Sénatoriales: la République en marche contrainte de la jouer modeste et rassembleuse

Sénatoriales: la République en marche contrainte de la jouer modeste et rassembleuse

La République en marche a revu à la baisse ses ambitions aux élections sénatoriales du 24 septembre et s'active désormais en coulisses pour...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

La République en marche a revu à la baisse ses ambitions aux élections sénatoriales du 24 septembre et s'active désormais en coulisses pour rassembler au-delà de son groupe, afin d'espérer faire adopter les prochaines réformes constitutionnelles.

Le vent d'euphorie des renversantes conquêtes électorales s'est dissipé au sein du parti présidentiel. L'été aura sérieusement modéré ses prétentions sur le Sénat, alors que François Patriat, président du jeune groupe REM au Palais du Luxembourg, fixait encore l'objectif de 50 sénateurs en guise de "fourchette basse" début août.

"J'ai fait la bêtise de donner un chiffre, je n'aurais pas dû dire ça", regrette-t-il désormais auprès de l'AFP. "Il faut déjà reconduire le groupe (29, ndlr) et on veut essayer d'aller plus loin", ajoute-t-il, à deux semaines du renouvellement de 170 sièges.

"Le contexte n'a plus rien à voir par rapport aux législatives. Sur le terrain, il n'y a pas de dynamique En Marche", estime en écho le patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau.

Les ambitions de la REM pâtissent de deux freins.

L'un, structurel, concerne la composition du collège électoral (élus municipaux, départementaux, régionaux...) qui appartient dans l'essentiel "au monde d'avant", dixit un sénateur REM, donc moins sensible au "souffle nouveau" que veut imposer la République en marche.

L'autre, conjoncturel et sans doute plus déterminant, est dû "aux annonces gouvernementales sur les collectivités locales", entre suppression des emplois aidés, mesures d'économie et reprise en main de la taxe d'habitation par l’État.

"Le gouvernement a accumulé une série de gaffes et il a tout fait pour prendre les élus à rebrousse-poil. C'était un vrai concours Lépine", grince ainsi Vincent Capo-Canellas, vice-président du groupe centriste.

- Objectif 3/5e -

Dans ce contexte, la REM est obligée de changer de stratégie en martelant un élément de langage résumé par un proche de M. Macron: "Pour nous, ce n’est pas tellement le groupe estampillé REM qui est important, mais les constructifs qui voteront avec nous" certaines lois.

Car le chef de l’État, qui entend faire adopter d'importantes réformes constitutionnelles d'ici à l'été 2018, a besoin dans cette perspective de s'assurer le soutien des 3/5e de l'Assemblée nationale et du Sénat, soit 555 parlementaires. Si quelque 400 députés devraient lui être acquis (dont 313 REM, 47 MoDem, 35 LR Constructifs), manquent donc près de 160 sénateurs.

François Patriat, président du groupe REM au Sénat, à Verseilles près de Paris,le 3 juillet 2017
François Patriat, président du groupe REM au Sénat, à Verseilles près de Paris,le 3 juillet 2017
POOL/AFP/Archives

En coulisses, les caciques de la REM font donc chauffer la calculette. Le soutien d'une bonne partie du groupe centriste (UDI et MoDem) et du groupe RDSE, tenu à distance par le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard, semble à portée de main, soit un potentiel d'une grosse cinquantaine de sénateurs.

Et chez les socialistes et LR, on s'évertue à appuyer sur les fractures internes.

Le contingent PS (86 actuellement) est "scindé en deux", assure ainsi un sénateur REM. "Une partie, dont le président Didier Guillaume, nous soutiendra à la carte et une autre s'inscrira clairement dans l'opposition", prédit-il encore.

"Des collègues du PS vont rejoindre le groupe (après l'élection)", ajoute un autre parlementaire REM. "A un moment ça va friter dans le groupe PS où il y a toujours eu des réformistes. Cette ambiguïté, ils (les réformistes, ndlr) ne vont pas pouvoir la vivre toute leur vie".

Même tendance chez LR - fort actuellement de 142 sénateurs - où "une partie a l'impression qu'avec l'émergence de Laurent Wauquiez, ils perdent leur âme. Ils ne sont pas dans ce trip +à droite toute+", souligne ce même parlementaire.

Une "quarantaine" de sénateurs, emmenés par Fabienne Keller, pourraient ainsi créer un groupe +Constructifs+, avance ainsi un sénateur REM. Un pronostic douché par un parlementaire LR qui ne les voit "vraiment pas nombreux".

Reste à savoir quelles seront les contreparties pour ces appuis, alors que la réduction du nombre de parlementaires ou le non-cumul des mandats dans le temps pourraient ne pas plaire à tout le monde.

De sources concordantes, l'exécutif pense ainsi à reporter à 2021 les élections municipales et sénatoriales de 2020. Offrant ainsi une année de mandat supplémentaire aux sénateurs et à leurs principaux électeurs.

Dans la même thématique

Sénatoriales: la République en marche contrainte de la jouer modeste et rassembleuse
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Sénatoriales: la République en marche contrainte de la jouer modeste et rassembleuse
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le