Roumanie : en finir avec la corruption

Roumanie : en finir avec la corruption

Le 5 février dernier, plus de 500 000 personnes ont manifesté dans les rues de Bucarest contre le gouvernement social-démocrate. Déjà dans la rue depuis une semaine, les manifestants avaient obtenu le retrait de trois ordonnances qui assouplissaient la législation anti-corruption. Depuis, les Roumains n’ont cessé de résister et s’escriment désormais à destituer le Premier ministre. Pourtant, Sorin Grindeau n’envisage pas de se retirer.
Public Sénat

Par Salomé Rouzerol-Douglas

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Pour la première fois depuis la dictature Ceausescu, les citoyens s’animent et entendent combattre l’immoralité. En cela, l’incendie meurtrier d’une discothèque de Bucarest en octobre 2015 a agi comme le catalyseur de cette résistance. Autorisée à ouvrir en échange de paiements frelatés et autres pots-de-vin, ce night-club devient le symbole d’une corruption qui tue.

Avec l’opération « mains propres », le grand ménage anticipe le printemps

Pour autant, selon Eric Alt, magistrat et membre des associations Anticor et Sherpa, la corruption n’est pas l’apanage du parti socialiste. Ainsi, l’intransigeante et indépendante Direction nationale anti-corruption (DNA) a déjà condamné de nombreux hauts responsables de tous bords politiques dont des anciens Premiers ministres, des chefs d’entreprises et des magistrats. La DNA, véritable héraut de la transparence, a donc débuté un programme d’assainissement des caciques roumains largement soutenu par les manifestants. Pour Jean Arthuis, député européen UDI, nous assistons à la « réaction d’un peuple qui entre dans les règles de la démocratie, avec plus de transparence et de franchise ».  C’est la naissance et l’affirmation de nouveaux partis comme celui de « Sauvez Bucarest », d’associations et d’une société civile grandissante et agissante qui plaide pour les fondamentaux de la démocratie.

Mais la « chasse aux corrompus » reste longue et si l’adhésion à l’Union européenne favorise l’Etat de droit, « la prime à la casserole » reste un héritage prégnant de la Roumanie, autrefois communiste. « Certains, selon Jean Arthuis, n’hésitent pas à dire que ce sont précisément les fonds européens qui auraient suscité une industrie de la corruption ». Ce dernier affirme que « demander aux politiques de fixer les règles qu’eux-mêmes doivent respecter paraît compliqué ». Pour résorber le fléau de la corruption, ajoute t-il, nous devons nous résoudre à l’impératif de transparence et « mettre de la lumière dans toutes les pièces de la maison publique ». Visiblement, l’UE est restée davantage prescriptive que contraignante avec pour seule sanction le refus d’intégrer la Roumanie dans l’espace Schengen.

Une bouffée d’intégrité

Pour autant, l’optimiste Pascale Joannin, directrice générale de la fondation Robert Schuman confère à l’Europe un pouvoir d’émulation. En d’autres termes, les pays européens à la législation la plus efficiente en matière de malversations peuvent influencer favorablement les élèves indociles et insuffler une bouffée d’intégrité.  En cela, Pascale Joannin résume sa doxa : « les politiques doivent être au service du peuple et non plus se servir ».

Un monde en docs - Jean Arthuis
00:40

Pour Eric Alt, l’obstacle majeur de la lutte contre la fraude fiscale est structurel et réside dans « la difficile coordination européenne ». Après tout, l’Europe ne reste-t-elle pas « encore très largement, au nom du respect de la souveraineté nationale, une addition d’égoïsmes nationaux », comme le pense Jean Arthuis ?

 

Retrouvez Pascale Joannin, Eric Alt et Jean Arthuis dans l’émission Un Monde en Docs consacrée à la corruption en Roumanie le samedi 11 février à 22h sur Public Sénat. 
Rediffusions les dimanches 12 février à 9h et 19 février à 18h.

Dans la même thématique

Roumanie : en finir avec la corruption
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Roumanie : en finir avec la corruption
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le