean-Paul Sartre, jusqu’à la fameuse déviation d’un œil du philosophe. Celui-ci écrit - une pièce de théâtre, des articles -, débat, échange. Surtout, il s’engage.

Passions littéraires

Mais la santé de l’auteur de La Nausée commence à vaciller. « À ce régime, De Gaulle n’aura bientôt plus d’adversaire », lâche d’ailleurs Simone De Beauvoir, interprétée par Anne Alvaro, omniprésente. « Il vaut mieux écrire critique de la raison dialectique que d’être bien portant », lui rétorque Sartre, à qui elle interdit de boire de l’alcool. Sartre, c’est ainsi que la philosophe l’apostrophe. Elle, se fait appeler « Castor ». Et nous voilà plongés dans le quotidien du couple mythique. Une entité totale, complexe, dans laquelle on se chamaille mais chacun s’admire et s’écoute. Un couple à l’épreuve du temps, aussi, dont la pudeur des corps fatigués qui ne se touchent plus, témoigne. « À quoi sert d’écrire si c’est pour devenir un bois mort ? », regrette l’auteure du Deuxième sexe, « je voulais écrire, mais surtout je voulais vivre. »

Passions romantiques

En miroir de cette relation se dessine celle de deux jeunes adultes. Carla et Frédéric sont étudiants et incarnent la jeunesse des années 1960, romantique et engagée. Elle est italienne et se met à fréquenter Sartre, puis Beauvoir. « Tu es entrée dans leur vie et tu me laisses à l’extérieur » ; Frédéric est possessif et impulsif. Il est vrai qu’il y a de cela chez Carla : elle nous transporte avec elle au sein du couple. Lequel a formé un pacte baroque, lui explique « castor », s’autorisant des relations amoureuses en dehors du couple, des aventures destinées à devenir une source à leurs entreprises littéraires respectives. Romantisme, encore, envié par la jeune femme. Car c’est un Sartre séducteur qui apparaît à l’écran : il batifole avec Carla, avant de tomber amoureux d’une autre femme, en URSS.

Les protagonistes voyagent beaucoup. En Union soviétique, donc, mais aussi à Cuba, où Sartre analyse la révolution et rédige des articles pour France Soir.

Passions politiques

« L’art pour l’art est beau mais l’art pour le progrès est encore plus beau », déclarait Victor Hugo. Le couple Sartre-Beauvoir s’applique incontestablement cette maxime. Deux intellectuels majeurs dans la France du début des années 1960 : celle des trente glorieuses, du début de la Ve République et des référendums de De Gaulle, de la Guerre d’Algérie et du massacre de Charonne. Les protagonistes montent au front sur de nombreux sujets : le « non » à De Gaulle, l’indépendance algérienne ou l’anti-impérialisme. Un engagement politique que Jean-Paul Sartre applique aussi à lui-même. 1964, auréolé du prix Nobel de littérature, il refuse la distinction : « C’est une légion d’honneur internationale, et j’ai refusé la légion d’honneur… »

Retrouvez « Sartre, l'âge des passions » le 14 août à 21h et 22h30 sur Public Sénat.

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