Roger-Pol Droit préconise une « forme de haine » « raisonnée », « contrôlée »,  « mesurée » face aux jihadistes
Invité de l’émission « On va plus loin », le philosophe et écrivain Roger-Pol Droit, philosophe et écrivain, chercheur au CNRS, prêche pour « une forme de haine » « raisonnée », « contrôlée », « mesurée » face aux jihadistes.

Roger-Pol Droit préconise une « forme de haine » « raisonnée », « contrôlée », « mesurée » face aux jihadistes

Invité de l’émission « On va plus loin », le philosophe et écrivain Roger-Pol Droit, philosophe et écrivain, chercheur au CNRS, prêche pour « une forme de haine » « raisonnée », « contrôlée », « mesurée » face aux jihadistes.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la France commémore les attentats du 13 novembre, que la question du retour de Syrie et d’Irak des jihadistes français est prégnante et que la menace des attentats reste présente, Roger-Pol Droit, philosophe et écrivain, s’interroge sur la radicalisation terroriste d’une frange de la société et notre façon d’y faire face.  

Devant cette radicalisation, notre première réaction, pour le philosophe, a été la sidération : « Pourquoi donc sommes-nous l’objet de tant de haine ? ».

Sa réponse ? Principalement, pour des motifs religieux : « Ce n’est pas simplement une affaire de pauvreté, de délinquance. Les explications sociales, je ne dis pas qu’elles n’existent pas du tout, mais elles ne sont pas centrales. La question centrale (…) est religieuse ».  

Et quand il parle du religieux, le philosophe précise que c’est le « fanatisme religieux » qui prévaut chez ces jihadistes : « Le retour au fanatisme, c’est quelque chose que nous n’avons pas vu venir et que nous n’arrivions pas à comprendre. Et ce qu’il y a de nouveau (…), c’est ce qu’il y a de plus ancien. C'est-à-dire un retour au fanatisme archaïque. Le désir chez les jihadistes de restaurer un califat, qui est une très vieille histoire des débuts de l’islam. Réappliquer la charia dans toute sa littéralité et sa rigidité, sans tenir compte de l’histoire et du monde moderne ».

 Et de poursuivre : « Il y a principalement un retour politique, depuis le milieu du 20e siècle (…) Il y a un penseur qu’il faut regarder de près, qui est Sayyid Qutb (…), un des idéologues fondateurs des Frères musulmans. Dans les années 50 (…), il a écrit un commentaire de 4 000 pages du Coran. Si on regarde bien, c’est la constitution de notre société démocratique, moderne, libérale, comme un objet d’impiété absolue, d’impureté totale. Et ce retour à la pureté fait qu’on peut et on doit détruire ce monde impie, impure ».

Interrogé sur les raisons qui font que l’islam est la religion principalement touchée par ce fanatisme, Roger-Pol Droit explique : « Il y a eu un profond travail à l’intérieur de la chrétienté, qui a fini par admettre qu’il y avait aussi un espace de la laïcité. L’islam l’a fait. Il y a des millions  et des millions de musulmans qui vivent dans les pays démocratiques, de façon pacifique et heureuse. Mais il y a cette frange finalement récente d’une re-radicalisation politique et religieuse de l’islam qui s’est armée et que nous voyons aujourd’hui tuer ».

"Une forme de haine" "raisonnée, contrôlée, mesurée"

Pour lutter contre ces jihadistes, Roger-Pol Droit préconise de tenir compte de ses émotions « à condition de les contrôler » : « Nous devons au contraire cultiver non pas une haine aveugle mais une forme de haine, si j’ose dire, raisonnée, contrôlée, mesurée, une vraie rage pour pouvoir nous battre. »

OVPL : entretien avec Roger-Pol Droit sur le fanatisme religieux (en intégralité)
08:30

Interview de Roger-Pol Droit en intégralité

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
6min

Politique

Sébastien Lecornu aux sénateurs : « Je ne serai pas le premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella »

Alors que les relations se sont dégradées entre la majorité sénatoriale et le premier ministre, Sébastien Lecornu s’est rendu à la conférence des présidents du Sénat. Si le geste « a été salué par le président Larcher », il reste insuffisant pour gommer les « frustrations » de sénateurs qui apprennent maintenant les concessions faites au PS « en regardant la télé ». Cherchant à « dramatiser », selon l’un des participants, « il a dit que "censure vaudra démission et que ça vaudra dissolution" ».

Le

France Macron
5min

Politique

« Demain soir, si tout va bien, Alfred Dreyfus sera général » : le Sénat s’apprête à voter un « texte très symbolique », malgré quelques difficultés…

Les sénateurs examinent ce jeudi la proposition de loi de Gabriel Attal élevant à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les sénateurs PS, qui ont déposé un texte identique via Patrick Kanner, ont repris à leur compte le texte de l’ancien premier ministre pour lui permettre d’aller au bout, malgré les « réserves », voire l’opposition « d’Emmanuel Macron », selon le patron des sénateurs PS.

Le