Salon de l’agriculture : souveraineté, réchauffement climatique, pesticides… Les priorités du gouvernement

Salon de l’agriculture : souveraineté, réchauffement climatique, pesticides… Les priorités du gouvernement

Lors de l’ouverture du Salon de l’Agriculture 2023 samedi 25 février, le président de la République va insister sur l’importance de la souveraineté en matière agricole pour les prochaines années. Public Sénat sera présent samedi 25 février pour vous faire vivre la visite d’Emmanuel Macron et toute la semaine pour explorer les enjeux de l’agriculture d’aujourd’hui et de demain.
Public Sénat

Par Tam Tran Huy

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Samedi 25 février, dès 6h du matin, Emmanuel Macron est attendu pour le marathon présidentiel traditionnel du Salon de l’agriculture. Au cours de cette épreuve de longue haleine (battra-t-il le record de 14h de présence dans les allées ?), il aura l’occasion de poser avec la vraie vedette du SIA 2023, Ovalie, la vache égérie qui l’attendra à l’entrée du hall 1, mais aussi de livrer les priorités du gouvernement sur les sujets agricoles. Au programme : souveraineté, impact du réchauffement climatique sur l’agriculture et gestion de l’eau, ou encore doctrine du gouvernement sur les produits phytosanitaires, alors que la France vient d’interdire l’utilisation des pesticides néonicotinoïdes à la suite d’une décision de justice européenne.

Souveraineté : la priorité du gouvernement

Après deux années marquées par les crises (déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022 et auparavant crise COVID), Emmanuel Macron devrait pouvoir cette année prendre le temps de développer sa vision du monde agricole pour l’avenir. Comment protéger voire renforcer notre souveraineté dans les années à venir et notamment à l’horizon 2030 ? Faire en sorte que la France puisse nourrir les Français et ne dépende pas de l’importation, un message en droite ligne avec les enseignements tirés de la pandémie et du conflit ukrainien. C’était déjà la priorité qu’Emmanuel Macron dégageait au mois de septembre 2022, lors d’un déplacement dans le Loiret au contact des agriculteurs, « c’est la Nation toute entière qui doit se tenir aux côtés du monde agricole pour garder cette souveraineté et la renforcer ». Mobilisation générale donc pour sauver une souveraineté qui doit faire face à des défis de long terme.

Réchauffement climatique et gestion de l’eau

Premier défi, le réchauffement climatique qui cause des incertitudes sur le rendement, avec des répercussions majeures sur les prix. Le gouvernement a débloqué des aides conjoncturelles face au gel, la grêle ou la sécheresse : près de 300 millions d’euros en 2022 (77 millions d’euros pour le gel, 30 millions d’euros pour la grêle, 170 millions d’euros pour la sécheresse). Mais cette situation nous oblige à repenser notre modèle agricole. Le ministère de l’agriculture cite en exemple notre modèle herbager, très impacté par le réchauffement climatique (une prairie ne poussant plus à partir de 25°C-28°C) ou encore notre terroir, fondé sur un sol et climat désormais largement amené à évoluer.

Dans ce contexte, la gestion de l’eau apparaît aussi comme un enjeu majeur. Alors que l’actualité récente a été marquée par la contestation du projet de « méga-bassine » de Sainte-Soline, le gouvernement nie tout accaparement de l’eau par les agriculteurs : « Les agriculteurs restituent l’eau sous forme d’aliments », rappelle la rue de Varenne. Le gouvernement souligne les efforts faits et réclamés aux agriculteurs pour adapter leurs cultures à la situation de l’eau, pour semer par exemple des variétés moins gourmandes en eau. D’autres pistes sont à l’étude : l’utilisation des eaux de stations (les eaux usées traitées qui sont aujourd’hui déversées dans les cours d’eau) pour l’irrigation alors que la France n’utilise qu’1,8 % de ces eaux (contre 15 % en Italie) ou encore le curage d’ouvrages existants (barrages ou encore canaux) qui permettrait de libérer de l’eau. Des sujets qui, pour le premier, déplaisent au ministère de la santé et pour le second, aux écologistes. Les boues des barrages et des canaux renferment aujourd’hui une importante biodiversité.

Pesticides : les néonicotinoïdes, le contre-exemple à ne pas suivre

Le gouvernement enfin rappelle le contexte actuel de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Sur ce sujet, le précédent des néonicotinoïdes est dans toutes les têtes. Ce pesticide a été interdit par la loi de 2016 mais a fait l’objet de dérogation pour la culture des betteraves pendant deux ans en raison d’une épidémie de jaunisse. La dérogation de cette année, qui devait courir jusqu’à l’été prochain, n’a pas pu être autorisée en raison d’une décision de la Cour de justice européenne, ce qui laisse aujourd’hui de nombreux betteraviers dans une situation délicate. Le ministère de l’agriculture souligne le zèle de la France, qui avait surtransposé une directive européenne en interdisant les recours à toutes les molécules, là où les autres pays européens ont encore la possibilité d’utiliser l’acétamipride sur leurs cultures. Trop de zèle tue-t-il les cultures et une filière ? On sent bien que c’est le message que voudrait faire passer la rue de Varenne.

En 2017, Emmanuel Macron a réaffirmé l’objectif de réduire de 50 % l’utilisation des produits phytosanitaires. L’Elysée annonce aujourd’hui une nouvelle « philosophie » : le ministère, lui, souligne l’importance de voir travailler l’IRAE, l’ANSES, ensemble pour parvenir à trouver rapidement des alternatives. Sur la question de néonicotinoïdes, la recherche sur des semences plus résistantes ne devrait en effet aboutir qu’en 2024-2025. La preuve que l’on a mis la charrue avant les bœufs diront certains, ou que personne ne s’est trop pressé pour satisfaire l’objectif de 0 recours aux néonicotinoïdes estiment d’autres.

Agriculture et renouvellement des générations

Enfin dernier sujet majeur pour assurer la souveraineté sur le long terme de la France, le renouvellement des générations d’agriculteurs. Un agriculteur sur 2 sera parti à la retraite en 2030. L’Elysée souligne les efforts déjà faits pour améliorer les revenus des agriculteurs (Lois EGALIM) mais aussi leurs retraites (Lois dites Chassaigne qui permettent aux chefs d’exploitation d’avoir une retraite à hauteur de 85 % du SMIC, les agriculteurs ne seront d’ailleurs guère concernés par l’actuelle réforme des retraites). Mais Emmanuel Macron a annoncé à l’automne dernier un nouveau pacte de renouvellement des générations agricoles afin de former les futurs agriculteurs, les aider à faire face au réchauffement climatique et plus largement, les attirer dans ces métiers.

Qui sera présent au Salon de l’agriculture ?

Pour parler de ces sujets agricoles dans les allées du Salon, de nombreux politiques sont attendus. Certes, nous ne sommes pas en année d’élection présidentielle, mais ce rendez-vous reste très prisé. Emmanuel Macron ouvrira le bal ce samedi et son ex-premier ministre Edouard Philippe, désormais maire du Havre et président d’Horizons lui emboîtera le pas en visitant le parc des expositions de la Porte de Versailles le lendemain. Lundi, la première ministre Elisabeth Borne viendra assurer le service après-vente tandis que mercredi, François Bayrou et Marine Le Pen seront sur place. La secrétaire nationale d’EELV Marine Tondelier devrait aussi se rendre sur place, ce qui promet des échanges nourris et sans doute des oppositions vives avec les agriculteurs.

Quant à Public Sénat, rendez-vous tous les matins de lundi à jeudi sur le CANAL 13 de la TNT de 11h à 12H30, pour décliner toutes les problématiques liées à l’agriculture d’aujourd’hui et de demain depuis le Salon de l’agriculture porte de Versailles à Paris. Une émission spéciale sera consacrée samedi 25 février aux enjeux du salon et la visite d’Emmanuel Macron de 16h30 à 18h.

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