Santé, retraites : les partenaires sociaux réclament plus de « solidarité » et « d’accompagnement »

Santé, retraites : les partenaires sociaux réclament plus de « solidarité » et « d’accompagnement »

Ce jeudi, à l’occasion du 42e congrès de la Mutualité française, les partenaires sociaux étaient invités à débattre de l’avenir du système de protection sociale. Une table ronde qui intervient au lendemain des précisions apportées par Emmanuel Macron quant à la politique sociale qu’il entend mener.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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« Logique de chacun pour soi », voire même « de jungle », « idéologie d’individualisation sans valeurs »… Lors de la table ronde réunissant les partenaires sociaux dans le cadre du 42e Congrès de la Mutualité française, Pascal Pavageau, secrétaire général de Force ouvrière, a sans surprise appelé à plus de « solidarité » au sein du système de protection sociale. Une position partagée par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui souligne la nécessité de le réformer.

Nécessité d’une « réforme systémique »

Même Claude Tendil, vice-président du Medef, assure « partager ces valeurs » ainsi que « la vision de la CFDT d’une réforme systémique. » « 13 minima sociaux on ne comprend rien » a-t-il ajouté avant de souligner la « nécessaire lisibilité de nos dispositifs pour des droits virtuels deviennent réels ». « À un moment donné si on veut une vraie effectivité des droits, il faut de la prévisibilité », a renchéri Laurent Berger.

Claude Thendil, vice-président du Medef, assure « partager ces valeurs » ainsi que « la vision de la CFDT d’une réforme systémique. »
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« Les minima sociaux c’est notre fierté »

Au lendemain de la polémique engendrée par la courte vidéo mettant en scène Emmanuel Macron à l’Elysée, s’offusquant du « pognon de dingue » dépensé pour les minimas sociaux, Pascal Pavageau trouve qu’« en matière de provoc’ ça va un petit peu loin » et a tenu à rappeler que « les minima sociaux c’est notre fierté ». « Sans les aides sociales et les minima sociaux, le niveau de pauvreté passerait de 14% à 22% ! », a-t-il alerté. Et d’ajouter : « Plutôt que de parler de pognon, parlons contribution et cotisation. »

« Sans les aides sociales et les minima sociaux, le niveau de pauvreté passerait de 14% à 22% ! » alerte Pascal Pavageau
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« Contribution et cotisations », mais pas pour les entreprises, tranche Claude Tendil. Pour le vice-président du Medef, « avant de redistribuer, il faut créer de la richesse (…) Ce n’est pas en alourdissant les charges des entreprises qu’on réduira le chômage ».

« Des dépenses qu’il faudra continuer d’augmenter »

La veille, le chef de l’État avait également déclaré que « la solution n’est pas de dépenser toujours plus d’argent ». Les partenaires sociaux s’accordent pourtant à dire que l’enveloppe globale va inéluctablement augmenter du fait du vieillissement de la population et de la dépendance qui en résulte. « Sur la question de la santé je ne crois pas une minute que ça ira en stagnant ou en baissant » a assuré Laurent Berger, qui tempère : « Il y a des dépenses qu’il faudra continuer d’augmenter et d’autres qu’on peut baisser ». Côté Medef, on plaide plutôt pout une « optimisation » de l'enveloppe budgétaire, sans nécessairement l'augmenter.

Sur la méthode, les syndicats appellent à identifier les besoins avant de réformer : « Regardons d’abord les évolutions qui ont eu lieu ces dernières années et, après, adaptons le système », préconise Pascal Pavageau.

« Des droits attachés à la personne »

Syndicats comme patronat ont également insisté sur la nécessité que les droits soient « attachés à la personne et non plus au statut ». « Prendre en compte la spécificité dans un cadre collectif », précise Laurent Berger. Et mieux accompagner, aussi : « La solidarité de demain ne sera pas que financière mais aussi dans une forme d’accompagnement », prédit le secrétaire général de la CFDT.

« Accompagner » et « responsabiliser »

Hier, le Président - «  super chauffeur de salle » selon Pascal Pavageau - avait lui aussi insisté sur la nécessité d’ « accompagner vers le travail » tous les exclus qui le peuvent, mais également appelé à la « responsabilisation » des plus démunis. « Accompagner » et « responsabiliser », deux mots d’ordre repris par le vice-président du Medef ce jeudi, et dont l’un scandalise particulièrement le secrétaire général de FO : « C’est inadmissible de laisser à penser que celles et ceux qui sont en dessous du seuil de pauvreté ont une part de responsabilité. » La présentation du plan « pauvreté » du gouvernement est prévu pour juillet. La réforme des retraites, elle, sera présentée « au début de l’année 2019 ». Quant à la loi sur la dépendance, elle sera votée fin 2019.

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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