Scandales « politico-vestimentaires »: des précédents
Chaussures et montres de luxe, accessoires reçus en cadeau ou réglés en note de frais: avant François Fillon, d'autres...

Scandales « politico-vestimentaires »: des précédents

Chaussures et montres de luxe, accessoires reçus en cadeau ou réglés en note de frais: avant François Fillon, d'autres...
Public Sénat

Par Bénédicte REY

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Chaussures et montres de luxe, accessoires reçus en cadeau ou réglés en note de frais: avant François Fillon, d'autres responsables politiques ont été épinglés pour leurs dépenses vestimentaires, pas forcément illégales mais qui ont choqué l'opinion.

- Un cireur à l’Élysée

En 2014, Mediapart accuse Aquilino Morelle, conseiller politique de François Hollande, de conflits d'intérêts pour avoir été rémunéré par un laboratoire danois alors qu'il était en poste à l'Igas (Inspection générale des affaires sociales).

Dans une enquête au vitriol, le site révèle également que M. Morelle fait venir un cireur pour lustrer ses nombreuses et luxueuses chaussures dans un salon de l'hôtel Marigny, tout proche de l’Élysée. L'anecdote, symbolique, fait des ravages dans l'opinion.

Aquilino Morelle, inspirateur du discours du Bourget de janvier 2012 dans lequel François Hollande, alors candidat PS à la présidentielle, désignait la "finance" comme son "principal adversaire", est contraint à la démission.

- "Achat de vêtements de luxe" au ministère

En 2015, la Cour des comptes épingle le cabinet de l'ancienne Garde des Sceaux Rachida Dati pour près de 9.000 euros de dépenses indues et 180.000 euros de dépenses de communication lorsqu'elle était au ministère.

La décision fait notamment état de "factures d'achat de vêtements de luxe, de consommation de boissons ou de repas, d'achats de pâtisserie, de journaux, de produits de pharmacie". Le Point affirme qu'une partie des sommes ont servi à acheter des foulards Hermès.

L'ancienne ministre, qui n'est pas nommément citée par la Cour des Comptes, dément alors toute dépense personnelle et évoque des cadeaux faits aux délégations judiciaires étrangères (foulards, cravates...).

Le comptable public du ministère, qui a validé ces dépenses, est contraint de les rembourser, conformément à la loi.

- Les montres de Julien Dray

En 2008, le parquet de Paris ouvre une enquête sur des mouvements de fonds suspects sur les comptes du député socialiste Julien Dray, à partir de comptes d'associations dont il est proche, entre janvier 2006 et juin 2008.

La cellule antiblanchiment du ministère des Finances, à l'origine du signalement, évalue durant cette période à 131.000 euros le montant consacré par le député à l'achat d'une trentaine de montres, dont il fait collection.

Au bout d'un an d'enquête, le parquet conclut que Julien Dray est "susceptible de se voir reprocher un délit d'abus de confiance, à savoir l'achat d'une montre pour 7.000 euros, en utilisant un chèque tiré sur les comptes" d'une association.

Ce seul délit présumé ne suffisant pas à le renvoyer en correctionnelle, le parquet lui inflige un simple rappel à la loi.

Dix ans plus tôt, sa passion des belles montres avait déjà valu à Julien Dray une enquête préliminaire pour en avoir réglé une, d'une valeur de 38.000 euros, en partie en liquide. L'enquête avait été classée sans suite.

- Les Berluti de Roland Dumas

Dans les années 1990, la justice met au jour un impressionnant réseau de trafic d'influence, de corruption et de détournement de fonds impliquant les dirigeants du groupe pétrolier Elf et des ministres, dont Roland Dumas, ex-chef de la diplomatie française.

Un épisode de cette tentaculaire affaire marque particulièrement les esprits. Christine Deviers-Joncour, la maîtresse de M. Dumas, a payé avec sa carte de crédit d'Elf une paire de chaussures confectionnée sur mesure pour le ministre par le luxueux bottier Berluti pour un montant de 11.000 francs (1.676 euros).

M. Dumas assure avoir demandé à son amie "d'aller payer ces chaussures orthopédiques" parce qu'il "n'en avait pas le temps" et sans savoir qu'elle utiliserait l'argent d'Elf.

Soupçonné d'avoir favorisé l'embauche de Mme Deviers-Joncour dans des sociétés du groupe pétrolier, pour des salaires de complaisance, M. Dumas est condamné en première instance à 6 mois de prison ferme et 2 ans avec sursis. Il est relaxé en appel en 2003.

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