Sécurité : le Sénat rejette un budget « en trompe-l’œil »
Se voulant les porte-voix des forces de l’ordre, les sénateurs ont rejeté les crédits alloués à la sécurité pourtant en augmentation dans le projet de loi de finances 2019. Les efforts sont jugés insuffisants pour répondre aux conditions de travail dégradées en matière notamment d’équipements et de formation.

Sécurité : le Sénat rejette un budget « en trompe-l’œil »

Se voulant les porte-voix des forces de l’ordre, les sénateurs ont rejeté les crédits alloués à la sécurité pourtant en augmentation dans le projet de loi de finances 2019. Les efforts sont jugés insuffisants pour répondre aux conditions de travail dégradées en matière notamment d’équipements et de formation.
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Par Helena Berkaoui

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« Ce budget est en trompe-l’œil », assène François Grosdidier (LR) jeudi en séance de nuit alors que le Sénat examinait les crédits alloués à la sécurité dans le cadre du projet de loi finances 2019.  Ce budget, pourtant en hausse de 1,62 %, n’est pas « à la hauteur des enjeux » et l’explosion de violence en marge des manifestations des gilets jaunes est venue le rappeler, ont estimé les sénateurs devant le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez. Ironique, François Grosdidier a d’ailleurs rappelé que les blindés qui seront mobilisés ce samedi ont « 45 ans d’âge ».

« La forte augmentation des dépenses de personnel se fait cette année encore au détriment des crédits de fonctionnement et d’investissement »

Sécurité : « La priorité de redonner aux forces de l’ordre des moyens », appelle Henri Leroy
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Parmi les principales failles de ce budget, le Sénat pointe un déficit d’investissement pour l’équipement et la formation alors même que les effectifs des forces de sécurités seront augmentés de 2 500 postes pour l’exercice 2019. Ils redoutent l’augmentation du « ratio dépenses de personnel / ensemble des crédits ».

« La forte augmentation des dépenses de personnel se fait cette année encore au détriment des crédits de fonctionnement et d’investissement », déplore le sénateur LR, Henri Leroy qui prévient que « cette hausse des effectifs n’exercera aucun effet de levier si elle n’est pas accompagnée de réformes structurelles d’ampleur ». Pour le sénateur des Alpes-Maritimes, « la priorité est de redonner aux forces de l’ordre des moyens décents pour les accompagner dans leurs actions ».

Une accumulation d’heures supplémentaires insoutenable

Force de l'ordre : « Le stock d'heures supplémentaires a cru de 18 % en 3 ans pour atteindre 21 millions d'heures », alerte Philippe Dominati
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François Grosdidier alertait déjà le gouvernement sur le sujet rendu dans un rapport sur l’état des forces intérieures en juillet dernier, un autre rapport rendu par la Cour de comptes en septembre est venu documenter l’état de vétusté des équipements (lire notre article). Ce jeudi, ils relayent de nouveau leurs observations et attirent l’attention du gouvernement sur le stock d’heures supplémentaires des forces de l’ordre - en croissance de 18 % en 3 ans pour atteindre 21 millions d’heures supplémentaires - qui représentent une « épée de Damoclès opérationnelle » dans ces services. Les sénateurs dénoncent également les tâches indues, « la lourdeur et la complexité de la procédure pénale » qui grignotent le temps de travail des forces de sécurité.

Les sénateurs ont également appuyé sur le vieillissement du parc automobile « On arrive à 6 ans et 4 mois en moyenne d’ancienneté pour la police et 7 ans et 4 mois d’ancienneté pour la gendarmerie », a déploré le socialiste Jean-Pierre Sueur. Même constat pour le parc immobilier, « en moyenne, les logements des familles des gendarmes n’ont pas été rénovés depuis 45 ans », rapporte François Bonhomme (LR). 

« Le parc automobile va continuer à vieillir, le parc immobilier à se dégrader, l’équipement indispensable à manquer, le stock d’heures supplémentaires à augmenter », alerte François Grosdidier justifiant ainsi la décision des sénateurs de rejeter le budget alloué à la sécurité dans le projet de loi de finances pour 2019.

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