Sécurité : le Sénat rejette un budget qui n’est «pas à la hauteur des enjeux»

Sécurité : le Sénat rejette un budget qui n’est «pas à la hauteur des enjeux»

Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finance 2018, les sénateurs ont débattu ce mardi du budget proposé par le gouvernement pour la sécurité. S’ils saluent unanimement l’augmentation des effectifs de police et de gendarmerie, la plupart déplore l’insuffisance des moyens consacrés au renouvellement de leurs équipements. Les sénateurs regrettent également qu’aucun crédit ne soit alloué à la police de sécurité du quotidien, dont l’expérimentation débute en janvier.
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Par Alice Bardo

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« Le présent budget n’est pas à la hauteur des enjeux », alerte Philippe Dominati (LR) dès l’ouverture de la séance consacrée à l’examen du budget sécurité pour l’année 2018.

Dominati : « Le présent budget n'est pas à la hauteur des enjeux »
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Le rapporteur spécial de la commission des finances du Sénat regrette notamment que « la police de sécurité quotidienne ne s’accompagne d’aucun volet budgétaire » et craint par conséquent « une charge de travail supplémentaire pour les forces de sécurité intérieure ». Un sentiment partagé par la sénatrice communiste Eliane Assassi et son collègue socialiste Jean-Pierre-Sueur, qui « salue » toutefois la création de cette force nouvelle.

Assassi s'inquiète qu'aucun crédit ne soit alloué à la police de sécurité du quotidien
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Autre inquiétude partagée par les sénateurs, « la faiblesse des dépenses de fonctionnement ». Philippe Dominati souligne le « sous-financement des équipements des agents », d’autant que dans le projet de loi de finance proposé par le gouvernement pour l’année 2018, 10 000 postes supplémentaires de policiers et gendarmes sont budgétés : « Je crains que cette hausse des effectifs se fasse au détriment des moyens de fonctionnement », alerte le sénateur LR.

Des dépenses d’équipement insuffisantes aux yeux des sénateurs

Eliane Assassi tient à avertir le gouvernement « de la vétusté de nos commissariats » et Dany Wattebled (Les Indépendants) d’un « parc immobilier en état de délabrement avancé ». « L’augmentation des effectifs doit être notée, mais s’agissant des crédits d’équipement, nous ne sommes pas au niveau de ce que nous pouvons espérer », renchérit Jean-Pierre Sueur, qui note une « diminution de 7% des crédits d’équipement » dans le budget prévu pour 2018.

Au centre, on préfère souligner un « effort substantiel dans le contexte de rigueur budgétaire ». Mais Philippe Bonnecarrère (Union centriste) « ose tout de même espérer que durant le quinquennat il sera possible de rénover les équipements et d’augmenter les moyens de fonctionnement. Le ministre de l’Intérieur assure que « des sommes extrêmement importantes » sont prévues pour « rénover à la fois les postes de polices et les gendarmeries » et que les moyens alloués au « plan d’urgence logement » seront « augmentés » dans la gendarmerie.

Gérard Collomb prévoit d'augmenter les moyens du plan d'urgence logement
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Quant au renouvellement du parc automobile, Gérard Colomb fait part d’un objectif de « 3000 acquisitions annuelles ».

Gérard Collomb prévoit 3.000 acquisitions annuelles pour le parc automobile
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Les promesses du gouvernement n’ont toutefois pas suffi à convaincre la commission des lois puisque son rapporteur spécial Henry Leroy a fait part de son « avis défavorable » vis-à-vis du budget proposé par le gouvernement pour la sécurité, tout comme Philippe Dominati pour la commission des finances.

Plus de moyens pour les services d’incendie et de secours

Par ailleurs, les sénateurs se sont inquiétés de « l’évolution des dépenses d’investissement » pour les services d’incendie et de secours : « Le gouvernement ne semble pas avoir pris la mesure de ce problème », déplore Jean-Pierre Vogel (LR). Il lui sera donné raison quelques minutes plus tard avec l’adoption de l’amendement déposé par le sénateur Arnaud Bazin (LR).

Jean-Pierre Vogel à propos de la SDIS : « Le gouvernement pas avoir pris la mesure de ce problème »
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Pour le reste, les revendications des sénateurs n’ont pas été entendues. Gérard Collomb préfère mettre en avant une « augmentation de 1,5% des crédits  par rapport à 2017 »  malgré le « déficit public » et assure que la sécurité est « une des priorités » du gouvernement. « On peut toujours dire que ce n’est pas assez mais c’est quand même, vous l’avouerez, un effort conséquent » a-t-il renchéri.

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