Richard Ferrand et François Bayrou, les piliers ébranlés de l’épopée Macron
Richard Ferrand et François Bayrou, deux des principaux artisans de la victoire d'Emmanuel Macron en 2017, et restés très proches du président,...

Richard Ferrand et François Bayrou, les piliers ébranlés de l’épopée Macron

Richard Ferrand et François Bayrou, deux des principaux artisans de la victoire d'Emmanuel Macron en 2017, et restés très proches du président,...
Public Sénat

Par Paul AUBRIAT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Richard Ferrand et François Bayrou, deux des principaux artisans de la victoire d'Emmanuel Macron en 2017, et restés très proches du président, se voient ébranlés par leur mise en cause dans des affaires judiciaires.

Ironie du calendrier: les deux poids lourds ont été interrogés au même moment, mercredi, dans deux affaires distinctes. Mais si M. Bayrou s'est dit "très content" à l'issue de son audition devant la police judiciaire, dans l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants d'eurodéputés MoDem, M. Ferrand paraît dans une situation plus délicate après sa mise en examen prononcée dans la soirée pour prise illégale d'intérêts.

Jusqu'à atteindre Emmanuel Macron ? "Le président de la République garde au moment de cet acte procédural toute sa confiance en Richard Ferrand", a répondu vendredi l'entourage du chef de l'Etat, selon qui ça n'est "ni défensif, ni offensif", mais "un sentiment puissant et sincère envers un homme qui traverse un moment judiciaire que nous n'avons en aucune manière à commenter sur le fond".

"Qu'est-ce que ça change entre eux? Pas grand chose ; dans leurs relations, rien en tout cas", abonde un intime des deux. Benjamin Griveaux, l'un des premiers marcheurs avec M. Ferrand, reconnaît qu'"évidemment, ce qui arrive à Richard doit affecter le président, puisque Richard est le premier d'entre nous, celui qui est le plus proche du président".

Richard Ferrand et François Bayrou, qui entretiennent entre eux des rapports contrastés - les deux hommes en sont quasiment venus aux mains lors des négociations sur les investitures de députés en 2017 - ont en commun d'être très étroitement liés à Emmanuel Macron. Et à son épopée victorieuse, au point d'apparaître comme les deux faces d'une même pièce au cœur de l'épopée macroniste.

Le président du MoDem François Bayrou avec la vice-président du parti Marielle de Sarnez, le 24 mai 2019 à Paris
Le président du MoDem François Bayrou avec la vice-président du parti Marielle de Sarnez, le 24 mai 2019 à Paris
AFP/Archives

Incarnations du "et en même temps" - M. Ferrand venant des rangs du PS, M. Bayrou héraut du centre-droit -, les deux hommes qui ont politiquement grandi dans "l'ancien monde" sont considérés comme les principaux artisans de la victoire de 2017.

- Deux vigies -

"Macron a toujours pensé qu’il devait quelque chose à Richard. Il a une affection, une part de lui tournée vers Richard: il y a très peu de gens avec qui il a ce sentiment-là", explique un ténor du gouvernement.

François Bayrou est selon cette même source "le second à qui Emmanuel Macron pense devoir quelque chose", car, pendant la campagne, les deux étaient ceux qui "avaient une vraie culture politique".

Dans l'entourage du président, tous notent leur "énorme influence". "Richard Ferrand a toujours eu énormément de poids auprès du président de la République, même si en tant que président de l'Assemblée nationale, ils se voient forcément moins", développe un conseiller. "Et puis, il est un peu en mode : +Je vous l’avais dit+. Comme Bayrou, qui pointait cette déconnexion, cette approche trop technocratique de tous les sujets" dans les premiers mois du quinquennat, poursuit-il.

Lors de la crise des "gilets jaunes", c'est encore vers ces deux vigies que le président s'était tourné. Dans cette crise inédite, François Bayrou avait pu faire entendre ses préconisations d'un virage social de l'exécutif. Richard Ferrand avait quant à lui été consulté et associé à toutes les initiatives pour tenter de rebondir, les annonces du 10 décembre comme les vœux de la Saint-Sylvestre.

"Ils ont une vision commune et Emmanuel Macron est infiniment en confiance avec Richard Ferrand", résume un autre conseiller.

Jeudi, face aux appels de plusieurs responsables de l'opposition à la démission du président de l'Assemblée nationale, la majorité a fait bloc. D'aucuns ont d'ailleurs fait observer que la vigueur des soutiens était sans commune mesure avec ceux qu'avaient pu recevoir deux mois plus tôt François de Rugy.

"Richard Ferrand est celui qui est le plus proche du président", rappelle Benjamin Griveaux, "à la fin des fins, celui qui a l'absolue confiance, celui que le président écoute, c'est lui".

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Richard Ferrand et François Bayrou, les piliers ébranlés de l’épopée Macron
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le