Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».
Selon Nicolas Baverez, « Trump et Bolsonaro considérent “qu’une fois élu, on a tous les pouvoirs” »
Par Louis-Marie Le Béon
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À l’heure où l’Europe comme les Amériques connaissent une vague déferlante de populismes, c’est autour de l’ouvrage « Le monde selon Tocqueville » de Nicolas Baverez que les invités de Livres&Vous se questionnent sur le rapport qu’entretiennent démocratie et dictature.
Pour répondre à cette question, serpent de mer de la philosophie politique, c’est naturellement que l’auteur Nicolas Baverez nous invite à replonger dans l’œuvre du penseur de « De la Démocratie en Amérique » :
« Pour Tocqueville, il y a ce risque de la démocratie despotique […] le suffrage universel ne résume pas la démocratie. Il faut un État de droit, il faut de l’esprit de modération […]. Et c’est tout ce qui est en train d’exploser avec des gens comme Trump, Bolsonaro et les autres, qui disent : l’élection est tout ; une fois élu, on a tous les pouvoirs ! ».
Cette notion d’État de droit, qui pourrait être une réponse d’influence tocquevillienne aux populismes, est toutefois mise à mal chez les jeunes générations en France. C’est ce que note Ariane Chemin, journaliste au Monde et co-auteur de la BD « Benalla & Moi » :
« On vit aujourd’hui dans un moment où par exemple, quand on 20 ans, on voit des images partout de gens en train de se faire tabasser. Ça interroge quand même ! je comprends qu’il puisse y avoir une forme de défiance à l’égard de la démocratie. […] À partir du moment où l’on voit ces images, il y a forcément une défiance. »
Le sénateur Philippe Bas voit dans ce malaise générationnel un éloignement de la démocratie. Il met en cause une trop forte centralisation et cela depuis de longues années :
« Grands cantons, grandes communautés de communes, grandes régions, plus de pouvoir de décision à cause des normes s’appliquant aux élus locaux, financements qui dépendent intégralement et de plus en plus de l’État : La démocratie locale se dessèche. […] Alors il ne faut pas s’étonner que ce soit une sorte de désert démocratique qui se crée, ouvert aux vents mauvais. »
À la tentation du populisme et du despotisme, la Deuxième République avait cédé et basculé en 1852 dans le Second Empire de Louis-Napoléon Bonaparte. Nicolas Baverez nous rappelle que Tocqueville, alors député de la Manche, avait assisté au naufrage républicain :
« Le premier risque pour la démocratie est intérieur et contrairement à ce que l’on peut croire, ce n’est pas le risque de trop de faiblesse, mais le risque de trop de force [qui doit inquiéter] : pour des raisons de sécurité, pour des raisons de protection … et même désormais pour des raisons écologiques, puisque certains expliquent que les mutations à accomplir pour la transition écologique sont tellement importantes […] que seul un pouvoir autoritaire pourrait les conduire. »
Livres&Vous - "Faut-il avoir peur du populisme ?"